"Ce n'est pas tant l'aide de nos amis qui nous aide que notre confiance dans cette aide."
Epicure
♠️♠️♠️
Yaël
Les yeux rivés sur cette page de mon carnet, j'observai un instant mon travail. Les sourcils froncés et mon crayon à la main, j'arrangeai quelques détails. J'avais passé plusieurs heures sur ce dessin et la feuille autrefois blanche était désormais noircie de traits de crayon jusqu'à révéler l'esquisse d'un visage.
Concentré, je repassai quelques traits pour accentuer un peu les contours et les ombres, approfondir les nuances pour rendre ce visage un peu plus réaliste. Je redessinai les détails de ces yeux légèrement en amande et tentai de redonner à leur iris cet éclat enfantin. Je passai ensuite à ces lèvres fines dont je fis un peu plus ressentir l'arc de cupidon avant d'ombrer les contours de son visage, sous ces pommettes mises en valeur. Un dernier coup de crayon sur cette mâchoire saillante avant de prendre du recul sur ce croquis, reculant ma tête pour que je puisse mieux voir le dessin dans son intégralité. Ce n'était pas encore parfait, mais j'étais plutôt satisfait.
Ce qui me donnait le plus de fil à retordre dans cette esquisse étaient les yeux. Il s'agissait pourtant de ce que je préférais dessiner car on pouvait leur donner toute une palette d'émotions. Mais, ici, j'avais beau tenter de les reprendre, de m'y attarder, de leur donner l'air rieur que je souhaiterais, ils me semblaient toujours triste. Infiniment tristes, voilés.
Je poussai un soupir. Peut-être que mon humeur actuelle m'empêchait de faire passer ce que je voudrais dans ce dessin. Ou peut-être était-ce son humeur actuelle qui m'empêchait de le représenter joyeux.
J'avais commencé ce dessin la veille, en début d'après-midi. Alors que ma famille était dans le salon en train de profiter de leur fameux dimanche en famille, moi j'étais resté enfermé dans ma chambre à dessiner. Ma mère avait bien essayé de me faire descendre, suivie ensuite par ma soeur qui avait tenté d'user de ses pouvoirs et de ses yeux de chat pour me convaincre de faire un Monopoly avec eux, mais il n'y avait rien à faire. Je n'étais pas d'humeur et j'avais besoin de dessiner.
Le dessin avait toujours été mon refuge, tout comme la lecture. Il me permettait de m'évader et éloignait mes doutes. C'était une passion qui me détendait tout en me permettant d'extérioriser mes émotions, que ce soit la peine ou la joie, la crainte ou l'envie, la douleur ou l'amour. C'était comme une thérapie.
Et hier j'avais eu besoin de cette thérapie. J'avais alors saisi mon carnet à la couverture noire et mes crayons spécialisés avant de m'acharner sur cette page blanche jusqu'à voir apparaître ce visage, comme par automatisme. Je n'avais rien décidé, je n'avais pas choisi ce que je voulais dessiner, en réalité je ne m'étais posé aucune question, et comme il était tout ce qui habitait mes pensées en ce moment, c'est naturellement que je m'étais retrouvé à le dessiner. Encore.
Je n'arrivais pas à me le sortir de la tête, à ne plus penser à lui. Cela faisait des années que cette tentative était vaine, de toute façon, et elle l'était encore plus après la journée de samedi. Après ce moment que nous avions échangé.
J'avais embrassé Swann. Encore.
Je n'avais pas su résister, encore une fois. Quand il est sortit de la salle de cinéma, il avait l'air si mal, si fragile et il semblait avoir besoin d'être rassuré, d'être entendu et vu. Je n'avais pas prévu de l'embrasser lorsque je l'ai rejoint dans ce couloir, mais une chose en entraînant une autre, je me suis rapidement laissé emporter par le moment, laissant alors nos lèvres se rencontrer dans un baiser d'abord doux et fébrile avant qu'on ne soit un peu plus enivré par le moment.
VOUS LISEZ
FALLING
Romance♠️ Tome 1 saga FALLING Swann Nelson pourrait cocher toutes les cases du héros cliché à la vie parfaite, apprécié de tous et populaire. Étudiant dans la prestigieuse université d'Oxford en Angleterre et capitaine de son équipe de foot, Swann est bril...