Chapitre 3

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Point de vue Shuichi

Une masse sombre s'abattit alors sur moi.

Parfaitement réveillé, je me dégage rapidement de ce qui était sur moi avant d'allumer la lumière.

- Oma ?

C'est bien lui. Le violet me fixe, l'air à moitié endormi.

- C'est comme ça que je m'appelle oui.

- Qu'est-ce que tu fais dans ma chambre ?

Il semble finalement réaliser la situation. Le despote se relève, son éternel sourire aux lèvres.

- Ce n'est pourtant pas compliqué à comprendre Saihara. Je viens gagner ce jeu.

Je me fige instantanément. Il est donc venu pour me tuer ? J'étais pourtant persuadé qu'il ne ferait jamais une telle chose, il serait le premier suspect.

- C'est pas vrai, il s'exclame.

- Que...

- Nishishi. Tu es vraiment trop naïf Saihara. Mais ne change surtout pas. Le jeu serait bien moins marrant sans toi.

Encore cette histoire de jeu. Il prend vraiment toute cette histoire à la légère. Comme si on ne risquait pas nos vies à chaque instant.

- Tu ne m'as pas répondu Oma. Pourquoi es-tu ici ?

- Qui sait ? Empêcher le détective ultime de dormir pourrait m'être utile pour la suite. Ou peut-être qu'il s'agit d'autre chose...

Je soupire. À chaque fois que j'essaye de parler avec lui ou de le comprendre, j'ai mal à la tête. Il est une vraie énigme à lui tout seul. Une énigme que je n'arrive toujours pas à résoudre.

- Sur ce, je te laisse. Après tout, tu es un gros dormeur.

- Attend.

Cette fois, je veux des réponses. J'en ai marre de nager dans le flou avec lui.

D'un geste brusque je lui attrape le poignet avant qu'il ne puisse partir.

Je m'attendais à ce qu'il réplique sarcastiquement comme il en a l'habitude. Au lieu de quoi, le mauve semble un instant perdu, le regard dans le vide, avant de se mettre à être parcouru de frissons.

- Oma ?

- Lâche moi, il murmure d'un air indéchiffrable.

- Quoi ?

Je ne l'ai pas bien entendu. Ce Oma n'est pas celui que j'ai l'habitude de côtoyer depuis le début de ce jeu de la mort.

- Lâche moi, il hurle en tirant sur son bras.

Le mauve profite que je sois surpris par ce brusque revirement pour s'arracher à ma prise.

Je peux voir qu'il est toujours pris de tremblement.

- Ça va ?

- Ne me touche pas, il s'exclame en reculant. Bonne nuit Saihara.

D'un pas légèrement incertain, il sort précipitamment de la chambre.

Je me laisse tomber sur mon lit. Qu'est ce qui vient de se passer. On aurait dit qu'il avait... Peur. Mais de quoi ?

Point de vue Kokichi

Je sors en trombe de cette pièce et m'éloigne au plus vite de son propriétaire.

Pourquoi est-ce qu'il a fallu que je me retrouve chez lui ? De tous les endroits possibles, pourquoi lui ? J'étais tellement fatigué que je n'ai pas fait attention que ce n'était pas ma chambre. Je ne retrouvais pas mes clés et j'ai dû crocheter la serrure.

Remarque, si je m'étais retrouvé chez Harukawa, je ne suis pas sûr que je serai toujours vivant à l'heure actuelle.

Je tremble toujours comme une feuille morte. Qu'est ce qui ne va pas avec moi ? Qu'est-ce que c'était que ce flash ?

Pendant un instant, j'ai vu un autre Shuichi. Il avait à nouveau cette fameuse casquette qui ne le quittait pas au début sur la tête et portait une tenue noire, quoique différente de l'actuelle. Mais ce qui m'a le plus marqué, ce sont ses yeux. Bien qu'en partie cachés, je n'ai eu aucun mal à discerner l'éclat malsain qui y brillait.

Des regards comme celui-là, j'ai eu l'occasion d'en voir plus d'un en tant que leader. Je n'ai pas toujours croisé des gens très sympathique par le passé. Pourtant, jamais je n'avais ressenti un tel sentiment de peur. Oui, c'est bien le mot. Peur. J'ai eu peur de Shuichi. Peur au point de me mettre à trembler, moi, Kokichi Oma, le despote ultime.

Pourtant, je devrais le savoir, le détective ne ferait pas de mal à une mouche. Alors pourquoi mon corps a-t-il réagit ainsi ? C'est incompréhensible.

Shuichi Saihara. Qui es-tu vraiment ?

Point de vue Shuichi

Le comportement de Oma m'a tellement intrigué que je n'ai pas pu fermer l'oeil de la nuit. J'étais bien trop occupé à trouver une raison quelconque à ses agissements.

C'est donc assez fatigué que je me rends au réfectoire.

- Qu'est ce qui t'es arrivé ? S'exclame Momota en me voyant.

- Rien de grave. Je n'ai pas bien dormi c'est tout.

- A cause du procès ?

Je hoche vaguement la tête. Je ne peux pas vraiment dire que c'est surtout parce qu'un certain mauve s'est glissé dans ma chambre avant d'en partir comme s'il avait le diable aux trousses.

- Je pense qu'on a tous été un peu secoués, il continue sans remarquer mon trouble. Même maintenant, je n'arrive pas à le croire.

J'en ai bien conscience. Lui en particulier a eu du mal à l'accepter. Je pense même qu'il m'en veut un peu pour avoir exposé la vérité au grand jour. Cette vérité que j'ai tant recherchée. Cette vérité blessante, meurtrière.

- A propos, personne n'a de nouvelles d'Oma ? Demande Harukawa. Non que ça me dérange de ne plus le voir, mais je préfère l'avoir à l'oeil. Surtout quand on sait de quoi il est capable.

- C'est vrai qu'on ne l'a pas vu du tout hier. Pourtant nous avons beaucoup voyagés pour chercher les nouveaux labos, dit la bleue. Saihara, toi qui a fouillé partout, tu ne l'aurais pas aperçu par hasard ?

Super, maintenant tous les regards sont braqués sur moi. Je me vois mal parler de ce qui s'est passé hier comme ça. D'autant plus que j'ai cette impression que cette histoire ne regarde que nous deux. Et j'ai pour principe de me fier à mon instinct. Il ne m'a jamais trompé jusqu'ici. Je dois me faire confiance. J'en ai fait la promesse à Akamatsu.

- Non. Et ça m'inquiète aussi.

La brune me regarde d'un air suspicieux mais ne fait pourtant aucun commentaire. Elle a très bien compris que je mentais mais préfère sûrement m'en parler seul à seul par la suite. Ou peut-être que je deviens juste paranoïaque ce qui ne serait qu'à moitié étonnant vu tout ce qui nous arrive dernièrement.

La journée fût très calme. Nous n'avions rien appris de plus sur le monde extérieur, mais au moins aucun drame n'avait éclaté. Quant au despote, il était une fois de plus introuvable. Que peut-il bien mijoter dans son coin ?

Bizarrement, comme le soir précédent, mes pas me guidèrent instinctivement jusqu'au laboratoire de l'entomologiste ultime.

Je reste un instant planté devant la porte, ne sachant pas que faire. Il y a quelques temps encore, j'aurais tout fait pour ne pas m'approcher d'ici. J'ai encore en tête cette fameuse soirée des amis des insectes. Loin de me les faire aimer, ce moment m'en a définitivement dégouté.

Mais maintenant, je sais que ces petites bêtes seront irrémédiablement liées au souvenir de Gokuhara. Et que, finalement, elles m'inspireront un sentiment de nostalgie. C'est étrange comme un simple évènement peut nous faire changer complètement notre vision des choses.

Je décide alors d'entrer. Je ne pourrais certes pas m'occuper correctement de l'endroit, mais j'ai besoin de le voir.

Pourtant, quel ne fût pas ma surprise en découvrant un certain mauve, dos à moi, au centre de la pièce. Ses épaules tressautent légèrement.

- Oma ?

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