30. So Close Yet So Far

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"La tristesse vient de la solitude du coeur."

Montesquieu

♠️♠️♠️

Yaël

Deux semaines. Deux semaines étaient passées depuis cette confrontation entre Swann et moi sur le seuil de ma maison. Deux semaines depuis que nous nous étions parlés pour la dernière fois. Deux semaines que nous avions... rompus ?

Je ne savais même pas si nous pouvions appeler ça une rupture. Parce que je ne savais pas si je pouvais appeler ce que nous avions un couple. Je ne savais pas si ce que nous avions était officiel, si Swann me considérait comme son copain. Probablement pas, et j'aurais dû m'y attendre, j'aurais dû savoir que c'était voué à l'échec, ou en tout cas que notre temps était compté.

Après tout, c'était inévitable. Nous nous étions rien promis, simplement d'essayer. Et Swann était encore trop apeuré pour s'engager pleinement, et surtout pour ne pas s'enfuir dès qu'il en avait la possibilité, dès qu'il voyait se profiler des complications. C'était prévisible.

Mais ça ne faisait pas moins mal. Et même si je ne savais pas si le mot rupture était approprié, ça y ressemblait néanmoins beaucoup de mon côté. Les quelques moments passés avec lui, les quelques baisers volés que nous nous étions échangés avaient suffit à me rendre accro et à créer ce manque qui me perforait le ventre maintenant qu'ils m'avaient été retirés. Je m'étais peut-être un peu trop plongé dans cette relation étrange, j'étais peut-être tombé un peu trop vite, je m'étais ramassé au sol et maintenant je ne pouvais que le regarder continuer sa vie de loin tandis que lui prétendait à nouveau que je n'existais pas. Comme si ça ne lui faisait rien. Comme si ça ne le touchait pas.

Tandis que moi, ça faisait deux semaines que je errais comme un zombie à ramasser les morceaux de mon coeur qui s'était brisé suite à ses paroles. C'était peut-être un peu excessif comme réaction au vu de la courte durée de notre relation, mais cela faisait tellement d'année que j'avais des sentiments pour lui que s'en était encore plus douloureux. Parce que j'avais eu l'occasion de toucher du doigt ce que j'avais toujours voulu, j'avais eu un aperçu de ce que pourrais être une relation, et pourquoi un avenir, avec Swann.

Mais maintenant tout m'avait été retiré. Alors que j'en voulais encore. J'en voulais plus. Mais je n'avais rien d'autre que son absence et son manque. Sa présence auprès de moi me manquait, sa main dans la mienne me manquait, son regard bleu azur posé sur moi me manquait, ses lèvres douces et la passion de ses baisers me manquaient.

J'aurais tellement voulu qu'il ait la force de continuer, qu'il ait la force d'essayer plus fort. Parce que j'étais certain que tout n'était pas perdu. Mais sa peur le paralysait. Sa peur nous paralysait.

Je crois que ce qui me rendait le plus triste était la façon dont ça venait de se terminer. A cause de simples soupçons et de la crainte qu'avait Swann d'être exposé alors qu'il n'était pas encore prêt. Et je comprenais ça, je comprenais pourquoi il voulait que personne ne sache, pourquoi il voulait qu'on reste cachés. Mais c'était difficile de le voir contraint de s'éloigner alors qu'il n'en avait même pas envie. Je le savais. Je le sentais.

Il avait tenté de le cacher, de cacher ses yeux brillants et ses tremblements mais, malgré la colère qui s'était emparé de mon corps et de mon coeur à cet instant, j'avais senti qu'il se pensait obligé de mettre fin à ce que nous avions. Parce qu'il se sentait menacé.

FALLINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant