21. Cupcake And Hot Chocolate

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"Je remontais dans ma mémoire jusqu'à l'enfance, pour retrouver le sentiment d'une protection souveraine. Il n'est point de protection pour les hommes. Une fois homme on vous laisse aller."

Antoine de Saint-Exupéry

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Swann

Je poussai un long soupir et passai une main sur mon visage alors que je m'observai dans le rétroviseur de ma voiture. J'avais une tête de déterré. Des cernes me tombaient sous les yeux comme des valises et mon teint terne trahissait mon manque de sommeil. Je dormais très mal ces derniers temps, et j'étais même sujet à de sévères insomnies. Cela faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé.

Je suppose que je réfléchissais trop, hanté par des réflexions, des interrogations, et des pensées qui m'empêchaient de dormir correctement. Résultat, je ressemblais davantage à un zombie qu'à un étudiant de dix-huit ans et le coach Garcia ne voulait plus me lâcher, persuadé que j'étais en train de baisser les bras parce que mes performances sur le terrain laissaient à désirer. Ironique quand on savait que s'il y avait une chose que je n'abandonnerais pas, c'était bien le football. Je doutais beaucoup en ce moment, et je n'étais plus sûr de rien, mais s'il y avait bien une chose dans ma vie dont j'étais sûr, c'était ma passion pour le foot et mon envie de réaliser mon rêve. Je ferais du football mon métier.

Je repris mes esprits et resserraient la prise de mes mains sur le volant. Le regard fixé à l'horizon, j'observai ce terrain de foot qui se trouvait à quelques mètres de moi, celui-là même sur lequel les enfants s'entraînaient.

C'était une mauvaise idée. Et pourtant, je n'arrivais pas à me résoudre à remettre le contact, faire une marche arrière et partir aussi loin que possible de cet endroit. C'était peut-être une mauvaise idée mais je ne pouvais pas m'en empêcher. C'était comme un besoin irrépressible, celui de le voir.

Nous étions mercredi et je savais de source sûre - une source sûre qui se prénommait Joyce - que Selia avait un entraînement de foot toutes les semaines à cet horaire là, et je savais aussi que Yaël faisait toujours son maximum pour la voir jouer ce jour là.

Alors oui, c'était purement stratégique. J'étais là sur un coup de tête simplement parce que je voulais voir Yaël. Cela faisait quatre jours que je ne lui avais pas parlé et, bien que ça me tuait de l'admettre, il me manquait. Bien que j'aurais préféré rester enfermé dans ma chambre, ou sortir boire un coup avec Hugo, je me retrouvais là parce que mon putain d'instinct m'y avait conduit, mon putain de corps voulait le revoir et mon putain d'esprit avait des questions et exigeait des réponses.

Je devrais le fuir à nouveau, surtout avec ce qu'il s'était passé samedi, surtout alors que tout dans notre relation devenait de plus en plus risqué. Et pourtant je me retrouvais là, assis comme un idiot dans ma voiture, à attendre un signe qui me pousserait à sortir de ma voiture parce que je ne semblais pas pouvoir me tenir éloigner de lui.

Et je me disais que le voir dans un lieu publique et auprès de Selia pourrait m'empêcher de faire une regrettable connerie.

Un cri de joie s'éleva soudainement dans l'air, parvenant jusqu'à moi. Probablement un but qui venait d'être marqué. Je me surprenais à espérer que Selia en était à l'origine. Je devais bien avouer que j'aimais beaucoup cette gamine, elle était réfléchie, pétillante et malicieuse. Elle me faisait penser à son frère lorsqu'il avait son âge, ils se ressemblaient beaucoup sur certains points. Même si Yaël était à l'époque un peu plus réservé que sa soeur, perdu dans son monde imaginaire. C'était plutôt moi le plus intrépide et turbulent de notre binôme. Tout ça avait bien changé depuis.

FALLINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant