Chapitre 17

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Point de vue Shuichi

- Et donc ?

- Et donc on a décidé de retravailler ensemble, je clarifie.

- Tu es en train de me dire que Kokichi Oma, despote ultime, menteur expérimenté, a eu peur d'une pauvre araignée, que tu l'as aidé à s'en débarrasser, et qu'il t'a pardonné je ne sais quoi ?

Je hoche la tête. L'astronaute soupire.

- Ce type est un vrai mystère. Mais toi aussi dernièrement.

Je le regarde, surpris. De quoi veut-il parler ?

- Tu ne veux plus rien me dire, ni à moi ni à Harumaki d'ailleurs.

- Je suis désolé. Je préfère garder mes hypothèses pour moi. Après ce qui est arrivé à Akamatsu, j'ai peur de donner de mauvaises idées.

- T'as pas à t'en faire pour ça. Fie toi un peu à ton instinct de détective. Tu pourrais nous en faire part pendant les entraînements. Tu sais, ceux que tu sèches

C'est vrai que je ne suis aller à aucun depuis un bon moment. Je les délaisse un peu tout compte fait.

- Je ne vois pas l'heure passer. Pardon.

- Arrête de t'excuser comme ça. Et sors un peu le nez de tes enquêtes. Profite de la vie.

Je le regarde tandis qu'il affiche un air sérieux. Je me souviens alors de son état plus qu'instable. Ce n'est peut-être plus qu'une question de temps, peu importe à quel point je me voile la face.

- Tu t'en sortiras, je murmure. Je te le promets.

Le mauve affiche un léger rictus.

- Évidemment, il en faut plus pour m'abattre. Surtout que je ne suis toujours pas allé dans l'espace. Hors de question de mourir avant d'avoir réalisé mon rêve.

- Tu as raison.

Pourtant, je ne peux m'empêcher de penser que s'il ne voit pas rapidement un médecin, cela pourrait échapper à notre contrôle.

- Et toi Saihara, quel est ton rêve ?

- Mon rêve ?

- T'as besoin d'un rêve pour avancer. C'est ce qui t'anime et te pousse à te dépasser. Sans ça, tu ne bouges pas. Tu restes cloué au sol.

- Je dirais... Sortir d'ici. Et qu'on devienne tous amis.

- Je ne te parle pas de ça. Que veux-tu faire après.

Après ? Je n'y ai jamais réfléchi. Ça me semble si loin. Je n'en ai aucune idée.

- Je ne sais pas...

- Je suis sûr que tu as bien une idée. Imagine ta vie parfaite.

Je tente de me concentrer. Je me vois bien ouvrir un cabinet de détective privé. Je pourrais résoudre des affaires plus ou moins importantes. Même si je doute d'être capable d'enquêter sur un meurtre après ce que nous vivons. J'aurais tellement de travail qu'il me faudrait de l'aide. Un assistant. Ou un collègue. On irait sur le terrain tous les deux pour récolter des indices puis on en discuterait ensemble avant de trouver la solution. Nous aurons une totale confiance mutuelle. Bon, il y aura sans doute des petits problèmes de temps à autre. Mais ce n'est pas grave.

Dans ma tête, je vois un bureau simple aux murs recouverts d'étagères qui croulent sous les dossiers. Je vois aussi mon associé de dos. Il n'est pas très grand et adore les motifs en damiers. Ses cheveux mauves forment de petits piques de part et d'autre de sa tête. Un sourire à la fois agaçant et familier sur le visage, il me raconte les dernières nouvelles.

Je reprends rapidement mes esprits. Pourquoi est-ce que je me vois dans le futur avec lui ? Ça n'a aucun sens. Jamais je ne pourrais travailler sereinement sur quoique ce soit avec lui. J'aurais toujours peur qu'il me fasse un sale coup.

