41. For You Only

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"Mais si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde."

Le Petit Prince - Antoine de Saint-Exupéry

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Yaël

Je fronçai les sourcils en m'observant à travers le miroir de mon armoire. Les yeux plissés, j'inspectai ma chemise noire que je lissai de mes mains avant de pousser un soupir.

- Ça va pas, lançai-je, dépité. J'ai l'air ridicule avec cette chemise ! Je sais même pas où est-ce qu'il compte m'emmener ! Et je suis sûr que c'est beaucoup trop habillé. Ça se trouve on va juste manger un hamburger dans sa voiture garée dans un coin sombre et reculé de la ville !

Pendant mon discours, je m'étais retourné vers ma petite sœur qui me regardait d'un air blasé. Assise sur mon lit, ses jambes se balançant doucement dans le vide, elle semblait me juger du haut de ses neuf ans. Elle avait passé une grande partie de l'après-midi avec moi et avait donc subit mes sautes d'humeurs, mes doutes, mais aussi cet interminable défilé de vêtement.

- Tu crois vraiment qu'il en aura quelque chose à faire que ton tee-shirt soit blanc, noir ou bordeaux, ou que tu portes une chemise ? demanda-t-elle très sérieusement, presque désabusée.

Je la dévisageai un instant, prenant en compte ses paroles. Sa réflexion était bonne, et je savais qu'elle avait raison au fond. Je ne cesserai d'être épaté par la logique et la maturité de ma sœur qui régissait avec bien de plus de distance et de pragmatisme que moi alors que j'étais le plus âgé de nous deux.

Mais je ne pouvais pas m'empêcher de m'inquiéter à propos de ce rendez-vous. Swann ne m'avait donné aucun indice, je ne savais pas ce qu'il avait prévu, je ne savais pas où il comptait m'emmener et je ne savais pas non plus s'il était réellement prêt dans sa tête pour se lancer sereinement dans cette idée. Ça m'angoissait.

Ça m'angoissait tellement que je préférais ne pas y penser, me voiler la face et m'occuper à m'inquiéter à propos de choses bien plus futiles. Et c'est pour cette raison que je me retrouvai à nouveau tourné vers mon miroir.

- Mais ça va pas, mon jean est noir et ma chemise aussi, râlai-je dans un couinement désespéré. On dirait que je vais à un enterrement ! Et puis regarde mes cheveux ! Ça n'a aucun sens, ils sont partout sur ma tête, dans tous les sens. C'est juste une masse de boucles informes, il va juste penser que je me suis mis un mouton sur la tête !

Dans le reflet, je pus distinguer Selia lever les yeux au ciel.

- Tes cheveux n'ont pas changés depuis hier, soupira-t-elle en haussant les épaules. Et je ne crois pas que ça le dérangeait la dernière fois qu'il t'as vu. Et puis au pire t'as qu'à mettre un bonnet.

- Mais je vais pas mettre un bonnet pour un rendez-vous ! m'écriai-je en me retournant vers elle. Je vais passer pour quoi, moi, avec ma chemise et mon bonnet ? C'est ridicule.

Je regardai ma petite sœur pousser un soupir et secouer la tête de droite à gauche, semblant dépitée par mon comportement.

- J'irai jamais en rendez-vous, lança-t-elle en se relevant. Ça rend débile.

J'ouvris la bouche sous cette petite pique qu'elle venait de m'envoyer mais je n'eus pas le temps de lui répondre quoi que ce soit puisque trois légers coups retentirent contre ma porte. Celle-ci était déjà ouverte donc je vis rapidement ma mère s'avancer avant même que je lui dise d'entrer.

FALLINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant