La douleur efface la douleur.

966 103 1
                                    

Angel

Mes paupières sont lourdes, j'ai besoin de dormir. Encore.

– Mon petit moineau, il est l'heure ma douce, réveille-toi.

Cette voix, putain cette voix. Non. Elle me sort de ma torpeur plus vite que je ne l'aurais voulu et me terrifie au plus profond de mes entrailles. Non. Ce n'est pas possible. 

– Allez, allez, ouvre tes beaux yeux. 

J'essaie de bouger mais je suis entravée. Une vive douleur dans la jambe finit de me réveiller. Mes paupières s'ouvrent subitement et tombe sur un Snake heureux, en train d'appuyer sur ma jambe cassée ou déboîtée. Je serre les dents mais ne peut retenir un gémissement de douleur. Dire que je flippe est en dessous de la réalité. Je suis terrorisée même si j'essaie de montrer le contraire. 

– Comme tu es belle. Hé bien, tu as perdu ta langue mon petit moineau ? 

– Où est Jérémy ?!

Mon cœur s'affole à l'idée qu'il ait pu lui faire du mal.

– Je ne sais pas. Nous irons le chercher quand tout sera fini.

Il est en sécurité, Liam a fait ce qu'il fallait. Un bref soulagement s'abat sur moi. Ses yeux sur moi sont doux, c'est étrange on dirait un autre homme. 

Le flash de mon accident me percute violemment et vient effacer la tranquillité qu'il affiche.  Snake derrière un volant semblant rire comme un dément, me fonçant dessus et me traînant, moi et ma bécane, sur plusieurs mètres jusqu'à ce que je tombe inconsciente.  Il claque ses doigts devant mon visage. 

– Reste avec moi ma douce. Tu ne voudrais pas rater le feu d'artifice que j'ai préparé pour toi tout de même. 

Il attrape la chaise sur laquelle je suis solidement attachée et me tourne sans ménagement vers une des fenêtres, ce qui m'arrache un cri de douleur qui le fait rire. Je souffle bruyamment, je vois des étoiles qui disparaissent vite quand les doigts de mon geôlier viennent s'abattre brutalement sur ma joue. 

– Ne te rendors pas ! Ne t'inquiètes pas je vais prendre soin de toi quand tout sera fini. 

Enfoiré ! Bien sûr, je ne réponds rien, je ne suis pas suicidaire et préfère me concentrer sur mon environnement. Nous sommes à l'étage de ce que je crois être une usine ou un entrepôt, dans un grand bureau aux murs de parpaings blancs. J'ai cru distinguer des portes sur le coté. Dehors, il y a d'autres entrepôts à perte de vue. Zone industrielle, nord de la ville. 

– Je vois que tu t'es repérée mais peu importe bientôt tout sera fini. 

Il se répète là. Peut-être veut-il que je lui pose la question ? Mais ai-je envie d'entendre la réponse. Il se frotte les mains comme s'il était impatient.

– Je pense que bientôt

– Oui oui ! Tout sera fini mais quoi ?!

Ho putain ! On ne crie pas sur Snake, je m'attends à une autre baffe mais contre toute attente il me sourit de toutes ses dents, heureux.

– J'aime ce trait de caractère chez toi. Tu es la bonne, je le sais. Tu es la seule qui fera fi de tous mes pêchés. Tu apprendras à m'aimer pour l'homme doux que je suis. Aucune autre femme ne peut mieux me correspondre. Tu as déjà tué, tu connais les tourments de cette vie. Quoi de mieux pour une princesse qu'un roi ?

Merde c'est lui mon harceleur, au fond de moi je le savais mais je ne voulais pas. Non, pas lui.

– Un prince ?

Merde, merde. Mais qu'est-ce qu'il me prend ? ! Il rigole a gorge déployée et arrête net. Plongeant ses yeux dans les miens, il attrape mon menton pour être sûr que je le regarde.

– Ton prince ne serra bientôt plus qu'un souvenir doux-amer pour ma part. 

