39. Killer Eyes

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"La jalousie ne permet jamais de voir les choses telles qu'elles sont. Les jaloux voient le réel à travers un miroir déformant qui grossit les détails insignifiants, transforme les nains en géants et les soupçons en vérité."

Miguel De Cervantes

♠️♠️♠️

Swann

Les bras croisés contre mon torse, j'avançai silencieusement en essayant de faire abstraction des conversations autour de moi. Nous n'étions plus qu'à quelques pas de l'entrée de la boîte de nuit que Joyce avait choisie. Nous y passerons la soirée ensemble, entre amis – enfin c'était ce qu'elle avait dit, mais pour l'instant je me sentais plutôt mis à l'écart.

J'avais même carrément l'impression d'être de trop puisque personne ne faisait attention à moi et que les quatre personnes qui m'accompagnaient étaient dans leur propre petite bulle. En effet, Joyce et Austin, qui venaient fraîchement d'officialiser leur relation, n'avaient d'yeux que pour l'un et l'autre. Quant à Camille et Yaël, ils étaient incroyablement proches, trop proches, échangeant des messes basses, des sourires et des paroles qui semblaient être hilarantes si on en croyait le rire de Yaël qui s'élevait à mes côtés toutes les deux minutes. Un rire dont je n'étais pas à l'initiative.

Je poussai un grognement de frustration. Je détestais cette situation, et j'étais à deux doigts de rentrer chez moi. Mais je ne pouvais pas. Parce que fuir cette simple sortie servirait simplement à prouver à Yaël que je n'étais pas quelqu'un sur qui il pourrait compter. Et puis il n'y avait aucun moyen pour que je laisse Yaël seul avec Camille. Je n'avais pas confiance en la façon dont il le regardait. Alors je restais.

Ce fut bientôt à notre tour de rentrer à l'intérieur du bâtiment. Je m'avançai en premier et attendis que les autres aient déposé leurs affaires aux vestiaires avant de chercher un endroit où nous pourrions nous poser. Il y avait déjà beaucoup de monde, le bar était pris d'assaut et la piste de danse était déjà remplie de danseurs et herbes et de tentatives de flirt.

J'arrachai mes yeux de cette vision et guidai mes amis alors que nous montions quelques marches jusqu'à atteindre une table. C'était à ça que je servais finalement, que l'argent de mon père servait plus précisément, à nous trouver une bonne table et à commander autant de boissons que nous voulions.

Cette boîte, le Neon Moon, je la connaissais. Parce que j'y étais déjà venu avec Joyce mais aussi et surtout avec Hugo et l'équipe de foot. J'espérais d'ailleurs que celui que j'avais pris pour mon meilleur ami ne se soit pas décidé à passer sa soirée au Neon Moon aujourd'hui mais je me consolais avec le fait qu'ils avaient récemment trouvé une boîte qu'ils considéraient plus "branchée" pour assouvir leur besoin de débauche.

Je tentai alors de me détendre et pris place à côté de Joyce, elle-même installé aux côtés d'Austin. Malheureusement, je devais supporter le joyeux petit couple devant moi puisque Camille me faisait face tout en étant bien trop collé à Yaël pour se rendre compte de ce qui l'entourait. Inconsciemment, ma mâchoire se serrait. C'était à se demander s'il ne cherchait pas à s'asseoir sur ses genoux. Est-ce qu'il était réellement obligé de se cramponner à lui de cette façon ?

Je détournai le regard, irrité, et me concentrai davantage sur les boissons que nous avions récupérées, prenant une longue gorgée jusqu'à ce que je ressente cette brulure au fond de ma gorge. Je n'avais pas l'intention de me saouler, j'avais déjà donné ces derniers temps, et il était préférable que je ne fasse pas une mauvaise impression auprès de Yaël. Alors je ferais attention, pas plus d'un verre, mais j'avais aussi besoin d'un peu de courage pour supporter la vision qui s'étalait devant moi.

FALLINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant