31. Pretending

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"Je fais semblant. De sourire, d'écouter, de répondre aux questions. Tous les jours j'attends un signe, un geste"

Guillaume Musso

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Swann

Je passai une main sur mon visage et laissai échapper un lourd soupir. Il faudrait bien que je me décide à me lever, même si je n'en avais aucunement envie. Allongé sur mon lit, mes yeux fixant le plafond comme s'il allait miraculeusement m'apporter toutes les réponses à mes questions, je ne trouvais rien d'autre à faire que de ruminer. Ressasser sans jamais m'arrêter les évènements de ces derniers jours, et tout ce qu'il s'était produit depuis deux semaines.

J'en avais assez. J'étais fatigué. Fatigué de jouer un jeu pour lequel je n'acceptai pas les règles, fatigué de prétendre être quelqu'un d'autre, fatigué de sourire et de faire croire à tout le monde que j'étais heureux alors qu'il y avait ce creux sombre qui grandissait dans mon ventre, ce vide que je ne pouvais plus combler et qui me faisait souffrir à chacune de mes respirations.

Tout ce dont je rêvais de faire à cet instant, plutôt que d'affronter ce monde de faux semblants dans lequel je devais évoluer, était de rester caché dans mon lit, roulé en boule sous ma couette. Je voulais ignorer tout ce qui m'entourait.

Je n'avais pas envie d'aller en cours. Je n'avais pas envie de faire semblant. Je n'avais pas envie de voir ceux qui prétendaient être mes amis mais qui ne se rendaient pas compte que cela faisait deux semaines que j'étais une épave. Je n'avais pas envie de faire comme si ces études m'intéressaient ou comme si elles m'apporteraient quoi que ce soit. Je n'avais pas envie de sourire. Et surtout, je n'avais pas envie de le voir au détour d'un couloir, de sentir ses yeux tristes se poser sur moi, de sentir sa présence près de moi sans plus pouvoir le toucher. Ça faisait trop mal.

Je n'avais pas envie d'aller en cours. Mais je n'avais pas le choix. Je ne pouvais pas sécher sinon ce serait mes parents qui me tomberaient dessus. Et je n'avais définitivement pas envie non plus qu'ils me prennent la tête en ce moment. Je ne voulais pas qu'ils en rajoutent, même si je savais que ça me pendait au nez.

J'avais déjà beaucoup trop de choses en tête pour penser à leur petite obsession à propos de mes fréquentations et le contrôle qu'ils espéraient exercer sur ma vie.

Je poussai un grognement et quittai à contrecoeur mon lit. D'un geste automatique, je récupérai des vêtements et me dirigeai vers ma salle de bain. Je me brossai les dents et me glissai sous la douche, laissant l'eau réveiller mon corps et détendre mes muscles. J'essayai de profiter de cet instant pour me vider la tête mais c'était trop difficile. J'avais ce poids sur mes épaules dont je ne parvenais pas à me défaire.

Dans un soupir, j'appuyai mes poings contre le carrelage devant moi et posai mon front contre ces derniers en fermant les yeux. Cela faisait des jours que je dormais mal et j'étais épuisé. J'étais triste et j'avais même cette pathétique impression d'être désespéré. Tout tournait en boucle dans ma tête, tellement de questions dont je ne parvenais pas à obtenir de réponses. Tout ce que je récoltais de ces questionnements incessants étaient des migraines et des vertiges. Je ne savais plus quoi faire, je ne savais plus ce quoi était bien ou mal, ce qui était mieux pour moi, ni quels sacrifices en valait plus la peine.

Je ne pouvais m'empêcher de me demander si j'avais pris la bonne décision. Il me suffisait d'apercevoir Yaël de loin pour ressentir sa tristesse et le voir dans cet état me retournait le ventre. C'était aussi pour ça que je ne supportais pas de rester trop longtemps près de lui, je ne supportais pas sa tristesse. Tout d'abord parce qu'elle me brisait le coeur et ensuite parce qu'elle faisait tellement écho à la mienne que ça me mettait mal à l'aise, torturant un peu plus mon esprit et mon coeur, me donnant presque la nausée.

FALLINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant