PDV Reader :
Je n'aime pas les questions.
Je déteste ça. Quand on me pose une question, il faut toujours que je panique car je ne sais pas quoi répondre, que ce soit une question simple comme "tu fais quoi ?" ou encore une question typique des repas en famille style "Et les études ?", je ne trouves pas les bons mots.
Je n'aime pas les questions et c'est pour ça que j'ai décidé d'anticiper et de préparer des réponses adaptées à chaque question ! Pendant un an, j'ai recensé dans un carnet toutes les questions qui revenaient sans cesse pour ensuite mémoriser les réponses que j'avais rédigé avec soin, me permettant ainsi de compenser mon aversion pour cela.
« Tu vas faire quoi après le lycée ? »
Ma réponse : Pour l'instant, j'hésite entre continuer mes études en [licence/BTS/CAP/autres] ou faire une année de césure pour trouver un petit job et économiser.
« Pourquoi t'es pas venue hier ? »
Ma réponse : J'ai eu un problème familial, désolée.
« Tu fais quoi ? »
Ma réponse : Je fais caca. Tu veux voir ? (si c'est un ami) / Rien de spécial (si c'est quelqu'un d'autre)
« T'aimes quel genre de personne ? »
Ma réponse : les gens qui posent pas de question.
« T'en penses quoi ? (du film, d'un dessin, d'une tenue...) »
Ma réponse : J'aime bien, ça correspond à ton style !
« *raconte sa situation* ... Tu ferais quoi si t'étais à ma place ? »
Ma réponse : Je sais pas. J'suis pas à ta place.
Et encore bien d'autres...
J'ai réussi à survivre grâce à ce procédé.
« Mais alors pourquoi ? »
Mon élan fut interrompu, je me retrouvais face au mur et je ne sais comment m'en sortir. La preuve : plus aucun mot ne sortait de ma bouche.
- Excuse moi, je t'ai pas entendu. Tu pourrais répéter c-
- Ça te dirait qu'on sorte ensemble ? répète ce dernier en insistant fortement sur le dernier mot
« Et merde, je ne l'avais pas vu venir celle-là... »
Les yeux ronds, je le fixe intensément tentant de savoir s'il plaisante ou non. Il termine sa boisson sous mon regard persistant avant de me faire face.
- J'attendrais ta réponse, tu as jusqu'à la fin des cours pour y réfléchir.
Sur ces mots, il retourne en salle tandis que de mon côté, je repasse en boucle sa déclaration.
Il est vrai que je passais la majeure partie de mon temps avec lui et que j'allais même jusqu'à l'accompagner à ses conventions scientifique, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il en vienne à ressentir quelque chose envers moi.
Si j'aime bien être avec lui c'est parce qu'il ne parle pas inutilement, bien que souvent il me pose des questions sur ses expériences, il finit toujours par y répondre lui-même ! Pendant qu'il travaille, je me trouve un coin dans la salle du club de science pour regarder un anime. C'est notre quotidien. Il parle dans le vide, je fais semblant de comprendre.