FlashBack-1

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⚠️TW: mutilation⚠️

Il était tard, la lune avait prit sa place dans le ciel. Comme toutes les nuits, cette jeune fille était assise en face de la fenêtre de sa petite chambre. Elle n'était pas enfant, mais pas adulte non plus.

La tête baissée vers ses mains, elle sanglotait. Plongée dans l'obscurité, on ne pouvait qu'apercevoir la silhouette sombre que créait son corps. Les quelques voitures passant par là éclairaient sans le vouloir sa petite chambre d'une lueur jaunie.

On pouvait voir la forme de ce qui semblait être un lit ainsi qu'une grande armoire qui menaçait de s'effondrer à tout moment. Les murs de la pièce étaient vierges, pas de dessins, pas de photos, rien. C'était une bien triste chambre pour une jeune adolescente.

Une voiture éclaira furtivement la jeune fille, démontrant de longs cheveux blonds ainsi qu'une simple robe blanche recouvrant son corps. Son visage était caché par sa tignasse jaune, mais on pouvait entendre le bruit de ses pleurs, aussi faible soit-il. Elle ne pouvait pas laisser toute sa tristesse s'exprimer, de peur de réveiller ses parents dormant dans la pièce d'à côté.

Elle se contenait, et ce toute la journée, mais le soir elle laissait ses émotions prendre le dessus. Guidée par sa lame, elle se libérait comme elle pouvait de cette boule de désespoir qui grandissait chaque jour un peu plus dans son estomac.

Le morceau de métal brisait son épiderme, coupant sa jeune chair pourtant déjà bien meurtrie par ses précédents passages. Le sang affluait dans ses veines pour au final s'échapper par la fissure qu'elle venait de créer. Elle avait mal, certes, mais de cette manière elle avait l'impression de pouvoir dompter plus facilement sa tristesse et sa colère quand il le fallait.

Elle recommençait sans cesse, ne trouvant le courage de s'arrêter. Le liquide rougeâtre longeait sa peau excessivement pâle avant de venir s'écraser contre le mouchoir qu'elle avait laissé au sol pour éviter de tâcher le parquet.

Ses larmes firent de même, elles coulaient abondement le long de ses joues pour finir par tomber sur ses cuisses dénudées. Elle en avait marre, elle voulait parler, crier, hurler au monde entier à quel point elle souffrait. Mais elle ne pouvait pas, elle devait rester forte.

Alors elle laissait sa colère se déchaîner sur sa peau, sa lame tranchait sans cesse son corps, y inscrivant une nouvelle marque qu'elle garderait à vie. Ses maux grandissaient, elle y allait encore plus fort. Elle s'empêchait de crier en mordant fortement sa lèvre inférieure, la faisant saigner aussi. Il ne fallait que personne ne l'entende, l'isolation était mauvaise chez elle et le moindre petit cris pourrait alerter quelqu'un.

On pouvait la comparer à un boucher découpant de la viande fraîche, une sadomasochiste en pleine séance de torture.

Mais ça elle s'en fichait, puisque ça l'aidait à se contenir, ça l'aidait à encaisser toujours plus sans réagir.

Sa dernière goûte de sang tomba contre son mouchoir, mettant fin à son rituel du soir.

Elle leva la tête vers sa fenêtre, examinant derrière celle-ci le ciel. Elle aimait regarder le firmament après chacun de ses laisser-aller. Elle était passionnée par les étoiles et quelque part, ces petits points brillants dans le vaste espace noir lui donnaient un peu d'espoir quand elle en avait terriblement besoin.

Elle pensait à toutes ces filles qui se plaignaient de l'autorité de leurs parents, ces petits garçons qui râlaient quand il ne pouvait pas faire ce qu'ils voulaient, et se disait qu'ils ne se rendaient pas compte de la chance qu'ils avaient. Ils ne savaient pas ce qu'étaient de réels problèmes, ils ne savaient pas que leurs plaintes n'étaient qu'insignifiantes face à ses problèmes à elle.

Elle aussi elle aurait voulu se plaindre de ces choses, aussi futiles soient-elles. Elle aurait voulu ne pas connaître le vrai sens de la définition de la tristesse, ni celui de la colère. Elle aurait voulu être insignifiante face à tout ça mais il fallait croire que la vie en avait décidé autrement.

Parfois, elle se demandait pourquoi elle n'aurait pas pu avoir une vie normale, pourquoi elle aurait mérité un enfer pareil. Mais elle préférait ne pas se poser ce genre de question, sachant pertinemment qu'elle ne trouverait jamais de réponse valable. Personne, même le pire être humains sur terre ne le méritait et elle ne le souhaitait à quiconque.

Sans s'en rendre compte, elle avait laissé quelques gémissements résonner fortement dans sa chambre. C'est quand elle entendit le lit de ses parents grincer qu'elle compris son erreur.

Rapidement, elle cacha le mouchoir désormais imbibé de sang sous son lit et envoya valser sa lame sous son armoire. Elle accourut vers son matelas avant de s'y coucher et recouvrit son corps entier de sa couverture.

La poignée de la porte s'abaissa, celle-ci s'entrouvrit dans un grincement aiguë avant de laisser apparaître une forme humaine. La jeune fille agrippa fortement ses dras, appréhendant de savoir qui pouvait bien se trouver à sa porte.

À l'entente de la douce voix brisée de sa mère, la petite se décrispa.

"Lucy, tu ne dors pas? demanda sa maman.

-Jusqu'à maintenant si, lui répondit sa fille d'une petite voix.

-J'ai cru t'entendre pleurer, s'inquiéta sa mère. Ça doit sûrement être la voisine.

-Oui, je l'entend souvent pleurer le soir moi aussi, lui mentit-elle."

La femme blonde d'une quarantaine d'année s'avança vers sa fille, couchée dans son lit. Elle s'assit sur son matelas avant de prendre sa petite protégée dans ses bras. La jeune fille n'hésita pas à faire de même, serrant contre elle le corps frêle de sa mère.

"Maman?

-Oui Lucy?

-Promets moi qu'on va s'en sortir toutes les deux, lui demanda-t-elle, la voix pleine d'espoir.

-Je... je te le promet, bégaya sa mère, essayant elle-même de se convaincre de ses propres paroles."

Blottie dans les bras protecteurs de sa mère, la petite blonde se nourrit d'une pointe d'espoir, songeant alors voir un jour la lumière jaillir dans le sombre tunnel qu'elle traversait depuis la naissance. Elle espérait voir le bout, la fin de son calvaire, de leur calvaire.

Sa maman, elle, cherchait une solution, un moyen de sortir sa fille de cette impasse. Elle donnerait tout pour elle, même sa vie s'il le fallait.

En vérité, donner sa vie pour son enfant elle le faisait déjà. Seule, elle serait sûrement partie mais avec sa fille elle ne pouvait se le permettre. Alors elle encaissait, endurait, et ce bien plus que sa petite protégée. Son corps était affaibli, elle ne mangeait que quelques fois tous les deux jours, léguant tous ses repas à son petit bout de femme. Elle se sentait de plus en plus mal et présageait le pire, mais repoussait cette idée le plus loin possible.

La mère chassa toutes ces pensées sombres de son esprit avant de déposer un baiser sur le crâne de sa fille, laissant au passage une de ses mains s'aventurer dans les longs cheveux blonds de son enfant qui ressemblaient tant aux siens.

"-Je t'aime ma chérie, lui susurra tendrement sa mère.

-Moi aussi je t'aime maman, répondit tout aussi doucement sa fille."

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Un Jeu MalsainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant