38. Doubts

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"La seule limite à notre épanouissement de demain sera nos doutes d'aujourd'hui."

Franklin Roosevelt

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Yaël

- Je suis rassurée que tu aies pu t'occuper de lui, qu'il y ait eu quelqu'un avec lui ce soir-là. Je sais que c'est compliqué entre vous et peut-être que tu m'en veux de t'avoir appelé et de te l'avoir mis dans les pattes mais je m'inquiétais tellement ! J'avais besoin de savoir qu'une personne de confiance était avec lui.

J'écoutais Joyce s'expliquer sur ce qu'il s'était passé ce week-end avec un petit sourire. Elle semblait vraiment désolée, mais elle n'avait rien fait de mal, et je ne lui en voulais pas de m'avoir appelé alors qu'elle se rongeait les sangs à propos de Swann. Au contraire, je la remerciais d'être une si bonne amie pour lui.

- Tu n'as pas à t'excuser, et tu as bien fait de m'appeler, la rassurai-je. J'ai pu le ramener en sécurité chez moi et au moins ça nous a donné l'occasion de discuter un peu, du moins le lendemain matin.

- Et qu'est-ce qu'il en est ressorti ? demanda-t-elle, curieuse.

- Il va devoir se bouger s'il veut réellement construire quelque chose avec moi, dis-je simplement en haussant les épaules.

Joyce hocha la tête et m'adressa un petit sourire compréhensif avant de regarder par-dessus mon épaule.

- En attendant il y a un beau blond qui semble t'attendre, m'apprit-elle malicieusement.

Je me retournai instantanément et aperçus Camille à quelques pas de là, les mains dans les poches. Il me regardait déjà, comme hésitant, comme s'il ne savait pas s'il pouvait s'approcher de notre groupe ou non. Dans un sourire, je lui fis un signe de tête pour lui intimer de nous rejoindre.

La veille, Camille m'avait dit qu'il allait repartir en France. Il ne pouvait pas rester ici indéfiniment et maintenant que nous avions discuté, il n'avait plus vraiment de raison de rester en Angleterre. Alors il ne passerait plus que quelques jours à Oxford avant de reprendre l'avion en fin de semaine.

Je lui avais donc proposé d'aller prendre un café ensemble après mes cours. Maintenant que cette lourde conversation qui planait autour de nous était évacuée, maintenant que la tension entre nous s'était un peu estompée, maintenant que nous avions convenu que nous ne nous détestions pas et que nous étions d'accord pour rester amis, j'avais envie de parler un peu plus sereinement avec lui. Prendre de vraies nouvelles, s'intéresser à sa vie, parler de tout et de rien, comme des amis. Je voulais que ce soit comme ça que nous nous quittions, et non sur cette douloureuse conversation.

J'aurais pu l'avoir lors du match de foot de Selia, cette discussion, mais j'étais bien trop perturbé par la présence de Swann. Je me retrouvais toujours à tourner la tête dans sa direction. Même si je paraissais distant envers lui, en réalité j'avais été bien plus intéressé par Swann et ses interactions avec ma petite sœur que par ce que me disait Camille. 

Et à la fin du match, une fois que Swann nous avait quitté, Camille avait préféré rentrer à l'hôtel, nous laissant finalement, ma sœur et moi, aller prendre un goûter rien que tous les deux. Un goûter durant lequel elle s'était fait un plaisir de me parler presque uniquement de Swann.   

J'avais apprécié qu'il prenne la peine de venir voir le match de Selia, et ma petite sœur en avait été très contente. Mais je ne voulais pas non plus me faire de fausses idées, j'attendais de voir s'il tenait vraiment à rester dans ma vie ou s'il allait à nouveau fuir à la première occasion. J'avais besoin de temps avant de lui refaire confiance. Du temps, et des gestes significatifs de son côté. Je le voulais auprès de moi, mais je n'allais pas lui refaire une place aussi facilement. Je voulais savoir si, lui, me voulait auprès de lui. Et ce pour plus de deux semaines.

FALLINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant