11. Complicity

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"Mais au fond, il n'y a pas d'amis, il n'y a que des complices. Et quand la complicité cesse, l'amitié s'évanouit."

Pierre Reverdy

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Yaël

Les mains dans les poches, je regardais ces enfants évoluer sur le terrain, même si je devais bien admettre que mes yeux se concentraient davantage sur une joueuse en particulier, ma petite sœur. J'avais quitté les tribunes et me tenais désormais debout devant les barrières pour mieux la voir. Je n'y connaissais rien en football, mais je savais qu'elle jouait bien, vraiment bien.

Cela faisait une heure que je me tenais là, à ne rien faire d'autre que regarder cet entraînement. Mais ce n'était pas grave, j'avais l'habitude. Nous étions mercredi, et le mercredi avait lieu l'un des deux entraînements que Selia avait par semaine. C'était souvent ma mère qui l'accompagnait, mais j'essayais au maximum de me rendre disponible pour ma petite soeur. Parce que ça nous faisait plaisir à tous les deux, Selia adorait me montrer ses entraînements et ses progrès, tandis que moi j'adorais voir ma soeur jouer. J'étais fier d'elle.

Sur ce terrain, elle était dans son élément. Il n'y avait aucun doute sur le fait que le football était fait pour elle, comme il n'y avait aucun doute sur le fait que c'était sa passion. Elle était tellement heureuse et épanouie lorsqu'elle avait un ballon au pied. C'était beau à voir, et ça me rendait heureux. Ma soeur était la prunelle de mes yeux, je donnerais tout pour qu'elle se sente tous les jours aussi joyeuse que lorsqu'elle jouait un match de foot.

Je retins ma respiration lorsque ma soeur, qui évoluait au poste d'attaquante, s'approcha dangereusement des buts puis poussai un cri qui attira l'attention du coach lorsque le ballon se retrouva au fond du filet. Je levai deux pouces en l'air en direction de Selia qui s'était retournée pour voir ma réaction. Néanmoins je me calmai lorsque je croisai le regard du coach. Il commençait à me connaître et savait que, parfois, j'avais tendance à laisser un peu trop ma joie s'exprimer. Il n'avait rien contre ma présence, ni sur le fait que je les encourage, mais il m'avait déjà demandé de me calmer pendant les entraînements, et ce à plusieurs reprises.

Je levai mes deux mains devant moi en signe d'excuses, alors que je voyais Selia rire un peu plus loin, avant que le match ne reprenne son cours. Nous avions entamés la deuxième partie de l'entraînement, après les échauffements et les exercices, venait le temps des matchs. Les enfants étaient alors séparés en deux groupes, deux équipes qui s'affrontaient sur le terrains.

Tentant de me faire plus discret, je continuais de regarder le match avec concentration lorsque je sentis une présence s'avancer derrière moi. Pensant qu'il s'agissait simplement d'un parent, je n'y prêtais pas tout de suite attention. Ce fut lorsque je sentis cette personne tout près de moi que je me décidais à tourner la tête. J'écarquillai les yeux instantanément, plus que surpris de le trouver là.

Swann se tenait à mes côtés, les mains dans les poches et le regard rivé sur ses chaussures. Je l'observai quelques secondes, il semblait hésitant, presque vulnérable. Il se balançait d'un pied sur l'autre et ses lèvres étaient pincées, c'était comme s'il ne savait pas bien comment se comporter. Ça tombait bien, quand il s'agissait de lui, je ne le savais pas non plus.

- Qu'est-ce que tu fais là ? demandai-je finalement.

Mon ton n'était pas sec ou hautain, j'étais simplement curieux de connaître les raisons de sa présence ici, surtout quand on savait qu'il faisait tout pour m'éviter depuis maintenant une semaine et demie. En effet, depuis la soirée d'Hugo, il était partout où je n'étais pas et prenait bien soin de ne pas croiser mon chemin.

FALLINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant