Le dos cassé, les jambes lourdes, tout comme mon cœur, la tête en vrac et mes yeux fatigués, je m'efforçais de rester éveillée. Nabil était venu me chercher pour m'emmener au bureau, ou ma journée allait être -du moins je l'espérais- moins fatigante que la précédente, et moi stressante aussi.
Je ne savais pas à quoi m'attendre. Si on allait travailler ou non, si tout le monde serait là, si la police serait là, je n'en savais rien. Et ma peur intense de l'inconnu ne faisait qu'accroître au fils de minutes alors que le paysage urbain défilait sous mes yeux.Nabil était resté étonnement silencieux. C'était bien la première fois qu'il était si peu bavard, et je doutais que ça soit seulement à cause de la fatigue. Ses cernes brunes sous les yeux me laissaient comprendre qu'il n'avait pas doris beaucoup plus longtemps que moi, et sa manière brusque de conduire aussi. Je le sentais tendu, sur les nerfs, ailleurs. Je détestais le voir comme ça, mais je pensais savoir ce qui le mettait dans cet état. J'étais presque sûre qu'il avait pensé la même chose que moi quant aux agissements de son frère; le fait qu'il ai disparu de la circulation pendant plusieurs jours, qu'il n'ait pas réagir à l'annonce de la mort de Luc, son comportement encore plus froid que d'habitude. Il avait sûrement pensé la même chose que moi, et j'osais à peine me mettre à sa place. J'étais déjà toute retournée et imaginant Tarik commettre un meurtre, mais Nabil devait devenir fou. J'ignorais si ils avaient eut une conversation tous les deux, mais vu l'heure tardive à laquelle Tarik avait quitté mon appartement la veille, je doutais qu'ils en aient eu une.
De peur de le froisser, ou qu'il réagisse mal, je m'étais abstenue de lui poser des questions. De toute façon, mon cerveau carburait à plein régime depuis la veille, n'importe quelle information de plus manquerait de me faire exploser et je n'en n'avais pas envie. J'allais parler a Nabil, m'assurer qu'il aille bien, mais plus tard. J'estimais qu'il avait besoin d'un peu de temps pour lui aussi pour le moment.Nabil
Une fois Chloé rentrée dans l'bat de son taff, j'reprenais la route sans vraiment calculer ou j'allais. J'étais bien content qu'elle me laisse utiliser sa caisse la journée parce que c'était mort que j'prenne celle de mon reuf.
J'étais pas con, même si j'en avais l'air des fois. Il m'avait pas fallu longtemps pour faire le rapprochement entre l'attitude chelou d'Tarik et la mort de Luc. J'étais convaincu qu'il y était pour quelque chose, mais j'allais même pas chercher à avoir sa version des faits, j'risquais de devenir ouf sinon et j'préférais éviter ça. J'devais d'abord gérer Chloé qui était dans tous ses états et ça pouvait s'comprendre de fou. Elle faisait zehma tout allait bien mais une fois encore, j'étais pas con. J'voyais bien qu'ça n'allait pas du tout et c'était pas l'fait qu'elle mette du fond d'teint sur ses cernes qui allait m'faire penser l'contraire. Ça se lisait dans ses yeux.
La semaine avait été dure, pour tout l'monde; mon reuf, oim, mais pour Chloé particulièrement. J'savais meme pas comment elle arrivait à sortir d'son lit et faire sa vie comme si de rien n'était alors que moi j'avais qu'une seule envie c'était d'rester collé à mon lit toute la journée tout seul. Elle était surhumaine, c'était pas possible autrement. J'avais jamais vu quelqu'un avec autant d'force mental, et pourtant j'en connaissais des gens qui avaient des vies d'merde. Mais elle, wAllah c'était une héroïne, une vraie dame, un bonhomme. Elle avait des couilles de ouf et j'l'admirais grave pour ça.
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Dans le noir -Tarik Andrieu
أدب الهواة« crime passionnel que j'commet » Commencée le 13 mai 2019