13. Closer

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"Vivre, c'est naître lentement. Il serait un peu trop aisé d'emprunter des âmes toutes faites !"

Antoine de Saint-Exupéry

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Yaël

Debout derrière le bureau d'accueil de la bibliothèque, je contrôlai les livres qu'un élève venait de rendre pour être sûr qu'ils soient en bon état avant de les poser sur un petit chariot qui se trouvait derrière moi. J'irais les ranger plus tard.

Lorsque je me retournai, je sursautai presque en apercevant Joyce penchée vers moi, les avant-bras appuyés contre le bureau d'accueil et un grand sourire aux lèvres. Je savais qu'elle était à la bibliothèque puisque je l'avais vue entrer et que nous avions parlé quelques secondes avant qu'elle n'aille chercher ses livres, mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle revienne aussi vite, et encore moins aussi silencieusement.

Joyce pouffa, certainement satisfaite de m'avoir surpris, avant de faire glisser ses livres jusqu'à moi. Je les attrapai et commençai à taper les codes sur l'ordinateur pour les inscrire en tant que livres empruntés. Il y en avait trois et, de ce que je voyais, il n'avaient rien à voir les uns avec les autres. J'avais entre les mains un livre sur la littérature Américaine, un ouvrage sur la psychologie de l'enfant et un roman de science-fiction. Joyce avait définitivement des goûts éclectiques.

- Quoi ? Tu essayes de faire mon profil en fonction des livres que j'emprunte ? demanda-t-elle, amusée, alors qu'elle me voyait froncer les sourcils. Alors, ça dit quoi ?

- J'ai beau essayer, je ne vois rien, répondis-je en rentrant dans son jeu. Je crois que vous avez une personnalité beaucoup trop complexe, mademoiselle Porter.

- Je prends ça comme un compliment, répliqua-t-elle dans un sourire.

Je ris avec elle en lui faisant repasser les livres. Je pensais qu'elle allait repartir après un dernier au-revoir mais, au lieu de ça, Joyce resta immobile, se contentant simplement de regarder derrière elle pour s'assurer qu'aucun autre élève n'attendait mon aide. Lorsque mon amie reporta son regard sur moi, elle arborait son air malicieux et curieux qui ne me disait rien de bon. Joyce se pencha un peu plus au dessus du comptoir en se mordillant la lèvre. Elle attendait quelque chose de moi, mais j'étais incapable de savoir ce que c'était.

- Au fait, Yaël, tu ne m'as jamais dit si tu avais bien reçu les photos que je t'ai envoyées, lança-t-elle finalement. Tu sais, celles que j'ai prise le jour où Swann et moi avions dû assister au gala de son père.

Je haussai les sourcils en comprenant qu'il s'agissait de ça. Pourquoi me parlait-elle de ces photos ? Je poussai un léger soupir avant de répondre, tout en rangeant distraitement mon bureau pour m'occuper les mains.

- Oui, Joyce, j'ai bien reçu tes photos. D'ailleurs une des trois était mal cadrée. Je crois que la photographie n'est vraiment pas un domaine pour toi.

- C'était pour que tu ne vois que Swann ! se défendit-elle. Pour que tu puisses voir de près à quel point il était beau et élégant.

Je relevai la tête d'un geste vif et plantai mon regard dans celui de Joyce, il brillait toujours autant, comme ceux d'une enfant qui s'apprêtait à faire une bêtise.

- Pourquoi tu m'as envoyé ces photos, exactement, Joyce ? demandai-je, suspicieux.

- Je te l'ai dit, pour que tu aies l'occasion de voir Swann dans son magnifique costume. Je t'ai rendu un service, Yaël. Tu ne vas pas me faire croire que ça ne t'a pas plu de voir Swann dans cette tenue.

FALLINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant