Dans le noir -Tarik Andrieu

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-Ta main ça va? me demandait Tarik

-Ça va aller, affirmais-je en la passant sous l'eau

Je n'avais encore pas ressentis une quelconque douleur au niveau de ma main depuis le début, comme si elle était endormis ou engourdis, mais maintenant que je l'avais mis en contact avec de l'eau pour nettoyer le sang qui s'était écoulé de mes jointures, ça commençais à me piquer sérieusement. De plus, je remarquais seulement maintenant qu'elles étaient gonflés, ce qui était sûrement normal vu la force que j'avais mis dans mes coups, mais ça me faisait un peu paniquer.

-Montre moi ça

Sans me laisser le temps de réagir, Tarik attrapait doucement ma main, l'examinant sous tous les angles comme un pro.

-Si je touche t'as mal?

-Aie! grimaçais-je

-Oups, souriait-il

-T'es pas énervé? demandais-je, le gorge serrée

La vérité, c'était que je me retenais de pleurer depuis cinq bonnes minutes, depuis qu'on était rentré dans l'appartement de Nabil, et qu'on l'avait traversé pour aller jusqu'à la salle de bain, et que ce dernier n'avait même pas sourciller. Il n'avait pas bougé de son canapé, il fixait le sol quand on était passé, sans bouger, sans rien dire.

Maintenant que ma colère était plus ou moins passée, j'avais fortement envie de pleurer. J'ignorais pour quelle raison précisément, de nerfs, de soulagement, de fatigue, peu importe, je prenais juste sur moi pour ne pas exploser. Pas maintenant en tout cas.

-Un peu, répondait-il simplement en se tournant vers le placard

Il en sortait des compresses et des bandages, ainsi que du désinfectant, avant de m'inciter à m'asseoir sur la meuble à côté de moi.

-Parce que j'kiff pas d'savoir que ma femme se bat, continuait-il

-J'ai pas réussis à me contrôler, disais-je d'une petite voix

-Je sais, j'avais compris, pouffait-il

-Elle regrette rien, pas un seul mot qu'elle lui a dit, disais-je en étouffant un sanglot dans ma main, elle a même dit que si c'était à refaire elle le referai

-Pleures pas hbiba, soufflait-il en caressant ma joue

-C'est ton désinfectant qui me défonce, je pleure pas pour elle, me ressaisissais-je en essuyant mes yeux

-Tu sais toujours aussi mal mentir, riait-il doucement. J'vais pas te dire que t'as bien fait d'la hagar, mais j'pense que t'as soulagé tout l'monde en l'faisant par contre

-Tout l'monde sauf Nabil apparemment

-Lui le calcule même pas c'soir, il est sur une autre planète là ça sert à rien d'lui parler

-On peut rentrer maintenant? J'ai plus trop envie de rester

-Ouais on va y aller, je finis ça et on bouge

Il terminait donc de bander mes mains, puis on sortait de la salle de bain. Visiblement, les garçons n'étaient toujours pas remontés puisque Nabil était toujours seul au milieu de son salin, et toujours dans la même position. Il faisait presque peur à voir.