Mais en même temps, n'est-ce pas ce que nous sommes en train de faire pour l'instant ? Et je ne me sens pas spécialement en danger en sa présence. Au contraire, je me sens bien. Ces moments que l'on partage ensemble me sont précieux pas seulement pour l'avancement de l'enquête. En vérité, j'aime bien passer du temps avec lui.

Point de vue Kaito

Le détective semble plongé dans ses pensées avant qu'il ne secoue la tête.

- Je ne vois vraiment pas.

- Tu ne sais vraiment pas mentir, allez dis-moi.

- Mais puisque je te dis que...

- Ça peut être n'importe quoi.

- C'est un peu bête.

- Mais non.

Le bleu semble réfléchir un instant. Il porte la main à sa tête mais semble surpris de ne rien y trouver avant de reprendre contenance. Est-ce qu'il cherchait sa fameuse casquette qui ne le quittait pas auparavant ?

- Je pensais peut-être ouvrir ma propre agence de détective.

Cela signifie donc qu'il accepte son passé et le regard des autres. Quitte à se faire détester, tant qu'il fait ce qui lui semble juste. C'est une très bonne chose. Il n'y a plus qu'à espérer que le parallèle soit fait.

- Mais c'est génial ça. Il te faudra un assistant à un moment aussi.

- Heu... Je ne sais pas...

Il se lève brusquement.

- Je dois y aller... On se voit ce soir.

Le détective sort rapidement de la pièce tandis que je le suis des yeux. Quelle mouche l'a piqué ?

 

Point de vue Kokichi

Allongé sur mon lit, je réfléchis. Pas à un plan pour mettre fin à ce jeu contrairement à d'habitude, mais à ce qui m'arrive.

Ces derniers temps, je fais des rêves qui me semblent liés. Ce n'est pas comme ce que j'avais avec DICE où la même séquence revenait à chaque fois. Non, on aurait dit que je regardais un film. Un film dont je suis le personnage principal. Un film qui illustre une descente aux enfers. Un film qui m'a totalement fait perdre les pédales. Un film un peu trop réel à mon goût.

Depuis que j'ai vu ces ombres, j'ai peur de dormir. Je ne veux pas revivre ça. Alors je ne fais que de très courtes siestes. Juste le temps de récupérer un minimum sans pour autant tomber dans la phase de sommeil profond, phase durant laquelle on rêve.

Mais pour être honnête, la fatigue que j'avais accumulée et ce manque de temps de repos commence vraiment à m'épuiser. Je me suis vu dans ce qu'il reste du miroir, j'ai des cernes à faire peur.

Le miroir. Lui aussi, j'ai eu du mal à me regarder dedans. J'avais trop peur de revoir à nouveau ce moi à la fois semblable et différent. Ce moi terrorisé et blessé. Ce moi qui m'a fait perdre le peu de sang-froid qu'il me restait.

Je regarde ma main bandée. C'est déjà la deuxième fois que je dois me soigner depuis le dernier tribunal. Tout va de travers j'ai l'impression. On dirait que je n'arrive plus à contrôler la situation autant qu'auparavant.

Bien sûr, je n'en laisse rien paraître aux yeux du détective avec qui je travaille. Il ne doit rien savoir. Déjà qu'il a été présent lorsque j'ai fait ma crise, il ne faut pas qu'il soit conscient d'une autre de mes faiblesses.

Shuichi. Bizarrement, ce n'est pas si horrible que ça de travailler avec lui. Il se base beaucoup trop sur l'amitié, et se voile sûrement la face, mais il a tout de même de bons arguments.

Le seul problème avec lui, c'est que je suis incapable de garde le calme de mon cur qui n'en fait qu'à sa tête en sa présence. Ce qui me rend la vie encore plus difficile.

On toque à la porte. Un coup rapide suivit de deux plus espacés. Il est l'heure de se remettre au travail.

Je me lève en prenant soin de remettre mon masque de despote avant d'ouvrir la porte au bleu.

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