"Protéger qui vous aime, donner le nécessaire à qui vous donne les étoiles, il n'est rien de plus doux."
Victor Hugo
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Swann
Les mains appuyées sur le meuble en marbre de ma salle de bain, je fixai mon reflet dans le miroir. J'avais l'air d'un fantôme. J'étais blanc, mes cheveux partaient dans tous les sens, mes yeux étaient rouges et gonflés, peut-être parce que je m'étais laissé aller à pleurer alors que je prenais ma douche, quelques minutes plus tôt, laissant mes larmes se confondre avec l'eau qui ruisselait sur mon visage et mon corps. Quant à ma joue, elle aussi était rouge et une coupure nette surplombait ma pommette. C'était la chevalière de mon père qui m'avait blessé sous le coup de la gifle, signe de la puissance et la violence de l'impact. Je ne ressemblais plus à rien.
Et je ne savais pas quoi ressentir non plus. Je crois que, après les quelques larmes versées dans la douche, je n'avais plus rien à fournir. Je me sentais juste vide. J'étais fatigué et je n'avais plus la force d'être en colère, déçu ou triste. C'était ça que je devrais ressentir pourtant. Mais il n'y avait plus rien, ça n'en valait pas la peine. Après que mon père m'a donné son point de vue sur la situation, je savais qu'il n'y aurait rien que je puisse dire ou faire qui le fera changer d'avis.
Alors désormais je voulais simplement m'enfoncer sous mes couvertures et dormir le plus longtemps possible afin d'oublier cette journée catastrophique, cette semaine catastrophique. Et ce que j'aimerais aussi par-dessus tout, c'était de pouvoir me blottir dans les bras de Yaël, de me fondre dans son étreinte. Parce qu'après les deux heures que je venais de passer, il n'y avait que lui dont j'avais besoin. Il n'y avait que lui qui pourrait arrêter les méandres bruyants de mes pensées, il n'y avait que lui qui pourrait me convaincre que je n'étais pas un minable ou une cause perdue.
J'avais bien compris que c'était ce que pensait mon père. Un minable, une cause perdue, un moins que rien, un gamin insolent qui ne faisait jamais ce qu'on lui demandait, un gamin capricieux qui n'était là que pour gâcher la vie du politicien Dave Nelson, la rendant bien trop compliquée. Un gamin bien trop influençable puisque visiblement je n'étais pas capable de prendre mes propres décisions et que le maléfique Yaël Stevens avait réussi à me manipuler. Un gamin gênant et pathétique. Une honte.
Je poussais un soupir et m'observait un peu plus à travers ce grand miroir. Peut-être qu'il avait raison. Parce que le garçon que je voyais là, en face de moi, ne m'inspirait pas confiance. Avec ses cernes, ses cheveux en pétard, son regard vide et bouffi, ses vêtements débraillés, ses mains tremblantes sur la console en marbre, il me paraissait bel et bien pathétique.
Même si je ne voulais pas le croire, même si je voulais penser qu'il ne me connaissait pas assez pour me juger, c'était difficile de me détacher de tout ce qu'il essayait de me mettre dans le crâne. La seule chose qui me faisait prendre du recul et me faisait réaliser qu'il ne racontait que des conneries était la façon dont il avait parlé de Yaël. Tout ce qu'il avait dit, tous les noms avec lesquels il l'avait qualifié, moi je savais que ce n'était pas lui. C'était lorsqu'il s'en prenait à Yaël que je comprenais que c'était bien mon paternel le problème, pas moi.
Du bruit venant de mon balcon me fit sortir de mes pensées, attirant mon attention. Je fronçai les sourcils et quittai ma salle de bain en direction de ma baie vitrée que j'ouvris. C'est alors que je tombais sur Yaël qui essayait d'escalader mon balcon. Les yeux plissés, je le regardais faire comme si j'avais un extraterrestre devant moi, circonspect. Je ne savais pas si je devais m'inquiéter de sa décision ou exploser de rire. Je lui reconnaissais au moins le don de me divertir.
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FALLING
Romance♠️ Tome 1 saga FALLING Swann Nelson pourrait cocher toutes les cases du héros cliché à la vie parfaite, apprécié de tous et populaire. Étudiant dans la prestigieuse université d'Oxford en Angleterre et capitaine de son équipe de foot, Swann est bril...