John avait pris une cigarette dans le paquet de Shirley et fumait avec elle. Il avait écouté avec attention l'histoire qu'elle venait de lui raconter et essayait d'en tirer des conclusions.
— Peut-être a-t-il voulu dire qu'il se rendait dans une ville ? avança-t-il.
— Dans ce cas, pourquoi utiliser ces mots en particulier ?
— Je ne sais pas.
Ils se turent un moment.
— Peut-être, reprit-elle, que c'est une métaphore ? S'élever en hauteur... pour voir au-dessus des murs... Pour une raison que j'ignore, il se sentait oppressé et il a ressenti le besoin de laisser son esprit prendre du champ, comme lorsque nous étions à l'orphelinat.
— Hum... fit le détective en examinant cette proposition. Oui, c'est une belle explication.
Ils se regardèrent.
— Mouais, fit-elle, saumâtre. Une belle explication qui ne nous mène nulle part, c'est ça ?
Il sourit.
— Je suis désolé, conclut-il.
— Ne le soyez pas. Ce n'est pas de votre faute.
Ils finirent leurs clopes en silence.
— Ou bien, dit le privé, il se rend tout simplement quelque part où il y a un arbre.
— Super. On a plus qu'à chercher du côté de tous les putains d'arbres des États-Unis. J'espère que vous avez une piste, parce que sinon, ça risque d'être long.
— Commençons par interroger les écureuils. Ils ont peut-être vu quelque chose.
Elle pouffa à sa blague idiote. C'était la première fois qu'il la voyait rire.
— Ça fait du bien de vous voir sourire.
— Ah bon ? Bah... Je suppose que la vie doit toujours reprendre le dessus, quoi qu'il arrive. Même dans les situations les plus graves, nous arrivons à dédramatiser. C'est probablement une capacité dont nous a doté la nature pour que nous ne devenions pas fous.
Elle se leva et s'allongea sur le lit.
— Venez avec moi, dit-elle.
— Pardon ?
— Venez avec moi dans le lit.
— Vous êtes sûr ?
— Rhôôô... Vous êtes enquiquinant à la fin. Venez !
Elle se releva, l'attrapa par la main et le traîna sur le lit. Puis, elle s'allongea à ses côtés et se blottit dans ses bras, comme une petite fille.
— Après cette journée, je n'arriverai pas à trouver le sommeil si je reste seule. Trop angoissant. J'ai besoin d'une présence.
— Vous voulez que je vous serve de doudou, en somme ?
— Voilà. Vous serez mon Teddy Bear (1), le temps que je m'endorme. Après, vous pourrez aller dans votre chambre.
Elle se serra contre sa poitrine
— S'il vous plaît, ajouta-t-elle dans un murmure.
Court silence.
— D'accord, dit-il.
— Merci John. Vous êtes un type bien, en fait.
— Ah non, malheureuse, ne dites pas ça. J'ai une réputation à tenir.
Pas de réponse.
— Shirley ?
Il baissa la tête et observa la jeune femme étendue contre lui. Elle dormait déjà à poings fermés.
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Dévoré de l'intérieur [Terminée]
Science FictionComment lutter quand l'ennemi est en vous ? Depuis qu'il a miraculeusement survécu à un crash aérien, Peter McAllister n'est plus le même. Il n'a qu'une idée fixe : aller à l'est... sans savoir lui-même ce que cela signifie. Pour sa sœur, la vedette...