FALLING

61. Victory

"La victoire sur soi est la plus grande des victoires."

Platon

♠️♠️♠️

Swann

Toujours en plein milieu du terrain, j'observai nos supporters exprimer leur joie dans les gradins. J'avais encore du mal à réaliser que j'avais gagné, que nous avions gagné. Malgré la liesse, l'enthousiasme et les cris, j'avais mis quelques secondes à me rendre compte de notre victoire.

Cela m'avait paru inespéré. Inespéré d'avoir pu rejouer auprès de mon équipe, après avoir été privé de ma passion pendant ces quelques semaines, un temps qui m'avait paru interminable. Inespéré d'avoir réussi à donner le meilleur, d'avoir pu me battre jusqu'à notre victoire alors que je n'avais pas joué pendant ces longues semaines, que je ne m'étais pas entraîné. Inespéré d'avoir pu gagner contre cette équipe de Cambridge remontée à bloc et déterminée, tout comme nous, à poursuivre sa route vers la finale de notre compétition. Je ne m'étais pas attendu à parvenir à mener mon équipe, obtenant un parfait esprit de cohésion, je m'étais plutôt attendu à me faire huer.

Alors, pendant un instant, je n'y avais pas cru à cette victoire. L'adrénaline brouillant encore un peu mes réactions, m'empêchant de réaliser que l'arbitre avait sifflé la fin du match.

Mais désormais j'étais euphorique. Voir toutes ces personnes s'extasier, s'enlacer, nous crier leur félicitation, ça me faisait vibrer. J'étais persuadé que mes yeux brillaient maintenant que je les observais. Et ils brillèrent encore plus lorsqu'ils tombèrent sur mes proches, sur Yaël. Leurs regards, tournés vers moi, semblaient remplient de fierté. Et cela faisait un peu plus gonfler mon cœur. Et, en les voyant là, je n'avais qu'une envie, les retrouver.

Alors je n'attendis pas une seconde de plus et m'élançai dans leur direction sans aucune hésitation. Je courus jusqu'à dépasser les limites de ce terrain et ne m'arrêtai que lorsque je pu enrouler mes bras autour du cou de Yaël, sentant les siens se nouer autour de mon dos. Et si des curieux nous regardaient nous enlacer, je n'en avais rien à faire. Je me contentais de le serrer contre moi, laissant sa chaleur envelopper la mienne avant de reculer juste assez mon visage de son cou pour déposer un baiser sur sa joue.

— Félicitation, Swann, me souffla-t-il doucement. Tu as été incroyable, je suis fier de toi.

— Merci, répondis-je. Pour tout. Pour m'avoir permis de vivre ça à nouveau.

Yaël me souris, l'air attendri, et se pencha simplement pour déposer tendrement ses lèvres sur les miennes. Je le laissai m'embrasser, savourant la douceur de ce moment, un instant hors du temps qui éclipsait l'euphorie et le brouhaha qui régnait autour de nous. Je m'enivrais de ce contact jusqu'à ce qu'il soit brutalement rompu par une Joyce complètement hystérique qui venait de me sauter dessus en poussant un cri de bonheur qui irrita un instant mon tympan.

Je dû lâcher Yaël et m'accrocher à ma meilleure amie pour espérer ne pas tomber. Mes mains se posèrent sur ses hanches alors qu'elle sautillait encore devant moi, un immense sourire habillant son visage, s'accordant à ses yeux brillants de joie. Elle ne se calma qu'après avoir déposé un baiser bruyant – et certainement plein de rouge à lèvre – sur ma joue.

— Tu as été dingue, Swann ! s'exclama-t-elle. Ça fait tellement de bien de te revoir jouer ! Tu semblais tellement épanoui, tu volais, Swann !

Je ne lui répondis que par un sourire avant de déposer, à mon tour et en bousculant un peu mes habitudes de personne non tactile, mes lèvres sur son front. Joyce, heureuse, resta accroché à mon bras jusqu'à ce que son petit-ami nous rejoigne.