Chapitre 8

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Point de vue Kokichi

Je sors du labo d'un air détaché. Mais après tout, c'est le cas : aucuns des mots qu'il a prononcés ne m'ont touché. Je n'ai pas besoin d'alliés, encore moins d'amis. C'est tout simplement inutile.

Au moins, cette petite discussion m'aura permis de comprendre une chose, ce n'était pas mon imagination, le détective me suit pour d'autres raisons que mon rôle dans ce jeu. Sans quoi, il me répondrait clairement qu'il ne s'inquiète pas pour moi. Au lieu de quoi, il a enchaîné sur une autre question. Et en plus, il a eu l'air mal à l'aise lorsque je lui ai rapporté ses paroles lors du dernier procès.

Pas ce genre de malaise lorsqu'on sait qu'on sait que notre mensonge a été découvert, mais bien celui de la gêne d'avoir fait quelque chose qu'on n'aurait pas dû. Comme s'il avait des remords. Cela pourrait être intéressant de jouer un peu avec lui.

Le meilleur point dans cette affaire, est que je n'ai pas tremblé une seule seconde, je n'ai eu aucun flash, aucun Saihara démoniaque n'est apparu. C'était certainement la fatigue accumulée ainsi que tous ces cauchemars qui me perturbait. Je voyais Saihara tel qu'il n'était pas. Le monde des songes et le réel se superposaient. Ce n'est rien de plus. Finalement, il n'est pas si étrange que ça. Ce n'est rien de plus qu'un petit détective qui mène son enquête.

Je suis tellement perdu dans mes pensées que je n'ai pas remarqué que j'étais arrivé à destination. Je souffle un grand coup. Quand faut y aller, faut y aller.

Cependant, autre chose m'avait échappé. Je n'ai pas vu cette silhouette cachée dans un recoin sombre avant de s'éloigner lorsque je fus entré.

Point de vue Shuichi

Après cette discussion, je suis retourné dans ma chambre. Des tas de questions se bousculent dans ma tête. Et je ne peux en parler à personne. Je suis seul avec toutes ces interrogations.

C'est horrible comme sensation. Comment fait-il pour la supporter ? Il n'est pas possible qu'il se sente bien. Ce n'est pas humain.

Je veux à tout prix découvrir ce que cache le mauve. Il prépare quelque chose, j'en suis persuadé.

Cependant, un détail me perturbe : ses réactions. Autant il avait l'air effrayé, pour ne pas dire terrorisé, ces derniers temps, autant il semblait à nouveau lui-même aujourd'hui. A quoi joue-t-il ? Quel est son but ? Pourquoi ne va-t-il pas jusqu'au bout ? Ou bien justement, a-t-il déjà atteint son objectif ?

Et ce n'est pas tout. J'ai clairement l'impression qu'il en sait plus que ce qu'il ne veut bien l'admettre.

Depuis le début, il n'a jamais cessé de surprendre tout le monde. Pour être honnête, ma première impression a surtout été celle d'un gamin espiègle. Et ce, malgré son titre de despote. Je croyais que ce n'était qu'une blague.

Actuellement, je ne doute plus une seule seconde de son ultime, mais parfois je me demande s'il ne cache pas quelque chose que l'on ne soupçonne même pas, qui ne nous viendrais jamais à l'esprit.

J'ai passé la nuit à réfléchir. A tel point que je n'ai presque pas dormi. Encore une fois, cette même personne est trop présente dans mes pensées. Et ça me rend complètement dingue. J'aimerais être capable de comprendre ce menteur. Ce menteur qui prend un peu trop de place.

Alors que je sortais de ma chambre, encore un retard pour ne pas changer, je tombe nez-à-nez avec quelqu'un que je n'ai que trop vu. Oma.

Il a d'énormes cernes sous les yeux mais garde cet air enfantin qui le caractérise si bien.

- Tient, salut Saihara.

- Bonjour...

- Bien dormi cher détective ?

- On peut dire ça.

Il étouffe un bâillement.

- C'est à mon tour maintenant. A plus.

Il allait partir lorsque je l'attrape brusquement par le bras. J'ai besoin de vérifier une théorie.

- Qu'y a-t-il Saihara ? Je suis fatigué alors si tu pouvais faire vite.

Le despote me regarde d'un air ennuyé.

- Heu... Tu ne veux pas plutôt venir manger avec nous ?

- Toujours aussi amusant Saihara.

Et sans rien ajouter de plus, il se dégage de ma prise et rejoint sa chambre. Je ne peux que le suivre des yeux.

Je ne rêvais donc pas, son comportement étrange de ces derniers jours à totalement disparut.

Point de vue Kokichi

À peine ai-je fermé la porte que je me précipite vers mon lit. Je suis épuisé. Physiquement et mentalement.

Je refuse de le croire. C'est impossible. Ça ne se peut pas. Il doit y avoir une autre solution.

Le seul point positif est que je ne suis définitivement plus effrayé pas Saihara. Enfin, je ne l'ai jamais vraiment été. J'étais simplement... Perturbé. Voilà, c'est le mot. Et on ne parlera plus jamais de cet épisode. Je n'aurai plus à tenter de me soustraire à la présence d'un certain détective. Je suis presque sûr que mon comportement l'a interpellé. Et c'est sans aucun doute la raison pour laquelle il me courrait après.

Finalement, ce n'était pas si désagréable, cette sensation d'exister aux yeux de quelqu'un pour une autre raison que mon titre. Je devrais peut-être continuer un peu ce jeu ?

A quoi je pense ? Je n'ai pas le temps pour ça. J'ai un autre projet qui passe en priorité absolue. Je ne peux pas me permettre de me disperser. Je dois mettre un terme à ce jeu de la mort.

Et quand ce sera fini, je doute de pouvoir parler encore avec le bleu. Après tout, les morts ne parlent pas.

Sur ces dernières pensées, je ferme lentement les yeux avant de sombre dans un profond sommeil. J'espère qu'il sera aussi agréable que le dernier.

****

Je suis dans l'eau. C'est la première chose qui me vient à l'esprit. Seul, assis dans une petite fontaine. Comme si on m'avait poussé.

À côté de moi, mon sac ouvert. Mes cahiers flottent autour.

J'ai mal un peu partout lorsque je me relève finalement pour ranger mes affaires tant bien que mal.

Le soleil a presque fini sa course dans le ciel lorsque je retourne finalement à la maison, détrempé. Heureusement pour moi, ma mère ne rentre que tard au soir. Je n'ai pas envie qu'elle s'inquiète pour rien. La connaissant, elle me poserait des tas de questions. Pour rien. Car c'est ce qui s'est passé, rien.

Rapidement, je sors tout ce que contient mon cartable afin de les mettre sécher. La chambre est remplie.

Je manque de pleurer en découvrant mon carnet de croquis. Les dessins sont presque tous effacés. Le reste est recouvert de gribouillis.

Il est inutilisable. Définitivement. Je devrais le jeter. Mais pas ici, où elle pourrait le trouver. Ni à l'école où n'importe qui pourrait tomber dessus par hasard. Le parc n'est pas vraiment une meilleure idée. Alors faute de mieux, je le garde sur moi.

Après une petite douche et avoir enfilé des habits secs, je me laisse tomber sur mon lit comme une masse.

Un jour, tout sera fini. Je l'espère sincèrement. Mes amis me manquent. Je voudrais tellement pouvoir retourner dans mon petit village. Je n'ai même pas la force de les appeler. Je ne veux inquiéter personne. À chaque fois que l'un d'entre eux prend de mes nouvelles, je m'efforce d'avoir l'air joyeux. Finalement, je suis devenu un excellent menteur, capable de cacher son jeu. J'arrive à tromper tous mes proches.

Pourtant, j'aimerais tellement avoir la force de dire ce qui me ronge. Que quelqu'un le remarque.

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