Chapitre 35

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Shirley avait été ramenée dans sa cellule par le même type patibulaire qui l'en avait sortie. Avant qu'il ne l'enferme à nouveau, elle implora :

— Vous n'auriez pas une cigarette ?

Pour toute réponse, il lui lâcha un regard méchant accompagné d'un sourire en coin, avant de fermer la porte.

Trop heureux de me voir en manque, hein, salopard ? pensa-t-elle. Il n'y a pas de petite torture pour les bourreaux-nés.

Elle s'assit sur la couchette et essaya de se concentrer sur une vision mentale agréable, pour détourner son attention du tabac, comme on le lui avait appris durant le séminaire Arrêtez de fumer grâce à l'autohypnose (Cinq mille huit cents dollars pour trois jours de conférences qui lui avaient permis de stopper la clope durant... trois jours).

Elle s'imagina sur une plage de sable blanc, entourée de cocotiers, quelque part sur une île du Pacifique. Le soleil lui caressait chaudement la peau et le clapotis des vagues apaisait son esprit. Un beau surfeur tout en muscle marchait le long de l'océan, sa planche sous le bras. Il était beau.

Elle commençait à se détendre.

Puis le surfeur sortit un paquet de clopes et se mit à en griller une.

Elle émergea de son rêve éveillé.

L'autohypnose ? Tu parles !

Elle était tout à son angoisse, quand la lumière se coupa brusquement, la plongeant dans le noir.

La pénombre était presque totale. Seule la petite ampoule de sécurité au-dessus de la porte était encore allumée, assurant un éclairage minimal. Tout cela était anormal, évidemment, et probablement lié à l'arrivée de Peter.

Que comptait-il faire ? Quel était son but et, surtout, comment le rejoindre ?

Question subsidiaire : allait-elle rester dans le noir longtemps ? C'était une base militaire, elle devait être équipée d'un réseau électrique de secours, comme les hôpitaux. Dans quelques secondes, le groupe électrogène allait se mettre en route et tout reviendrait à la normale...

Elle attendit, mais rien ne se passa durant de longues minutes. Puis, enfin, quelque chose bougea. Un cliquetis se fit entendre au niveau de la porte et Shirley ouvrit des yeux ronds en comprenant ce qu'il venait d'arriver.

Privée d'alimentation, la serrure électromagnétique s'était déverrouillée.

Sans vraiment y croire, elle posa ses mains à plat sur la porte (il n'y avait évidemment pas de poignée de son côté) et poussa. Le panneau coulissa sur ses rails. Elle entrebâilla l'ouverture, juste suffisamment pour jeter un coup d'œil à l'extérieur. La grande pièce sur laquelle donnaient les cellules était un peu mieux éclairée, mais à peine. Elle se glissa hors de sa prison et, ne détectant aucun danger, se dirigea vers la sortie. Elle ignorait encore comment elle réussirait à retrouver Peter et à quitter la base, mais elle trouverait bien une solution une fois dehors.

Elle ouvrit la porte... et tomba nez à nez avec le garde.

Au début de sa notoriété, lorsque les fans avaient commencé à la poursuivre, Shirley avait pris des cours de self-défense, au cas où elle serait tombée sur un de ces idolâtres fou dangereux.

Par bonheur, il en restait quelques réflexes.

Sa jambe droite décolla vers l'avant et son genou alla s'écraser contre les testicules du gardien. Le choc lui coupa le souffle et il ne lâcha qu'un petit cri étouffé. Sous l'effet de la surprise et de la douleur, il tituba vers l'arrière et ne réussit à rester debout qu'en prenant appui sur le mur opposé du couloir.

Dévoré de l'intérieur [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant