27. Paranoid

4.7K 303 150
                                    

"Le fait que tu sois paranoïaque ne signifie pas qu'ils ne sont pas après toi."

Kurt Cobain

♠️♠️♠️

Swann

Cette boule au fond de mon ventre ne me quitta pas une seule seconde. Je n'arrivais pas à me détendre, je n'étais absolument pas serein depuis que je m'étais réveillé ce matin et je n'arrivais pas à ignorer cette pression qui pesait sur mes épaules.

J'avais peur. Et j'étais aussi de très mauvaise humeur.

J'avais peur parce que quelqu'un nous avais vu, Yaël et moi, nous embrasser lors de de la soirée d'Halloween. Je le savais, j'en étais persuadé. Yaël avait eu beau essayer de me rassurer, je n'arrivais pas à ne pas y penser. Quelqu'un nous avait vu. Et ce n'était qu'une question de temps avant que tout explose. Parce que les gens étaient incapables de tenir leur langue. Alors tout ça finirait pas se savoir. Et je ne pouvais pas laisser ça arriver, je ne pouvais pas laisser le doute s'immiscer dans l'esprit des gens. Je n'étais pas prêt.

Pour ce qui était de ma mauvaise humeur, nous pouvions remercier mes parents pour ça. La journée avait vraiment très mal commencée puisqu'ils avaient décidé de me faire subir leur conneries dès le matin, rajoutant alors un sentiment de lassitude à ma grande anxiété. En effet, je les avais trouvés ce matin attablés au comptoir de la cuisine en train de déjeuner ensemble, ce qui n'arrivait que très rarement, et j'ai su à cet instant qu'ils allaient me faire chier.

Mon intuition était la bonne puisque mon père m'a pris la tête pendant un bon quart d'heure en m'expliquant avec ferveur à quoi point ce serait bon pour nous, et pour moi, qu'on invite les Martins à dîner afin que j'apprenne à connaître un peu mieux leur fille, Kaitlyn. Je n'avais pas su quoi répondre, je n'avais pas eu envie de me battre avec eux ce matin. Je me souvenais de Kaitlyn, et je l'avais trouvé très gentille lorsque je l'avais rencontrée à ce gala, mais il n'y avait aucun moyen pour que son père et le sien nous force à entretenir une quelconque relation.

C'est donc énervé que j'étais parti de chez moi pour me rendre à l'université. Jusqu'à ce que j'en passe les portes. A cet instant, tout colère s'était évanouie pour laisser place à cette angoisse qui me prenait à la gorge. Comme un étau qui m'empêchait de respirer.

Et ce fut entre ces deux sentiments que je passais la journée.

J'étais comme coincé dans cette bulle malsaine. Parce que tout ne se passait pas comme prévu, parce que je ne pouvais pas vivre librement, parce que je n'arrivais pas à ignorer ce que les autres penseront de moi. Parce que j'étais convaincu d'être condamné. J'étais persuadé que ça ne durerait pas. Ce que nous avions avec Yaël, ce que nous vivions ces derniers temps était trop beau pour être vrai, trop beau pour durer, trop beau pour ne pas exploser.

Ce n'était pas que je n'avais pas confiance en lui, c'était que je n'avais pas confiance en moi. Tout comme je ne faisais pas confiance à la majorité des personnes qui m'entouraient. Dans mon monde, et dans le monde que fréquentait mon père avec les idées qu'ils défendaient, tout prendrait des proportions démesurées. Ça m'était interdit. Je n'avais pas le droit d'être associé à ce qu'il appelaient encore une déviance. Si ma relation avec Yaël venait à se savoir, alors je créerais un véritable scandale. Un scandale bien plus important que le fait de créer un début d'incendie lors d'un des galas de mon père. Il s'agirait là d'un scandale qui discréditerait mon paternel dans sa campagne, et il me le ferait payer.

FALLINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant