É merda ! (C'est la merde)

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Angel

Putain, j'ai mal...


Maddox

– Porca puttana troia !

Il piccolino me regarde avec de grand yeux et un sourire en coin. Ce n'est pas son fils et pourtant, il a les mêmes mimiques défiantes de Liam. Va falloir le surveiller celui-ci ou l'encourager. À voir.

– Ze sais que tu viens de dire un gros mots. Ze le dirais pas t'inquiètes pas.

Je pouffe, de part sa nature de bambino, il arrive à faire redescendre ma pression artérielle.  Assis sur la banquette arrière de la voiture de Liam, je lui tends mon poing qu'il checke.

– Merci mon pote.

Il déglingue ce gosse, il aurait plu à mama. Je l'aime autant que sa mère. J'ai rapidement su qu'elle était différente. Elle est la seule que j'ai réellement désiré et qui m'ai repoussé, inlassablement. C'est con, mais c'est grâce à ces rejets répétés qu'elle a gagné mon total respect et ce depuis trois ans. Elle ne déroge pas à ses valeurs, elle est admirable. Elle ne me prenait pas au sérieux mais m'a vite accepté comme son ami. À ses yeux, j'étais "un gosse de riche" un peu plus cool que les autres. Cette dénomination me fait bien rire. C'est une case dans laquelle je n'arrive toujours pas à m'intégrer. Ma sœur s'y est accommodée mais elle est encore jeune et ne se rappelle pas la vie que mama nous offrait, pas riche de thunes mais riche de plein d'autres choses. Mes parents d'adoption et elle, sont à l'abri, partis faire un petit tour du monde, ils ne reviendront pas avant plusieurs semaines et c'est très bien ainsi.

Avant que je ne découvre sa vrai identité, Angel était ma priorité au lycée, je n'ai jamais hésité à lâcher les meufs qui me tournaient autour pour aller la rejoindre. Aujourd'hui, elle l'est en permanence. Elle occupe une grande partie de mes pensées. Hier, mon instinct me hurlait que sa venue chez Liam n'était pas normal, qu'il lui était arrivé quelque chose de grave et j'avais raison. J'ai observé toute cette soirée d'un œil vif et comme à mon habitude, j'ai tout analysé. Et la conclusion ne me plaît pas mais nous facilite la vie. Les Sons of War et mes frères sont vraiment dans un merdier sans nom, è merda !

Vingt minutes que nous roulons en direction du nord, loin de tout ce foutoir. Je vais mettre Jérémy en sécurité. C'est ce que je dois faire. Pour elle et pour Liam.

– Maddoch ?

– Mmh ?

Le rétroviseur me renvoie l'image d'un gamin qui veut paraître fort mais qui est en réalité bouffé par l'inquiétude.

– Maman et Liam y vont bien ?

Je ne sais pas mais je ne peux pas lui dire ça. Il a besoin de certitude. Je mets mon oreillette et prend mon portable ayant Liam pour seul destinataire des appels.

– Je vais appeler Liam. OK ?

– OK.

J'ai un putain de mauvais pressentiment qui me broie le bide. Après trois sonneries, une voix dure et froide me répond.

– Mad. Un problème ?

– Et toi ?

Je l'entends souffler bruyamment et se mettre à l'écart du bruit l'entourant.

– Putain je...

Merda, j'entends la détresse dans sa voix et c'est bien la première fois. Ma respiration se bloque en attendant la suite.

– Putain pour faire court, Angel a disparu, sa bécane a été retrouvée défoncée. Y'a pas de corps.

Porca puttana troia ! Mes doigts se crispent sur le volant. Je regarde rapidement Jé qui ne perd pas une miette de ma conversation. Heureusement qu'il n'entend pas. Je lui fais un clin d'œil qui semble le rassurer mais moi je suis au porte du pétage de cable.

– OK.

– Quoi OK ?! Tu te fous de ma gueule ? C'est tout ce que ça te fait.

Je contracte rapidement les mâchoires et reprends une voix douce enfin autant que je peux.

– Jérémy est avec moi.

– Bah sors sur la terrasse ou va dans une autre pièce.

– J'peux pas. Nous sommes dans ta caisse.

Un silence accueille  ma pseudo confession. Il attend la suite, je le sais.

– Tim n'a pas arrêté de gueuler ce matin. J'ai perdu patience, j'ai été le voir. Il avait des choses à nous dire.

Petite œillade à Jé. Il est à présent absorbé par le paysage mais je ne doute pas que ses oreilles trainent. Liam s'impatiente.

– Mad !

– Dans un élan de fraternité, il m'a appris que Snake n'était plus sous les ordres de Marlowe, qu'il préparait sa retraite, qu'il avait encore des petites choses à régler et qu'il allait débarquer d'un instant à l'autre car tu fais parti de ces petites choses.

– Merde.

– Ouais, Snake est après ton cul. J'ai laissé Tim sur place, avec les gars, on a pris le sac de Jé et les vôtres puis on est parti. On s'est barré par l'escalier de secours. Heureusement, que tu l'as fait réviser il n'y a pas longtemps !

– Mad !

– Ouais, ouais. Arrivés en bas, deux coups de feu ont retenti. J'ai pris ta caisse, je le mets à l'abri. Les gars sont en surveillance, tu ne devrais pas tarder à avoir des nouvelles.

Il ne dit rien mais je sens la rage et la haine le grignoter un peu plus à chacune de ses respirations. J'aimerais pas être à la place du premier qui le contredira. Il va falloir qu'il expulse tout ça.

– Liam tu veux ma théorie ?

– Ouais p'tit malin.

– C'est Snake.

– Bah ouais, je le sais puisque Tim bossait pour Snake.

Putain, il pige que dal !

– Putain écoute mon frère ! Trouve Snake ! Appelle les gars voir s'ils l'ont vu ! C'est Snake bordel !

Un blanc. Je le vois d'ici en train de se pincer l'arrête du nez.

– Non, tu dois te tromper.

– Tu me vexes. J'ai l'habitude me tromper ?!

– Non.

– C'est Snake, sinon pourquoi il en aurait après toi ? Tu as son petit moineau. Et je suis sûr qu'il a des hommes parmi les SoWar.

Je l'entends déglutir. 

– Bordel. Bien sûr. Prends soin de mon fils, mon frère.

Il raccroche aussi sec, je souris brièvement. Il a dit fils. Il a déjà adopté ce gamin.



Angel or not... (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant