FALLING

37. For The Win

"La plus belle victoire est de vaincre son cœur."

Jean de la Fontaine

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Swann

Mes doigts tremblants tapotant contre le volant de ma voiture, je me demandais si c'était réellement une bonne idée. Pour une fois, j'avais l'impression d'avoir pris une décision pas trop mauvaise, mais ces décisions pas trop mauvaises étaient celles qui entraînaient les conséquences qui me terrifiaient encore. Seulement je m'étais promis de faire des efforts, d'essayer d'être moins lâche. Et puis, techniquement je n'étais pas là pour Yaël mais pour Selia.

Ce fut ce qui me persuada de rester. Je m'occupais de sa petite sœur et je gagnais des points auprès de Yaël. Non pas que ce soit ma seule motivation, je n'avais vraiment pas besoin qu'on me force pour passer du temps avec Selia. C'était une enfant très intéressante, elle était drôle, malicieuse, maligne, mature et incroyablement mignonne. Et j'étais impatient de la voir jouer en vrai.

Je poussai un soupir et rassemblai encore quelques grammes de courage. Cela faisait déjà un quart d'heure que j'étais arrivé mais que je ne parvenais pas à me convaincre de sortir de ma voiture. J'avais vu les enfants et les parents arriver, je voyais de loin les deux équipes qui commençaient à se mettre en place sur le terrain alors que le match allait bientôt commencer. Les gradins se remplissaient, les familles discutaient, impatientes de voir leur rejeton jouer, le monde continuait de tourner autour de moi mais je ne bougeais pas.

Et j'avais vraiment l'impression que ça devenait une constante chez moi, dans ma vie. Je restais planté là, à attendre que ça passe, pendant que les autres continuaient d'avancer, d'évoluer. J'étais bloqué. Je stagnais, non seulement pétrifié par la peur mais aussi retenu par des gens qui n'en valaient pas la peine.

Ça devait changer.

Mais j'appréhendais de revoir Yaël, surtout après la veille, et ce qu'il s'était passé lors de la soirée d'avant-hier. J'avais eu l'impression qu'il m'avait dit tout ce qu'il avait sur le cœur, qu'il n'avait plus rien retenu, il m'avait parlé honnêtement de ce qu'il ressentait depuis que je nous avais imposé cette putain de distance. Et j'avais réalisé l'ampleur de ma connerie. Je m'étais rendu compte qu'il était blessé, que je l'avais fait souffrir.

Je ne savais pas comment me comporter désormais avec lui, j'avais peur de tout faire foirer à nouveau. Mais une chose était sûre, je ne reviendrais pas sur ma décision. Je voulais me refaire une place dans la vie de Yaël. Je ne savais même pas comment j'avais fait pour le laisser partir. Si seulement je n'avais pas été aussi débile, si seulement je m'étais rendu compte plus tôt que j'avais besoin de lui dans ma vie.

Je ne voulais pas perdre Yaël. Je voulais me rattraper. Je voulais essayer de changer. Je ne m'étais pas senti moi-même ces dernières semaines. Je n'étais qu'une pâle copie du vrai Swann, celui qui plaisait à tout le monde, celui que tout le monde voulait que je sois en faisant ce qu'ils attendaient de moi. Mais le vrai Swann n'en pouvait plus de tous ces faux-semblants. Et il n'y avait qu'avec Yaël que je me sentais moi-même.

Alors peut-être qu'il en valait la peine après tout. Oui, Yaël valait certainement la peine de prendre des risques si ça voulait dire être dans sa vie.

Une grande inspiration et je me résolu à sortir enfin de la voiture. Je m'avançai d'un pas tremblant mais tentai de ne laisser paraître aucun signe d'anxiété. Je relevai la tête, redressai les épaules et cachai mes mains tremblantes dans les poches de mon jean. Je devais paraître détendu, et je ne devais pas en faire tout un plat. Je devais montrer ma présence à Yaël mais pas non plus le coller. Je ne suis pas certain qu'il apprécierait. Je devais être là mais lui donner de l'espace jusqu'à ce qu'il soit prêt à m'accorder à nouveau sa confiance. Lui donner du temps mais lui montrer que je n'allais plus nulle part. Oui, c'était ça la stratégie.