25. Liberating

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"La liberté d'aimer n'est pas moins sacrée que la liberté de penser."

Victor Hugo

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Swann

Mes poings fermement agrippés au volant de ma voiture, je m'y accrochais dans l'espoir de cesser les tremblements de mes mains. J'étais complètement stressé. Mais ce n'était pas la même angoisse que d'habitude, ce n'était pas cette peur paralysante d'être vu avec Yaël, cette peur qu'on se fasse des idées ou qu'on comprenne que le lien qui nous unissait était plus fort qu'une simple amitié.

Non, le stress qui me ravageait à cet instant était un simple stress d'adolescent. Celui qui vous tordait le ventre et faisait palpiter votre coeur à l'idée de passer ce moment avec une des personnes qui comptaient le plus pour vous. Cette appréhension qui vous faisait espérer que tout se passe bien, que ce fameux rendez-vous se déroule au mieux. Je ne savais pas trop comment je me sentais par rapport à ça, par rapport à ce rendez-vous, mais je sentais que ce stress était un bon stress. C'était même presque libérateur.

Je n'avais pas la gorge nouée, la peur au ventre, cette tension que je devais porter sur mes épaules. Non, je ressentais plutôt une excitation et une certaine impatience à l'idée de me laisser aller à cette sortie avec Yaël. Je me sentais plus léger. Ma seule angoisse était celle d'être à la hauteur pour lui.

L'idée de ce rendez-vous était tout nouveau pour moi. Je n'étais pas quelqu'un de romantique, et je n'étais pas le genre de gars qui emmenait sa copine dans de superbes endroits pour l'émerveiller et la séduire. J'étais un goujat avec les filles, c'était quelque chose d'établit, et elles savaient en général dans quoi elles s'embarquaient avec moi, même si elles finissaient toujours pas espérer plus. Alors, de mon côté, je ne savais pas quoi attendre et espérer de cette journée.

Et puis c'était nouveau parce que c'était Yaël. Je devais me laisser aller à lui faire confiance. Je devais le laisser mener la danse. Fermer les yeux et le suivre aveuglément. Je n'avais pas pour habitude de faire ça. J'avais l'habitude de tout contrôler. On m'avait appris à tout contrôler, toujours. Mais peut-être qu'un temps de répit ne pouvait être que profitable. Peut-être que me reposer sur Yaël, rien que quelques heures, me permettrait de respirer. Peut-être que si j'oubliais cette pression sur mes épaules et que je laissais Yaël tenter de me rendre heureux alors j'aurais moins peur d'affronter la suite de notre aventure.

Je roulais encore quelques minutes jusqu'à me garer devant un des nombreux parcs de la ville. Ce parc qui avait vu s'exprimer l'imagination de Yaël et la mienne lorsque nous venions y jouer étant petits, ce parc dans lequel Joyce emmenait souvent les jumeaux, ce parc dans lequel Yaël emmenait sa soeur lorsqu'elle voulait se dépenser.

Je pris une grande inspiration et sortis de ma Porsche. Je verrouillai les portières et entrai dans le parc, arpentant l'allée principale faite de gravillon et de sable jusqu'à retrouver Yaël qui m'attendait, assis sur un banc. Nous avions décidé de nous retrouver ici, pour n'attirer l'attention de personne. Evidemment, Yaël aurait aimé venir me chercher pour m'emmener avec lui, comme un véritable et respectable rendez-vous, mais nous voulions éviter d'attirer les soupçons de mes parents. Alors nous nous rejoignions ici comme deux adolescents qui se voyaient en cachette, ce que, finalement, nous étions.

Le visage de Yaël s'illumina d'un grand sourire lorsqu'il me vit arriver vers lui. Il n'attendit pas une seconde pour se lever et me prendre dans ses bras. Je me figeai un instant, ne sachant pas vraiment comment réagir à se contact. C'était agréable mais je n'y étais pas encore habitué et la sensation que cela me procurait ne m'était pas familière.

FALLINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant