FALLING

34. Forgiveness

"Pardonner est une action plus noble et plus rare que celle de se venger."

William Shakespeare

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Yaël

Je m'étais enfin décidé. Il fallait que je le fasse. Je ne pouvais pas continuer de faire traîner les choses, et je ne pouvais pas continuer de prendre la vie de Camille en otage alors que ce dernier semblait bien décidé à tenir sa promesse. Il ne repartirait pas avant que nous puissions nous expliquer. Et je me doutais bien qu'il n'avait pas un congé à durée indéterminé.

Et de toute façon, il était temps que j'arrête de fuir et d'être lâche. Nous devions tous les deux avoir cette conversation, Camille le méritait. Ce serait peut-être un mauvais moment à passer mais c'était indispensable et nécessaire. Je devais affronter mon passé, je devais le confronter et l'accepter avant de pouvoir avancer. Je me le devais et je le devais à Camille, ne serait-ce que pour le libérer de ce poids qu'il ressentait sûrement, le libérer de notre relation pour qu'il puisse, lui aussi, repartir sur de bonne bases et avancer. Je serais égoïste de ne pas le faire, de refuser cette conversation qu'il me demandait et dont il avait besoin.

Et peut-être que ça me ferait du bien à moi aussi. Peut-être que je parviendrais mieux à envisager mon avenir, et ma situation à la fois ambiguë et désastreuse avec Swann, une fois que je ne serais plus hanté par mon passé. Peut-être que ça me libérera d'un poids

Je n'aurais plus à gérer le poids de deux relations, ainsi que leur conséquences, et je pourrais me concentrer sur la relation que Swann me refusait encore. Il était perdu, je le sentais, je le voyais. Et son seul moyen de défense avait été de me faire mal à hauteur de sa frustration. Et je devrais lui en vouloir, oui, mais en même temps je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir de la peine et de l'empathie pour lui. Je ne pouvais pas empêcher ce besoin viscéral de l'aider, de le sauver de lui-même.

Est-ce que j'étais en colère contre lui ? Absolument. Est-ce que je souhaitais éviter de faire les même erreurs et de replonger trop rapidement, la tête la première, dans cette relation instable ? Je voulais essayer en tout cas. Est-ce que je le laisserais revenir dans ma vie sans qu'il me prouve qu'il voulait réellement s'impliquer avec moi et ne plus fuir ? Non, pour une fois il serait celui qui devrait se battre.

Et, pour l'instant, ce n'était en prétendant sortir avec Kaitlyn qu'il me prouvait qu'il tenait à moi. Je savais que c'était bidon, je savais qu'il essayait de se couvrir et certainement de faire plaisir à ses parents. Mais en faisant ça il n'avançait pas, il ne faisait que de se cacher et de s'enfoncer encore et encore, et ça ne l'aidait pas.

Je serais là pour lui. Mais ça, il faudrait qu'il s'en rende compte par lui-même. C'était à lui de faire un pas vers moi. Et en attendant j'allais m'occuper de moi et tenter de clôturer un peu plus sereinement mon histoire avec Camille.

C'était pour ça que je l'avais invité. Nous étions en début de soirée et je l'attendais nerveusement, appréhendant la discussion avec grande crainte. J'avais prévu qu'on passe la soirée ensemble, qu'on dîne sereinement, je l'espérais, et qu'on puisse enfin nous libérer de ce poids. Nous serions tranquille puisque j'avais la maison pour moi. Mes parents et ma petite soeur étaient partis pour le week-end rendre visite à ma grand-mère, ils reviendraient demain dans la matinée. Moi j'étais allé la voir seul il y a quelques jours donc j'avais décidé de rester ici, à Oxford, et de profiter de cette soirée de libre avec Camille.

La sonnette de la porte d'entrée retentit justement, me sortant de mes pensées et me faisant presque sursauter tant j'étais nerveux. J'essuyais mes mains moites par l'anxiété et l'appréhension puis pris une grande inspiration pour me donner du courage. J'avançai vers l'entrée et ouvris la porte d'une poigne tremblante.