Mon cœur se serre violemment mais je ne dis rien, la peur me nouant la gorge.

– Je voulais le mettre à l'abri. Je l'aimais bien ce petit, je me retrouvais un peu en lui. Mais...

Ses yeux partent dans le vague quelques instants mais je devine facilement la suite. Mais moi.

– Mais il s'est entiché de toi. Et tu es à moi ! Je t'ai réservée ! J'ai vu ton potentiel alors que tu n'avais que douze ans. Mais on peut bien m'attribuer nombre de crime, je ne suis pas un pédophile. J'ai su attendre tes dix-huit ans. 

Il me caresse la joue, je me recule instinctivement. 

– Tu t'y feras ma belle.

Non jamais. Je te butterai avant. 

– Est-ce que tu veux savoir comment je vais le tuer ? 

Je fais non de la tête. Il rit.

– Je vais te le dire quand même.

J'inspire profondément.

– Ici et devant toi, une balle dans la tête. 

Mon corps trésaille face à l'image qu'il vient de mettre dans mon esprit.

– Et comme je m'y attends, il ne viendra pas seul, alors tous les autres y passeront aussi. Nous avons une armée pour nous protéger mon petit moineau. Tous ces bikers qui semblent avoir une place dans ton cœur vont tous mourir un par un pour me laisser toute la place dont j'ai besoin. 

Soudain, j'entends des bécanes, beaucoup de bécanes. Non, Non, NON ! 

– Bien sûr comme tu l'imagines c'est un piège. Ils vont tous sauter. 

 Son rire me fait froid dans le dos, il se délecte à l'avance des souffrances qu'il va engendrer. J'essaie de rationaliser pour palier à la panique qui m'envahit mais rien n'y fait. Le sol vibre, les motos s'approchent, je vois les premières arriver au loin. Mes yeux se ferment violemment quand j'entends la première déflagration. Non, non, non. Je les connaissais forcement. NON. Mon cœur se broie. Tout ça est de ma faute ! Merde ! Ma poitrine se lève et se baisse de façon saccadé. La souffrance que cette merde engendre est insupportable. Je ne me suis jamais sentie aussi impuissante qu'en cet instant. Une deuxième explosion retentit et ce dingue applaudit et rit de plus belle. Je mets ma douleur physique de coté et me débat en tout sens, folle de rage. 

– Arrête ça !!! Snake S'il te plaît arrête !!

Il s'arrête de rire, seul le bruit des moteurs raisonnent dans l'air. Ça et mes pleures. Il me gifle furieusement. 

– J'attends de toi que tu sois plus forte que ça ! Et ne me supplie pas. Venant des autres cela m'agace prodigieusement et je les bute, alors venant de toi je ne le tolérerai pas ! Je passe pour cette fois. Ouvre les yeux. 

Je fais non de la tête alors que des coups de feu éclatent. 

– Arrête ! Je ferai ce que tu veux.

– Ouvre les yeux !

J'obtempère et lève les paupières. Il m'attrape par le cou, me rapproche de la fenêtre et me montre, fier de lui. Au sol des dizaines de corps, certains bougent encore d'autres ne sont plus que des corps déchiquetés. Il rit devant mes hurlements, devant ma souffrance et m'embrasse la joue. Mes larmes dévalent mes joues, mon cœur bat trop vite, ma vision se brouille. 

– JE TE BUTTERAI SNAKE ! Je ne serrai jamais tienne !

– Cela risque d'être intéressant, un peu de piment dans notre future vie à deux. J'ai hâte. 

Il place son visage à quelques centimètres du mien puis écrase sauvagement ses lèvres sur les miennes. Je veux reculer mais je ne peux pas, il tient mon crâne dans ses mains. Lorsqu'il me relâche et se recule, je lui assène un puissant coup de tête qu'il reçoit dans le nez. 


Après ce coup magistral, la jeune femme n'a pas le temps de voir venir le poing qui s'abat sur sa joue et qui la fait sombrer dans l'inconscience. 

Angel or not... (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant