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Fatiguée de ma nuit mouvementée, encore plus que d'habitude, je baillais pour la centième fois de la matinée

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Fatiguée de ma nuit mouvementée, encore plus que d'habitude, je baillais pour la centième fois de la matinée. On nous servait des frites à la cantine ce midi, ce qui me réjouissait car pour une fois, j'allais manger correctement. J'attendais les jeudis avec impatience chaque semaine, puisque chaque jeudi on nous servait des frites.

-Arrêtes de sourire comme ça Nabil tu m'fais presque flipper, grognais-je

-J'suis saucé meuf, mon reuf vient s't'aprèm, il pouvait pas venir la semaine dernière du coup ça date que j'l'ai pas vu

-On à notre heure de visite en meme temps aujourd'hui. Ma mère doit passer normalement

-Sérieux? J'pensais qu'elle venait qu'une fois tous les deux mois?

C'était comme ça d'habitude. Je ne l'avais pas confié à Nabil mais il l'avait bien remarqué, comme quasiment tous le monde ici. Ce qui les avait marqué je pense, c'était l'état dans lequel je me trouvais après chacune de ses visites. J'étais généralement pas bien après, sans que personne ne comprenne vraiment pourquoi puisque je ne m'exprimais jamais sur le sujet. C'était mieux ainsi.

-Normalement oui, mais elle a appelé hier, et elle passe cet aprem, soupirais-je

-Ça va l'faire?

J'haussais les épaules comme simple réponse. Ça n'allait certainement pas se passer mieux que d'habitude, je ne voyais pas pourquoi ça serait le cas. Même si je savais à quoi m'attendre à chaque fois, ça n'empêchais pas que je ne suis pas préparée à chaque visite de ma mère. C'était la même chose à chaque fois. J'étais toujours dans le même état, pendant et après.

-J'suis pas l'genre a parlé comme aç tu l'sais, mais si t'as b'soin d'parler j'suis al

Je lui souriais comme simple réponse, reconnaissante qu'il soit là. Je n'allais pas lui parler du problème qu'était ma mère, mais c'était gentil de sa part de me dire ça.

-J't'ai jamais vu sourire autant qu'les jeudis, t'es fascinante, il ricanait

-J'aime les frites, répondais-je la bouche pleine

-J'vois ça ouais

-Le grec du quartier me manque en vrai, des qu'je sors d'ici j'vais m'en payer un

-WAllah même moi, c'est une dinguerie. J'en rêve des fois carrément

Je pouffais. J'aimerais bien faire des rêves contenant des kebabs, plutôt que ceux que je faisais. Je donnerais beaucoup pour rêver de grec en vérité.
J'avalais goulûment mon assiette de frites, les trempants dans mon ketchup et ma mayo. Tous les jeudis, Nabil se foutait de ma gueule pour la façon dont je trempais mes frites dans leurs sauces. Je mettais de la mayo à une extrémité de la frite, et du ketchup de l'autre. Il m'avait dit qu'il n'avait jamais vu quelqu'un faire autant attention à ne pas mélanger les deux sauces.

Dans le noir -Tarik AndrieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant