Flashback #3

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29 Décembre 2013 ~ 16h38

Ses boucles brunes lui retombant dans les yeux, le jeune garçon s'empressait de fermer le dernier carton avant de se redresser. Il passa une main dans ses cheveux avant de la poser sur sa hanche, imitant sa jumelle. Debout en plein milieu de cette pièce, il observait sa chambre qui ne ressemblait plus au cocon dans lequel il avait grandit, dans lequel reposaient tous ses souvenirs.

Non, maintenant il s'agissait d'un pièce impersonnelle avec un simple lit en son centre et de nombreux cartons qui l'entourait. Toutes les photos, les dessins, les livres, tout ce qui avait composé sa vie jusqu'ici avait été trié puis emballé, destiné à être jeté, donné ou emporté dans un autre pays pour une nouvelle vie. Et de nouveaux souvenirs.

Ses parents lui avaient dit de ne prendre que le nécessaire, qu'ils ne pouvaient pas se permettre de s'encombrer pour un voyage aussi long et un déménagement aussi loin. Mais, évidemment, l'essentiel pour Yaël, en plus de quelques vêtements, restaient tout son matériel à dessin ainsi que ses livres. Sa mère lui avait dit qu'il ne pourrait pas tous les amener en France, qu'il devrait en donner certain, mais l'adolescent têtu avait quand même fait en sorte d'en entasser le plus possible dans deux cartons. Il y tenait trop. Certains étaient précieux et avaient une grande place dans son coeur. Il ne pouvait pas s'en séparer, ils étaient ce qui l'avait construit.

Et ce n'était pas parce qu'il changeait de pays qu'il oublierait qui il était et d'où il venait.

Tout comme ils n'oublierait pas sa maison d'enfance et tout ce qu'il y avait vécu. Mais il fallait lui dire au-revoir aussi, à cette maison désormais vide. Parce qu'il ne la reverrait peut-être jamais. Parce qu'il ne savait pas s'il reviendrait un jour à Oxford. Son nouveau chez lui serait désormais à Paris, dans un joli appartement de la capitale dont il n'avait pour l'instant vu que quelques photos. Les cartons et certains meubles partiraient pour cette destination dès le lendemain. Tandis que Yaël, sa soeur et ses parents y seraient quelques jours plus tard après un dernier réveillon du nouvel an passé auprès des grands-parents. Dans une semaine, Yaël et sa famille seraient bien installés dans leur nouvelle maison.

Yaël n'avait pas fait de caprices. Il était assez âgé et mature pour comprendre que ce déménagement était important, et qu'il n'y pourrait rien. Et il respectait le travail de son père, et cette décision qu'il avait prise d'accepter ce poste à La Sorbonne. Yaël savait à quel point ça comptait pour lui. Alors il suivait le mouvement sans faire de crise. De toute façon il n'avait rien à laisser derrière lui. A part une personne. A part son meilleur ami.

Yaël poussa un soupir avant de se décider à quitter sa chambre, dévalant ensuite les escaliers jusqu'au salon. Il avait besoin de prendre l'air. De s'échapper un instant de ces souvenirs qui remontaient à la surface et qui rendait ce départ plus douloureux.

- Où est-ce que tu vas comme ça ? lui demanda sa mère lorsqu'elle remarqua son fils enfiler ses chaussures et son manteau.

- Juste dans le jardin, je dois prendre l'air, lui répondit-il simplement.

- Tu as fini tous tes cartons ? Tu sais que nous devons être prêts pour demain.

- Oui maman, tout est emballé. Je t'aiderais à ranger les affaires de Selia après, si tu veux.

- D'accord, mon chéri. Je te laisse respirer un peu. Mais couvre toi bien et ne laisse pas ta soeur te suivre, je ne tiens pas à faire le voyage avec deux enfants malades dont une de trois ans.

FALLINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant