FALLING

35. Vulnerable

"Tous les hommes ne sont pas vulnérables de la même façon ; aussi faut-il connaître son point faible pour le protéger davantage."

Sénèque

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Yaël

Mes mains tremblantes accrochées au volant, mes yeux fixés sur la route devant moi malgré l'obscurité, je tentai de me concentrer davantage sur ma conduite que sur l'inquiétude qui me ravageait le ventre.

Une seule pensée m'obsédait : retrouver Swann. Et préférablement le plus rapidement possible. Je ne savais pas exactement dans quel état il était mais je savais que l'alcool n'était jamais une bonne idée et que tout pourrait rapidement dérailler. Je ne voulais pas l'imaginer en danger, c'était beaucoup trop terrifiant, mais mon esprit ne pouvait s'empêcher de se tourner vers les scénarios les plus catastrophes. Je ne pouvais pas m'empêcher de m'inquiéter pour Swann. Peu importait la situation dans laquelle nous nous trouvions en ce moment.

Je voulais être là pour lui. Je voulais qu'il me laisse être là pour lui. Je voulais qu'il arrête de fuir. Je voulais qu'il arrête de prendre ce genre de décisions stupides. Je voulais qu'il arrête de se mettre dans ces états là lorsqu'il se retrouvait démuni. Je voulais qu'il puisse me parler. Je voulais qu'il puisse se libérer, s'affirmer, et faire ce qu'il voulait et aimait vraiment. Je voulais qu'il arrête de donner tant d'importance à ce que les autres pourraient penser. Je voulais juste retrouver le vrai Swann, je voulais qu'il soit lui-même.

Seulement  je savais qu'il nous restait un long chemin à parcourir avant d'en arriver là. Si tant est que Swann voulait même se donner la peine de l'emprunter, ce chemin, et m'y rejoindre de l'autre côté.

Enfin ce n'était pour l'instant pas ma principale préoccupation. Ma relation instable avec Swann pourrait attendre le temps d'une soirée avant que nous décidions de ce qu'elle deviendrait. Pour l'instant tous nos différents ne m'importaient pas. Tout ce qui m'intéressait, c'était de retrouver Swann et m'assurer qu'il aille bien, qu'il n'ait pas fait de conneries et que rien ne lui était arrivé.

Alors je continuais à rouler, arpentant les rues d'Oxford, me dirigeant doucement vers le stade de notre université. J'espérai réellement ne pas me tromper, j'espérai qu'il s'y soit rendu et que je puisse l'y retrouver. Mais honnêtement je ne voyais pas de meilleur endroit où il aurait pu se réfugier. Il n'y avait aucun autre lieu qui lui apportait cette forme de réconfort, il n'y avait aucun autre lieu dans lequel il pouvait se sentir vivant et lui-même, aucun autre lieu dans lequel il se rendait pour se défouler et réfléchir. Je savais que le football représentait une grande partie de sa vie, alors cela me paraissait évident qu'il serait attiré par le terrain d'Oxford.

C'était donc avec cette lueur d'espoir que je me garai sur le parking de la fac. Un noeud à l'estomac m'empêchait encore de respirer convenablement, et je crois qu'il ne se dénouerait pas avant que Swann ne se tienne devant moi. Je ne perdis donc pas une seconde pour sortir de la voiture et me diriger vers cette petite allée qui m'emmènerait jusqu'au terrain.

Je pressai le pas, le coeur battant, jusqu'à atteindre les gradins. Une silhouette se dessina devant moi, à quelques mètres, et je laissai échapper un soupir de soulagement lorsque je reconnus Swann au bord du terrain.

Cependant mon soupir laissa place à un froncement de sourcil lorsque je remarquai qu'il titubait, une bouteille qui me semblait presque vide à la main. Je m'approchai alors de lui doucement et prudemment, appréhendant son état et sa réaction. Swann dû sentir ma présence puisqu'il tourna soudainement la tête dans ma direction.