Chapitre 44

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CHAPITRE 44

La fuite des jumeaux Weasley mit le feu aux poudres. Poudlard se transforma en un véritable parc d'attractions sorcier. Le poste de fauteur de troubles libéré, chacun y allait de sa farce pour tenter de détrôner Fred et George et ainsi devenir le nouveau maître incontesté des mauvais tours. Rusard courait à tous les bouts du château pour piéger les apprentis sorciers. Les malheureux qui se faisaient prendre écopaient d'une punition sévère. Néanmoins, le fouet n'avait pas encore été utilisé jusqu'à maintenant. Pour cause, les élèves ne se montraient guère inventif... Du moins pas avant aujourd'hui...

Quelque part dans l'un des étages du château, un fracas monstrueux se fit entendre. L'école s'immobilisa d'un même mouvement. Les élèves déposèrent leurs plumes, les professeurs suspendirent leurs discours, Rusard tendit l'oreille tout en serrant contre lui Miss Teigne qui grognait sourdement et la directrice, dans son bureau, arrêta de boire son thé trop sucré. Un long silence glaça les couloirs dans une attente interminable. La curiosité poussa chacun à quitter leurs occupations pour inspecter les couloirs jusqu'au hall d'entrée.

BOUM !  Une explosion d'étincelles enflamma un bout du château et une horde de chevaux de soie lancés au triple galop s'élança du haut des grands escaliers. Leurs crinières flamboyantes flottaient au vent tandis que leurs queues violines s'éternisaient derrière eux. Une deuxième détonation puis une troisième et une quatrième retentirent, secouant tout le château. Bientôt, des grenouilles en peluche sautaient en tout sens en coassant bruyamment tandis que de longs serpents en velours vert se glissaient dans les salles de classe. Des chats roses bonbon, enfin, se vautraient dans les canapés et s'étendaient çà et là sur les tables ou les chaises.

Rusard s'était déjà remis en quête de trouver les responsables alors que Draco riait aux éclats en apercevant le résultat. D'ailleurs, son comportement vis à vis de toutes les farces des Gryffondor, des Poufsouffle et des Serdaigle impressionnaient et surprenaient bon nombre des élèves de ces maisons. Ils oubliaient sans doute qu'ils avaient sous leurs yeux l'un des meilleurs fauteurs de trouble...

Quant à Adrian et Cassius, ils s'amusaient de voir leur ami si détendu. Malgré tout, leurs sourires s'effacèrent en même temps que celui des autres élèves : Rusard traînait derrière lui, les mains enchaînées, un Gryffondor de troisième année. Ombrage, qui arborait un sourire cruel, marchait devant.

- Chers élèves ! chantonna-t-elle sur un ton sucré et mielleux. Je vais à présent vous montrer ce qui advient des canailles telles que ce jeune homme. Argus !

Rusard tira fortement sur les chaînes, le regard illuminé par une lueur malsaine et folle qui glaça Draco. Le Gryffondor tomba à genoux. Il jetait depuis son arrivée des coups d'œil autour de lui, suppliant en silence pour que quelqu'un lui vienne en aide. Personne ne pouvait rien pour lui. Les professeurs étaient devenus impuissants et aucun d'eux ne voulaient perdre leur place à Poudlard. Ils semblaient tous attendre le retour de Dumbledore. Tous... sauf un.

Un long sifflement envahit bientôt les couloirs, s'infiltrant comme une mise en garde le long des murs. Les quelques portraits accrochés à cet étage se figèrent d'effroi. Eux seuls savaient ce qui se passaient. Peeves apparut soudain dans les airs et personne ne l'avait jamais vu aussi effrayé. L'esprit frappeur tourna la tête vers les grands escaliers du hall d'entrée.

D'une démarche lente et assurée, enroulé dans une élégante cape de soie émeraude, Stanislas Serpentard descendait marche par marche l'escalier de pierre. Ses yeux se réduisaient à deux fentes reptiliennes qui firent murmurer de terreur les élèves de Poudlard. À ses côtés, sifflant furieusement et montrant les crocs, ondulait Nazca. Ce tableau irréel réchauffa le cœur de Draco. Poudlard n'était peut-être pas entièrement sans défense.

A travers les yeux du serpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant