Chapitre 28

229 24 67
                                    

CHAPITRE 28

Draco Malfoy s'était retrouvé empêtré dans un tourbillon de sentiments et de tensions. Mis à l'écart, montré en traître, poussé à rejoindre des sorciers qui l'effrayaient jusqu'à l'acte ultime qui le faisait douter immanquablement des idées qu'il prônait avec vigueur. On le blessait mentalement pour l'affaiblir puis on le torturait et enfin, ses propres camarades de classe s'adonnaient au même comportement. C'est ce mélange d'attaques malsaines qui poussait le jeune Serpentard à se remettre en question.

Basilis... où plutôt Stanislas Serpentard l'avait prévenu sans que le jeune Malfoy ne sache écouter ou entendre. Peut-être ne le voulait-il pas à l'époque ? Peut-être refusait-il de voir l'étendu du danger qui l'entourait ? Le retour à la réalité s'était fait brutal, douloureux et tellement humiliant. On le reléguait à un rang inférieur, lui, le fils Malfoy, sorcier de Sang-Pur.

Aujourd'hui, pour sa sécurité qu'il comprenait ô combien menacée, il était prêt à aller vers ceux pour qui il vouait une haine et une jalousie à toute épreuve : Potter, Granger et Weasley. Nazca avait eu raison. Ses amis n'étaient pas fiables, ils ne l'avaient jamais été et ne le seraient jamais. Ses ennemis, en revanche, tenaient parole et faisaient preuve d'une générosité et d'un courage remarquables. Encore fallait-il que Draco se défasse de sa fierté mal placé de Serpentard pour oser demander de l'aide...

C'est ainsi, perdu et brisé, qu'il s'était retrouvé à errer dans les couloirs jusqu'à tomber sur cette grande porte se creusant dans le mur. Cela ne l'avait pas rassuré au départ. Et si Blaise lui tendait un autre piège ? Puis, reprenant ses capacités de réflexion une fois sa peur calmée, il se souvint de l'endroit où il se trouvait. Derrière cette immense porte qui semblait apparaître selon son bon vouloir se trouvait Potter et tout ceux qui le suivait. Combien étaient-ils exactement ? Draco n'en savait rien. Il prit sur lui-même pour pousser la porte doucement, sans un bruit. Il n'était plus à une humiliation prêt... Qu'avait-il à perdre ?

À l'intérieur, il dénombra pas moins d'une vingtaine d'élèves s'exerçant à la magie. Les sortilèges de stupéfixion partaient à première vue en tout sens. Draco comprit rapidement cependant que l'organisation était exemplaire. Assemblés deux par deux, Gryffondor, Poufsouffle ou Serdaigle, les élèves s'entraînaient sans relâche sous le regard attentif de Harry Potter.

Soucieux de ne pas être vu, Draco resta dans l'ombre et se cacha presque derrière l'une des colonnes. En vérité, il attendait simplement que quelqu'un remarque sa présence qu'il expliquerait à ce moment là seulement. En attendant, il scrutait les lieux de son regard gris où le voile brumeux de la tristesse et de la résignation s'infiltrait lentement. Le blond réfléchissait à un autre moyen mais il n'en trouvait aucun. Il ne restait plus que cette coopération intéressée avec ses rivaux...

Perdu dans ses pensées, Draco s'aperçut tout de même de l'immensité de la pièce qui fit écho à une autre à peu près similaire dans son Manoir. Des bibliothèques s'alignaient le long des murs et se gorgeaient de livres en tout genre sur les sortilèges de défense et d'attaques, les maléfices et autres magies utiles pour se préparer à la guerre qui couvait au dehors. De gros coussins moelleux de toutes les couleurs donnaient un air chatoyant à l'endroit et servaient vraisemblablement à amortir les chutes des élèves. Des cibles, enfin, étaient rangées sur les côtés et gardées certainement pour des exercices plus complexes ou moins bien maîtrisés afin d'éviter les blessures.

Observant avec intérêt les postures de chaque élève et la manière dont Potter les corrigeaient, Draco vit avec précision le sortilège de stupéfixion qui filait vers lui. Bien heureux de posséder encore des réflexes surprenants, il se précipita sur le côté, manquant par là même de tomber à terre. Une fois stabilisé, il se tourna vers la colonne où il se trouvait quelques temps plus tôt. Une trace noirâtre s'y était formée. C'en était moins une...

A travers les yeux du serpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant