18. I'm Fine

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"Un homme est bien fort lorsqu'il s'avoue sa faiblesse."

Honoré de Balzac

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Yaël

D'un geste lent et automatique, je rassemblai mes affaires et les rangeai dans mon sac. Visiblement il était temps que je rentre chez moi, en tout cas c'était ce que pensais ma supérieure, et ce même si, techniquement, je n'avais pas fait toutes mes heures.

- Salut ! Je viens rendre les livres que j'ai emprunté la dernière fois.

Je sursautai et me retournai d'un geste vif pour faire face aux yeux noisettes de Joyce. Je ne m'attendais pas à ce que quelqu'un se présente au bureau, la dernière fois que j'avais fais le tour du lieu, la bibliothèque était plutôt déserte aujourd'hui. Et puis je ne l'avais pas entendu arrivée. Cependant je ne lui en tins pas rigueur et me rapprochais du comptoir.

- Tu vas devoir demander ça à madame Reece, lui appris-je. Moi j'ai fini mon service et je crois qu'elle ne veut plus que je m'approche du logiciel informatique pour aujourd'hui.

Le sourire de Joyce s'effaça légèrement alors qu'elle fronçait les sourcils.

- Mais je croyais que tu travaillais jusqu'à la fermeture le jeudi. Elle t'a pas viré quand même ? Si c'est ça, laisse-moi aller lui dire deux mots !

Un sourire amusé au coin des lèvres, je passai rapidement mon bras par dessus le comptoir de l'accueil pour retenir Joyce avant qu'elle ne fasse un scandale injustifié. Au moins, mon amie avait réussi à me faire sourire.

- Ne t'emballe pas, elle ne m'a pas viré, soufflai-je. Elle m'a juste conseillé de rentrer chez moi plus tôt parce que je faisais n'importe quoi. Visiblement je ne serais pas assez concentré, et trop lent à traiter les demandes des étudiants. Et peut-être que j'ai aussi planté le logiciel de la bibliothèque, snober quelques étudiants, tout en passant mes nerfs sur un pauvre première année indécis qui me faisait perdre monde temps. Enfin bref, je crois qu'elle a raison, il vaut mieux que je rentre chez moi avant de réellement me faire virer.

- Pourtant tu restes toujours très professionnel quand tu travailles, remarqua Joyce. Enfin je ne t'ai jamais vu t'importer ici à la bibliothèque contre qui que ce soit.

- Je sais bien mais je te l'ai dit, je ne suis pas concentré. J'ai plein de choses en tête et j'ai fini par exploser sur ce pauvre gars qui était là au mauvais endroit au mauvais endroit. Je crois que je l'ai traumatisé.

J'essayais de détendre l'atmosphère, de prendre ça à la légère pour relativiser et ignorer les sourcils froncés et le regard inquiet de Joyce. J'aurais aimé détourner son attention et ne pas subir ses interrogations maintenant. Malheureusement, mon amie était têtue et difficilement manipulable, donc son air concerné ne la quittait pas. Je ne trompais personne, de toute façon, je n'allais pas bien.

- Qu'est-ce qui se passe, Yaël ? lança-t-elle alors d'un souffle. Quelque chose ne va pas, je le vois. C'est à propos de Swann ?

Je sursautai presque à l'entente de son prénom. C'était comme un choc électrique. Un douloureux choc électrique puisqu'il m'ignorait depuis quelques jours, continuant sa vie, en prétendant que je n'existais pas.

FALLINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant