6. Open Your Eyes

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"Accepter la réalité, c'est l'accepter dans sa totalité, le plaisir comme la douleur, le bien comme le mal, le jour comme la nuit, l'été comme l'hiver."

Raymond Queneau

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Yaël

Nous étions mercredi après-midi et j'étais rentré tôt de l'université. Je ne travaillais pas aujourd'hui, et je n'avais pas eu envie de rester à la bibliothèque pour étudier, tout comme je n'avais pas eu envie de me poser dans un coin pour dessiner. J'avais juste eu envie de rentrer chez moi.

Du travail, j'en avais, évidemment, mais j'avais préféré me retrouver dans le calme de ma chambre. Ce que je n'avais pas prévu, en revanche, c'était le boucan que ferait ma sœur depuis le rez-de-chaussée. Elle était surexcitée, intenable, depuis que nous avions appris que son entraînement de football était annulé. Je crois qu'elle était déçue de ne pas pouvoir aller se dépenser, et elle nous le faisait payer en courant partout.

Ma sœur faisait du foot depuis trois ans maintenant et j'en étais fier. Sans le savoir, elle brisait les codes qui voulaient que les filles fassent de la danse et les garçons du football. J'étais heureux et fier d'aller la voir et la supporter à chacun de ses matchs. Et puis, en toute objectivité bien sûr, il fallait admettre qu'elle état douée.

Evidemment je ne pouvais que la regarder. Il était préférable d'éviter de me faire jouer, vraiment. J'étais nul et j'avais même encore des difficultés à comprendre les règles. Quant aux ballons, ils ne m'aimaient pas, clairement. Mais ma sœur étant comme elle est, elle tenait souvent à jouer avec moi, me poussant alors à me ridiculiser. Seulement je ne pouvais pas lui dire non, je ne pouvais pas lui résister quand elle me regardait avec ses petits yeux de chats.

Même si actuellement j'avais plutôt envie de lui tordre son petit cou pour faire autant de bruit.

Je poussai un long soupir et laissai retomber mon stylo sur ma feuille avant de passer ma main sur mon visage. Ça ne servait à rien. Je n'arriverai pas à me concentrer aujourd'hui.

Je récupérai mon téléphone portable et décidai de quitter ma petite chambre pour rejoindre ma sœur et ma mère au rez-de-chaussé. J'esquivai de justesse Selia qui était trop occupée à courir, une baguette magique à la main, en criant des formules magiques dans un latin approximatif pour me remarquer. Je levai les yeux au ciel, plus amusé qu'autre chose avant de continuer mon chemin.

Je me posai sur un des tabourets de la cuisine, rejoignant ainsi ma mère qui semblait trier des papiers au vu de toutes les feuilles étalées sur le plan de travail.

- Tu n'as jamais regretté d'avoir eu un deuxième enfant ? demandai-je ironiquement.

- Dis-toi que c'est presque des vacances pour moi, là. Tu étais loin d'être plus calme à son âge, répondit ma mère, d'un ton nonchalant et sans même prendre la peine de relever le regard vers moi.

Je ne pus retenir mon rire. Je ne me vexai pas, je savais que c'était comme ça qu'on fonctionnait dans cette maison, souvent à nous taquiner. Et puis, ma mère avait raison, j'avais été un enfant assez agité, quand on ne me mettait pas un bouquin entre les mains.

- Et je te rappelle que cette baguette magique qu'elle a dans les mains, c'était la tienne, et que tu nous avais fait remuer ciel et terre pour la trouver après avoir dévoré le dernier Harry Potter en quelques heures, rajouta ma mère en fixant cette fois-ci son regard sur moi. Et une fois que tu l'as eu, tu n'en t'es plus séparé pendant des semaines. Impossible de te la reprendre, tu dormais même avec, et tu passais ton temps à nous jeter des sorts.

FALLINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant