31-So Lonely

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4h00 du matin, et je n'arrivai déjà plus à dormir. Réveillée par un de ces cauchemars quotidiens, je tournai en rond dans mon lit depuis déjà une bonne trentaine de minute. J'étais exténuée, et pourtant je n'arrivais plus à m'endormir.

Mes pensées, comme à leur habitude, s'étaient égarées. Animée par un mélange de souvenirs me tenant éveillés, je repassai ce dont était faîte ma vie depuis ma plus tendre enfance.

Conclusion de ces trente minutes: elle était absolument merdique. Et encore, je mâchais mes mots.

Durant une courte période, je désirais encore me battre pour faire quelque chose de moi, de ma propre vie, néanmoins il fallait croire que mon existence même était vouée à l'échec.

Chaque jour, je me perdais un peu plus dans cet élan de mélancolie. Mes gestes devenaient monotones, aucune envie, aucune passion ne grésillait à l'intérieur de mon corps. Les jours étaient terriblement longs et les minutes paraissaient durer des heures. J'avais l'impression que le court du temps s'était ralenti.

Même si, quand je suis avec mes amis, j'ai l'air d'une fille souriante quoi qu'un peu râleuse, tout ceci n'est qu'un masque. Au fond j'étais vide. J'avais trop pleuré pour éprouver de la tristesse. J'avais trop reçu de coup pour pouvoir ne serait-ce que les sentir. Je devenais trop pessimiste pour pouvoir cerner un petit instant de joie, de bonheur. Tout était fade, sans couleur, sans chaleur, sans force, sans faiblesse, sans sensation. J'étais vide, au sens propre comme figuré.

Et pour couronner le tout j'étais seule, horriblement seule. Les idées noires habitaient une importante partie de mon esprit, grandissant de jour en jour.

J'étais simplement devenue une âme perdue, errant seule, comme invisible face aux autres.

Si, j'avais tout de même une émotion qui m'animait constamment. La haine. J'éprouvais une haine surdimensionnée envers l'espoir. Ce fichu état d'âme qui te fait croire qu'un jour peut-être, ta vie sera meilleure, alors que ceci n'est qu'un ramassé de mensonge. On ne pouvait pas effacer son passé, quoi que l'on fasse, quoi qu'il arrive, il nous poursuivrait. Il nous forgerait et ferait de nous ce que nous étions aujourd'hui.

Pour certain le résultat final était positif, une personne heureuse, une vie banale mais pourtant plaisante, le minimum qu'un homme puisse rêver d'avoir. Mais pour d'autre, comme moi, nous étions des cas désespérés. Il était impossible de nous rattraper, nous avons tellement été détruit qu'il ne nous restait plus aucun fondement pour pouvoir nous reconstruire. Pourtant, nous n'étions pas faible, mais nous sombrions, ne réussissant plus à nous contrôler nous même. Nous étions spectateur de notre propre vie que nous observions tomber un peu plus en lambeau chaque jour, le visage neutre.

Nous étions vide. Plus d'émotion, plus de sentiment. Juste du vide.

Je pris une grande respiration avant d'essayer de fermer mes paupières une énième fois. Après insistance, je sentis mes muscles se relâcher et mes pensées devenir de plus en plus floues, pour au final me laisser tomber dans l'inconscience du sommeil.

Ellipse, 9 A.M

La lumière aveuglante du soleil vint m'agresser de bon matin, me faisant lâcher un long grognement. Je baillai bruyamment puis frottai mes yeux à l'aide de mes paumes. Les souvenirs de cette dure nuit, devenue habituelle, me revinrent. Ces épisodes de déprime me traversaient de plus en plus fréquemment, ce qui était assez inquiétant.

Déjà blasée par la journée qui s'annonçait, je partis en direction de ma salle de bain afin de prendre une bonne douche chaude. Tâche faites, je me vêtus d'habits choisis au hasard, un sweat noir et un jean, avant de prendre mon sac à dos puis de quitter mon appartement sans prendre la peine de déjeuner. J'avais besoin de prendre un peu l'air et de marcher, alors même sans destination précise, je me mis à parcourir lentement les rues de Magnolia.

Un Jeu MalsainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant