2. New Beginning

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"A friend is one that knows you as you are, understands where you have been, accepts what you have become, and still, gently allows you to grow."

William Shakespeare

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Yaël

Je n'étais pas en train de l'espionner. Je savais qu'il habitait toujours à Oxford, et je me doutais qu'il étudiait désormais dans la prestigieuse université de notre ville, et enfin je savais aussi qu'il aimait le foot, ça avait toujours été le cas. Mais le voir ici, devant moi, en train de passer les sélections pour l'équipe de football d'Oxford n'avait été qu'un pur hasard.

J'étais simplement venu m'installer en haut de ses gradins pour m'adonner à une de mes passions, le dessin. Le temps était encore agréable en ce mois de septembre et le grand air m'inspirait. Le monde continuait de tourner autour de moi tandis que je me plongeais dans mes pensées et laissais libre cours à mon crayon de papier. Cependant, cette fois-ci, un brouhaha provenant du terrain avait attiré mon intention. Alors que j'avais redressé la tête vers la source du bruit, mon regard était tombé sur lui. Swann Nelson.

Six ans que je ne l'avais pas vu. Six ans que je me demandais ce qu'aurait pu être notre amitié si tout n'avait pas basculé.

Le revoir m'avait fait un choc, il avait à peine changé. Mon monde s'était arrêté de tourner lorsque ses yeux avaient croisé les miens, ils avaient toujours la même couleur, ce bleu intense qui me faisait dire que je n'avais toujours pas réussi à enterrer mes sentiments. Pourtant j'avais toujours su qu'il n'y aurait jamais rien de plus que de l'amitié entre nous, et j'avais fini par me faire une raison.

Bien sûr, j'avais prévu de reprendre contact, mais je voulais le faire petit à petit. Je n'avais aucune idée de sa réaction lorsque nous allions nous retrouver, mais je parierais plutôt sur de l'ignorance ou du mépris. En tout cas c'était dans ce contexte là que nous nous étions perdu de vue il y a plus de six ans maintenant. Pourtant, je ne l'avais jamais oublié et mon souhait le plus cher était de renouer un lien. Mais pas comme ça, pas au bord d'un terrain de foot avec tous ses nouveaux potes autour de lui, surtout Hugo Maxwell qui, lui, était toujours là et qui tenait la place de meilleur ami que j'avais autrefois occupé. Je ne comprenais toujours pas pourquoi Swann était allé se lier d'amitié avec un type aussi détestable.

Alors qu'une grande brune s'était jetée à son cou, j'avais préféré éviter de me faire un peu plus de mal en rassemblant mes affaires pour partir au plus vite. Au fond, je ne savais même pas ce que j'attendais de Swann exactement. Certainement des réponses, principalement. En tout cas je voulais au moins discuter, prendre de ses nouvelles, être sûr qu'il aille bien et, éventuellement, redevenir l'ami que j'avais été.

Je n'étais pas revenu pour lui, j'étais revenu pour mes études. Mais j'étais certain qu'on pouvait essayer de renouer un lien. Mon ami me manquait.

Je sortis de mes pensées lorsque le bus s'arrêta à mon arrêt. Je récupérai mon sac et descendis du véhicule. Dix minutes de marche me séparait de notre petite maison, modeste mais familiale. Cela faisait trois semaines que nous étions revenus, mais ça me faisait toujours bizarre de retrouver ma maison d'enfance. En effet, après six ans passés en France, nous avions pu récupérer la maison que nous occupions avant notre départ. A part quelques changements de décoration, elle était telle qu'on l'avait laissée, fidèle à mes souvenirs.

Si nous étions partis, c'était parce que mon père s'était vu offrir un poste qu'il ne pouvait pas refuser. Il était professeur, et lorsqu'on lui avait proposé de venir enseigner l'anglais à l'université de la Sorbonne, à Paris, il n'avait pas pu faire autrement que d'accepter. Enseigner en France avait toujours été son rêve.

FALLINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant