Angel or not... (Terminé)

Manipulation.

Liam me colle au train, impossible de le semer. Qu'est-ce que je vais pouvoir lui dire ? J'n'ai pas envie de lui parler. Il a baiser Béthanie et les imaginer ensemble me fous méchamment en rogne. Et puis quoi? De toute façon, je ne le connais pas et je ne peux pas le faire entrer dans ma vie.
D'un autre côté, si je veux être honnête avec moi-même, il m'attire tellement que je finirais tôt ou tard dans ses bras. Il faut que je garde le contrôle de notre relation, je dois anticiper, limiter. Je dois prendre les devant, mettre des règles en place. Et pour ce faire, il faut que cela soit subtile. Peut-être en flattant son égo ? Est-ce qu'il tombera dans le panneau ? Ça, rien n'est moins sûr.

Arrivés à mi-chemin de notre trajet de retour, je bifurque sur la droite où des usines désaffectées se succèdent à perte de vue. Je me gare sur le premier parking à l'abandon et l'attends. J'enlève mon casque que je mets sur mon guidon et reste assise sur ma bécane, mains sur le réservoir. Il se gare près de moi mais en sens inverse avant d'ôter son casque à son tour. Nos yeux se connectent instantanément, j'avale difficilement ma salive, j'essaie de faire redescendre toute ma rage et de paraître zen. Un rictus mauvais, qui n'augure rien de bon, apparaît sur son visage. Moi je suis zen, zen, zen. Allez ! On y croit tous !

Sans que je m'y attende, il se lève, m'attrape sans ménagement et m'assoie sur le réservoir de sa moto avant de choper ma nuque et de coller son corps brutalement contre le mien. Mon corps, ce traître, répond dans la seconde et s'arc-boute, tandis qu'un gémissement incontrôlé sort de ma bouche. À peine ai-je levé les yeux vers lui qu'il m'embrasse sauvagement, comme un camé en manque, en manque de moi. Mes mains s'agrippent à son cou et ses cheveux. Mon cerveau fait une pause, laissant de côté tout le reste. Je ne suis plus que sensation, intensité. Ma respiration, nos respirations se font plus fortes, plus profondes. Ce baiser est une putain de libération.

Liam éloigne ses lèvres des miennes et pose son front contre le mien en maintenant fermement mon crâne. Ses yeux ne sont que colère et envie, il est vraiment doué, peut-être qu'il pourrait me donner des cours de regards improbables ? Pff n'importe quoi, pour toute réponse je lui souris insolemment.

- Ne. Me. Fais. Plus. Jamais. Ça.

Sa voix est froide et posée, son ordre pourrait englober tellement chose que je fronce les sourcils. C'est que, j'en ai fait des trucs qui pourrait le mettre en rogne. Mon sourire de garce s'agrandit en pensant à tout ce que je lui ai fait endurer depuis vendredi soir. Il se redresse sans me lâcher la tête et me force à le regarder et je n'aime pas ça. Je ne suis pas une de ces filles faciles et tactiles qui lui lèche la pomme. Ses yeux me transpercent de part en part, les miens ne doivent pas être très accueillants non plus.

- Ne me fuis plus jamais. Tu vas bien enregistrer ce que je vais te dire. Tu es ma nana. C'est une évidence alors accepte-le.

Je ne peux pas. Je me dégage de son emprise d'un petit coup de tête en arrière. Comprenant que cela m'énerve, il me lâche et croise ses bras sur son torse musclé, j'adopte la même posture. Pas très engageant tout ça. J'humecte légèrement mes lèvres et relève des yeux pleins de défi vers lui. Zen attitude ? Où es-tu ? Je le foudroie du regard et lui réponds le mot qui me semble le plus approprié, mais sans les injures.

- Non.

Je le pensais énervé, heu bah non. Là, il l'est. Mâchoire et dents serrées, il décroise lentement ses bras, une veine bat sur sa tempe gauche et ses yeux sont deux trous noirs. Il passe ses bras de part et d'autre de mon corps, ses mains agrippent fortement les poignées de sa bécane. Il avance sa tête sans me lâcher une seule seconde du regard jusqu'à n'être qu'a trois petits centimètres de mon visage.

- Je te poursuivrai sans relâche, je buterai le premier qui essaiera de poser les mains sur toi. Je viendrai te trouver où que tu sois. Tu capituleras, tu seras ma femme.

Sa tirade complètement macho et un peu psycho sur les bords, m'arrache tout de même un frisson d'excitation. Il le remarque et un sourire narquois se dessine sur ses lèvres. Je dois mettre de la distance entre nous. Des règles. Voilà ce qu'il nous faut. Allez je me lance. J'espère que ce n'est pas une de ces idées pourries qui en générale vous fout dans le merde.

- Je veux être ton plan cul exclusif. On mettra en place des règles.

Son regard devient encore plus sombre et plus menaçant.

- Non, c'est hors de question, tu seras ma...

-Je ne te laisse pas le choix. C'est ça ou rien.

Ses yeux se plissent en deux fentes assassines.

- De la merde, tu...

Un téléphone sonne, telle une cloche sur un ring le rappelant à l'ordre. Sans s'éloigner, Liam sort son portable et lit le message. Ses yeux coléreux passent de moi au message deux fois puis il se redresse.

- Bon, je dois y aller bébé.

Hein ? Il appuie ses lèvres sur les miennes tendrement. Quoi ?! On n'était pas en train de se prendre la tête là ?

- Tu... Quoi ?

Il sourit doucement.

- À ce soir. 22h00. Où?

Il s'apprête à me soulever et s'arrête une fois ses mains sur mes hanches.

- Où bébé ?

- Non, Liam, ce soir je...

- Où bordel ?!

Je sursaute légèrement face à son éclat de voix. Ho purée ! Il commence à me plaire celui-ci. Je respire fort et lentement pour ne pas m'emporter inutilement. Je baisse les yeux sur son torse avant de lui répondre.

- Pas ce soir.

À son tour d'inspirer profondément, il s'assied sur sa scelle, ses yeux, suppliants, reviennent à ma hauteur. Ho la la, je suis foutue. Même le Chat Potté peut aller se rhabiller. Il a baissé la tête, seuls ses yeux sont levés vers moi. Il me regarde avec douceur et détourne habillement les yeux avant de me sortir un beau baratin, qui je suis sûre, va fonctionner.

- Bébé, tu connaîtras bientôt tout de moi, alors s'il te plaît où que tu sois, laisse-moi venir quelques minutes que l'on finisse notre discution.

Sa voix est douce et encore plus grave que d'habitude.

- S'il te plaît. Où ?

Et voilà coup de grâce. Sauf qu'il ne m'aura pas. Je résiste.

- Liam, demain j'ai...

Il pose sa main baguée sur ma joue et me fait taire d'un tendre et profond baiser qui bien-sûr me fait perdre pied. Sans décoller sa bouche de la mienne, il me chuchote inlassablement des "où". Chaques souffles, chaques mots sur mes lèvres sont comme des détonations de plaisir. Je soupire de bien-être et ne m'aperçois qu'après coup de mon erreur.

- Où ?

- Chez moi.

Il sourit contre mes lèvres et approfondit son baiser quelques secondes avant de de se reculer, de me replacer rapidement sur ma bécane, de remettre son casque et après un dernier clin d'oeil, partir à toute allure. Abasourdie par ce qu'il vient de se passer, je l'observe sortir du parking et accélérer, encore.

Je crois que je viens de me faire manipuler et j'ai horreur de ça.

Enfoiré...