36. Heart-To-Heart

4.5K 293 115
                                    

"Et puis laisse ton cœur ouvert ! Le cœur c'est la sainte fenêtre."

Victor Hugo

♠️♠️♠️

Swann

Ce fut une migraine fulgurante qui me sortit progressivement de mon sommeil. Les paupières crispées par la douleur, je remontai mollement mon bras jusqu'à mon visage pour le poser sur mon front. Un incessant bourdonnement ne semblait pas vouloir quitter mon esprit. Je remontai les couvertures et enfonçait un peu plus ma tête dans l'oreiller avec cet espoir irrationnel que me cacher du monde extérieur pourrait soulager ma douleur lancinante.

Seulement il ne me fallut pas plus d'une minute pour froncer les sourcils. Quelque chose n'allait pas, deux choses en réalité. La première était que l'odeur qui m'entourait n'était pas la mienne, même si je devais bien admettre qu'elle ne m'était pas inconnue. Et la deuxième chose que je remarquai était que je n'étais pas ébloui par la lumière du jour venant de ma baie vitrée, une situation pourtant habituelle puisque j'oubliais toujours de fermer mes rideaux.

Mais là, les rideaux étaient fermés. La pièce était sombre, presque complètement plongée dans le noir. Il y faisait bon et l'odeur de Yaël m'enveloppait. Je n'étais pas dans ma chambre. Je n'étais pas chez moi.

Doucement, et avec un gros effort, j'ouvris enfin les yeux. Ces derniers s'habituèrent à l'obscurité pendant que je me demandais encore où je me trouvais, alors que la réponse était évidente. La pièce me parut inconnue parce que j'étais complètement perdu et sous l'emprise d'une horrible gueule de bois, mais une fois que mon cerveau réussit à faire se connecter deux de mes neurones, je la reconnus aussitôt.

Dans une plainte qui ressemblait plutôt à un grognement, je tendis le bras pour atteindre l'interrupteur de la lampe de chevet. Je laissai ensuite le temps à mes yeux de se remettre de cette agression avant d'inspecter un peu plus la pièce dans laquelle je me trouvais.

La chambre de Yaël. Elle n'avait pas beaucoup changé, tous les meubles étaient approximativement les mêmes et occupaient les mêmes places. Cette pièce m'était familière, j'y avais passé tellement de temps lorsque j'étais enfant.

En face du lit, qui était beaucoup plus petit que le mien, se trouvait le même bureau en bois foncé sur lequel nous prétendions faire nos devoirs il y a quelques années de ça. Sur ma gauche, à côté de la porte, se trouvait une armoire dont quelques vêtements dépassaient. Cette chambre était bien moins rangée que la mienne, au vu des différents habits, chaussures, carnets qui traînaient entre le sol et le bureau, mais elle était plus chaleureuse, plus vivante, moins aseptisée.

Sur ma droite se trouvaient bel et bien d'épais rideaux noirs qui cachaient la fenêtre donnant normalement sur le petit jardin. Mon regard continua de se déplacer dans la même direction jusqu'à tomber sur l'unique table de nuit. Je remarquai rapidement qu'un verre d'eau, deux cachets et une note écrite de la main de Yaël reposaient sur le meuble. J'attrapai cette dernière pour mieux la lire.

Yaël me conseillait simplement de prendre les médicaments contre la migraine et m'indiquait que les vêtements posés sur la chaise de bureau étaient à ma disposition pour que je puisse me changer après avoir pris une douche.

Je me redressai alors un peu plus et, après avoir avalé les cachets en priant pour qu'ils fassent rapidement effet, je me décidai à me lever. Il me fallut un effort surhumain et un grognement, poussé comme s'il pouvait faire disparaitre mes courbatures, avant de me tenir de manière stable sur mes deux pieds. Je récupérai les habits que Yaël m'avait choisi et sorti de la chambre, prenant la direction de la salle de bain.

FALLINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant