Dans le noir -Tarik Andrieu

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Ma grosse crise de larmes passée, encore plus grosse que celle que j'avais eu avant même de rentrer dans la maison, je m'étais calmée et on avait pu faire les présentations correctement. Je me sentais comblée au possible, entourée uniquement de personne plus que chères à mes yeux; Tarik, ma grand mère, et mon père.
Beaucoup de choses avaient changés depuis que Tarik était partis le voir des années plus tôt, à commencer par son divorce avec ma génitrice. Je ne la considérait même plus comme une mère, elle était simplement celle qui m'avait mise au monde, mais plus rien d'autre. Je ne ressentais plus rien pour elle, à part peut être de la peine. J'étais peinée qu'elle soit incapable d'aimer quelqu'un d'autre que sa petite personne. Mais ce n'était plus mon problème maintenant.
Quelques semaines après que Tarik soit partis le voir pour tout lui raconter, il avait reprit contact avec moi. On avait prit une journée entière rien qu'à deux pour s'expliquer et mettre les points sur tous les I, et tout était rentré dans l'ordre. C'était à ce moment là qu'il m'avait annoncé que lui et ma mère avaient décidés de divorcer. Ça ne m'avait pas réellement surprise, même si je ne m'y attendait pas. Mais mon père semblait bien plus épanouis depuis qu'ils n'étaient plus ensembles, et c'était tout ce qui m'importait réellement. Il avait quitté la France, n'y revenant que rarement pour revoir ses enfants, et je devais avouer que depuis le jour où il avait quitté le territoire français, personne n'avait jamais vraiment su où il était. Il semblait faire son chemin de place en place, sans vraiment d'attache particulière, voyageant simplement et découvrant les paysages qu'il rêvait de découvrir depuis longtemps. Mais j'ignorais qu'il s'était réconcilié avec sa mère, il ne m'en avait jamais parlé, et le voir ici, au Venezuela, avec sa mère faisait exploser mon coeur de joie. J'ignorais de quoi Tarik avait peur puisque c'était la meilleure surprise que n'importe qui puisse un jour me faire, sans aucun doute.

Les années étaient passées depuis la dernière fois que j'avais vu ma grand mère, son visage était bien plus marqué que dans mes souvenirs mais malgré ça, elle restait la femme magnifique que j'avais connu et qui m'avait toujours inspiré, même quand j'avais à peine six ans. La revoir maintenant, tellement d'années après, et pouvoir lui présenter Tarik, c'était la meilleure chose.
J'avais hâte de passer tout mon temps avec elle pendant deux semaines, et de profiter de la présence de mon père également que je n'avais pas vu depuis plusieurs mois maintenant. Tarik avait assuré plus que jamais, je lui en serai éternellement reconnaissante.

-Vous dormirez dans la chambre du haut, je vous l'ai préparé exprès, nous disait Abuela une fois nos bagages sortis de la voiture

On avait eu le temps de se poser quelques heures sur la terrasse de l'autre côté de la maison, profitant de nos retrouvailles pour parler des choses importantes qui nous étaient arrivés depuis la dernière fois qu'on s'était vu. En réalité, j'avais parlé avec Abuelita plus qu'avec n'importe qui d'autre; on avait énormément de temps à rattraper, et apparement Tarik et mon père aussi puisqu'ils avaient discuté pendant des heures aussi, sans même se soucier d'Abuela et moi.
Même si j'avais adoré discuter avec elle pendant des heures, et si j'avais apprécié plus que tout qu'elle ne me porte aucun jugement ni remarque quant à mon passé, dont elle était bien évidemment au courant, je sentais quand même que quelques chose manquait. J'avais le sentiment étrange, voir même malsain pour moi, d'avoir envie qu'elle me fasse une remarque. J'ignorais pourquoi réellement, mais peut être que je voulais avoir son ressenti quant à cette histoire qui avait fait de moi la personne que j'étais, même si en temps normal je détestais revenir sur cette période de ma vie. J'avais le sentiment qu'avec elle, j'avais besoin de parler de ça et me libérer. Bien qu'elle parle très bien le français, on avait parlé exclusivement en espagnol toutes les deux, et c'était bête comme réflexion, mais peut être que c'était ce changement de langue qui me mettait plus en confiance pour parler de ces souvenirs là. En tout cas, même si le sujet était clos depuis quelques heures maintenant, je comptais bien revenir dessus à un moment donné pendant ce séjour. J'en avais besoin.