Chapitre 32

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CHAPITRE 32

Une chose mystérieuse, le temps. Fugace. Une chose qui passe plus vite qu'on ne le voudrait ou parfois trop lentement. Une horloge, un sablier. Une mesure si fragile, tendre poussière dans un engrenage, et pourtant si dure. Le temps, cette malédiction vicieuse qui ne sait que piéger dans ses filets les inconscients, les égarés. C'est à ce sort que Stanislas fut condamné : l'errance solitaire au fil des siècles dans une apparence figée.

À ses vingt-cinq ans, lorsque le sort fut enfin achevé et qu'il devint immortel, éternel, il cessa de vieillir. Le temps filait sur lui comme l'eau glissait sur la roche lisse des rivières, comme le vent caressait les feuilles des arbres. Après la douleur atroce suivant la perte de chacun de ses amis, déjà trop peu nombreux et de cette famille qu'il n'appréciait que très peu vint la solitude amère. Stanislas développa une rancœur tenace à l'égard de son père pour qui son admiration s'amenuisait déjà depuis son adolescence.

Au début, il avait bien sûr essayé de rattraper ses erreurs car le chagrin était trop grand. Il voulait accomplir les plans de son père et purger la communauté magique des Sang-de-Bourbe et autres Sangs-Mêlés. Mais avec le temps il s'était lassé de ce combat qu'il savait faux et creux. Son attitude se fit plus méfiante que violente. Il coupa les liens qui l'unissait à des mages noirs animés de haine et de rêves de gloire.

Sa méfiance envers les Moldus s'accentua, bien sûr, mais il préféra se retirer loin de tout plutôt que de s'engager dans une lutte perdue par avance. Fuir pour ne plus nuire à ceux qui avaient tant persécuté les siens et méritaient au moins le même sort.

Stanislas s'installa dans le château familial à l'architecture médiévale noble et travaillée. Le portail noir en fer forgé s'entourait de grands piliers où se dressait un serpent aux allures menaçantes. Une longue allée bordée d'ifs menait à une vaste cour au centre de laquelle se trouvait une magnifique fontaine. Salazar Serpentard se tenait au milieu de longs serpents crachant par leurs gueules de fins jets d'eau.

Derrière elle, le château se présentait aux visiteurs sous son plus beau jour. Malgré ses teintes obscures, la demeure n'était pas lugubre. Elle reflétait la richesse et le pouvoir de cette ancienne lignée de nobles sorciers. Par endroit, le lierre recouvrait timidement les murs. Le jardin, toujours parfaitement entretenu, s'agrémentait de plantes aux couleurs pourpres ou violacées.

L'intérieur se décorait de portraits familiaux, de tapisseries médiévales relatant les exploits des membres de la famille, de statuettes reptiliennes et autres artefacts de magie noire. Le tout se plaçait dans un style baroque raffiné que les Malfoy auraient fortement apprécié. Évidemment, le vert était de rigueur et s'alliait tantôt à l'argent, tantôt au noir.

C'est dans ce refuge, ce lieu où il avait grandi, que Stanislas s'était reclus avec son fidèle serpent noir d'Herzil. Afin de se protéger du monde extérieur, le sorcier au regard émeraude avait créé une barrière magique empêchant l'intrusion de toute personne malveillante à son égard.

Mais en ce beau jour d'été 1995, le calme de la propriété Serpentard fut chassé par l'agitation des reptiles installés aux alentours. Le vent murmura la présence de trois sorciers à l'abord de la barrière magique dressée par Stanislas. Ce dernier ne fit qu'écouter et attendre, assis confortablement dans le salon à lire le dernier exemplaire de La Gazette du sorcier. Il s'était retiré de la communauté magique mais ne la délaissait pas pour autant. Comment aurait-il pu, lui, le fils de Salazar Serpentard ? Le Ministère connaissait son existence mais souhaitait la cacher et appréciait donc grandement l'attitude de Stanislas.

- Tu ne pourras pas échapper à ssse monde plus longtemps, souffla calmement Nazca qui se prélassait dans un coin de la pièce en observant Stanislas.

A travers les yeux du serpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant