A travers les yeux du serpent

Chapitre 41

CHAPITRE 41

La pluie battait son plein en ce matin de la mi-avril. Les nuages fermaient le ciel et encerclaient le château de l'école de Poudlard comme autant de corbeaux autour d'un cadavre. Les cœurs étaient tristes eux aussi et les mines mornes. Une défaite était une défaite. La nouvelle tomba ce matin comme un couperet sur les élèves de l'école : Dolores Ombrage remplacerait Albus Dumbledore à la direction de Poudlard.

Le sage avait fui et laissait les murs en proie à la folie cruelle du ministère. Les murmures s'élevaient dans les couloirs, dans la Grande Salle, dans la bibliothèque et même dans la salle des professeurs. Qui aurait pu croire que la révolte touchait même les plus âgés ? Seul Rusard et les membres de la brigade inquisitoriale semblaient enchantés. Et pour cause... Le pouvoir était leur désormais et plus personne ne se dressait sur leur route pour les empêcher d'en abuser.

Bouillonnant de colère, Stanislas Serpentard faisait les cent pas dans la salle des professeurs sous le regard plus qu'agacé de Severus Rogue, l'air compatissant de Pomona Chourave, la mine décontenancé de Filius Flitwick et l'oeil averti de Minerva McGonagall.

- Calmez-vous, soupira la directrice de Gryffondor au bout de quelques minutes. Il ne sert à rien de tourner en rond de la sorte.

- Ne me dite pas de me calmer, Minerva, siffla Stanislas dont les pupilles s'étaient étrécies en deux fentes verticales. Ne vous en déplaise mais voir cette harpie prendre le contrôle de cette école me met hors de moi !

- Je vous pensais capable d'un peu plus de sang froid, maugréa Rogue d'une voix lasse.

- Vous taisez-vous ! cracha l'intéressé. Aucun d'entre vous ne peux comprendre. Cette école est mon héritage pas le votre ! Le Ministère n'a pas à venir y mettre ses sales pattes !

- Hum hum, fit une petite voix sucrée.

Dolores Ombrage se tenait debout dans l'entrebâillement de la porte et affichait un large sourire sucré. Elle avança, tête haute, vers le centre de la pièce où Stanislas venait tout juste d'arrêter sa marche.

- Mon cher, le Ministère se doit d'intervenir lorsque son avenir est en danger. Il en va de la survie...

- Vous n'êtes pas la bienvenue ici, la coupa Stanislas d'un ton tranchant. Jamais mon père n'aurait toléré votre présence en ces lieux. Vous n'êtes rien.

La petite femmelette ronde qui se tenait à quelques mètres de lui prit un air parfaitement offusqué avant de sourire à nouveau dans cette attitude courtoise mais terriblement malveillante qu'elle prenait lorsqu'elle s'apprêtait à remettre un professeur à sa place. Si elle pensait y parvenir si facilement avec Stanislas, elle se trompait royalement !

- Votre père, commença-t-elle d'une voix trop douce, serait-il honoré de compter parmi les membres de sa famille un hybride tel que vous ?

Le sang de Stanislas ne fit qu'un tour. Ses pupilles, déjà fines, se réduisirent encore jusqu'à ne devenir que deux traits verticaux perdus dans les flammes émeraudes de ses iris. On osait le traiter d'hybride ! Lui, fils de Salazar Serpentard ?

À mesure que la colère montait en lui, ravageant tout ce qui le rattachait à l'être humain, l'atmosphère s'alourdissait et consumait l'air qui s'y trouvait. Conscients du danger, les habitants des portraits quittèrent leur tableau momentanément. Lef eu des bougies fut soufflé avec une brutalité rare. Les parchemins déposés çà et là volèrent en tout sens et le verre des vitraux vola en éclat.