Chapitre 41

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Point de vue Shuichi

C'est une blague j'espère ? Ils comptent vraiment nous faire revivre ça ? Une fois ne suffisait pas ?

- Je me doute que ça ne va pas être facile pour vous. Mais c'est une étape indispensable, continue la blonde. Sachez qu'à tout moment, si ça devient trop dur, vous pouvez sortir d'ici un moment pour respirer. Nous reprendrons plus tard. Il y aura une séance tous les trois jours et nous verrons un procès à chaque fois.

C'est un cauchemar et je vais me réveiller. En quoi nous faire revivre ces traumatismes pourrait nous aider à aller mieux ? C'est plutôt le contraire qui va se produire. D'autant plus que je me souviens parfaitement du premier procès. Et je n'ai aucune envie de le revivre à nouveau.

- Vous devez sûrement vous demander pourquoi nous faisons ça, renchérit Momota. Croyez-moi, c'est aussi désagréable pour vous que pour nous. Mais voir vos actions sous un jour nouveau, avec votre mémoire actuelle, vous permettra de mieux comprendre ce à quoi vous devez faire attention, quel est le message que nous voulions faire passer.

Je regarde mes amis. Yumeno semble terrifiée à cette idée. Elle aussi a vraisemblablement changé depuis que je l'ai vue la dernière fois : avant, elle ne montrait jamais ses émotions. Harukawa à l'air nerveuse. Contrairement à nous, elle savait ce qui nous attendait. Je suppose qu'elle n'a pas dû être sereine entre le moment où elle l'a appris et maintenant.

Mais le pire de tous doit sans aucun doute être Kokichi. Le mauve tremble de tout son corps et ses yeux ne cessent de bouger d'un point à l'autre de la pièce. Le pauvre, contrairement à nous, nage complètement dans l'inconnu. D'ailleurs je ne comprends pas pourquoi il est ici. Je croyais que l'on attendait que sa mémoire revienne naturellement. Ils ont changé d'avis ? Est-ce pour ça qu'ils ont demandé de l'aide à Harukawa ?

La pièce est plongée dans le noir alors que j'étais encore en pleine réflexion.

La télévision s'allume, nous permettant de nous voir nous éveiller tous les quatre dans des pièces différentes. L'écran est divisé afin que nous puissions chacun nous voir. Lorsque nous nous rencontrons, les parties fusionnent simplement. Je peux ainsi me revoir rencontrer tous ceux qui vont partager ce traitement.

Je sens mon cur se serrer lorsque je me retrouve face à Kokichi pour la première fois. Je me rappelle très bien m'être demandé qui il était. À ce moment-là, je ne me doutais pas, ou plutôt je ne me souvenais pas, que nous nous connaissions très bien.

À cet instant, je ne savais pas qui il était. Je croyais que ce n'était qu'un gars un peu spécial qui aimait rire, bien que je trouve son attitude envers Ki-bo assez spéciale. En vérité, aujourd'hui, je ne suis pas vraiment plus avancé. Je ne le comprends toujours pas. Pourtant, j'aimerais arriver à voir au-delà de ce masque qu'il porte en permanence.

Tout se déroulait relativement bien jusqu'à notre réunion dans le gymnase et l'arrivée des exisal. Ces monstres de fer me font encore faire des cauchemars.

Puis est survenu l'entrée en scène de Monokuma suivie de l'explication des règles du jeu. Ces règles que nous allions suivre bien malgré nous. Ce jeu auquel nous allions jouer sans le vouloir.

À l'écran, la mine réjouie de Kokichi apparaît.

Sans doute en est-ce trop pour l'actuel qui sort en courant de pièce, renversant sa chaise par la même occasion.

J'entends quelqu'un soupirer.

- Je savais qu'on aurait mieux fait de ne pas le laisser assister à ça. C'est beaucoup trop tôt.

La brune à côté de moi me donne alors un coup de coude.

- Qu'est-ce que tu attends ? elle chuchote.

- Quoi ?

- Va le voir. Il a besoin de réconfort.

- Je ne suis pas la personne indiquée pour...

- Si tu veux regagner sa confiance, il va falloir que tu lui montre que tu as changé. Et que tu es là pour l'aider dans les moments où ça ne va pas.

Point de vue Kokichi

Lorsque je suis entré, tous me dévisageaient. Je déteste ça, être au centre de l'attention. J'aurais aimé rester caché derrière le large dos de Gokuhara pour toujours, mais il a dû rejoindre sa place et moi la mienne, lesquelles sont assez éloignées.

J'ai très bien senti le regard de Saihara sur moi jusqu'à ce qu'une blonde prenne la parole est n'explique ce qui allait suivre. Malgré le fait que j'étais déjà au courant, je ne peux m'empêcher de trembler. J'ai peur, peur de ce que je vais découvrir.

Avant que l'on ne vienne, le géant m'a expliqué le fonctionnement et les règles que nous avons suivies durant le traitement. Loin de me rassurer, ces nouvelles n'ont fait que m'angoisser un peu plus. Nous n'avons même pas eu le temps d'aborder en détail ma personnalité dans ce jeu que nous devions partir. Sur le coup, j'ai énormément hésité. J'ai pensé que jamais je n'arriverai à voir des meurtres, que j'allais m'enfuir à la première victime.

Pourtant ce n'est pas ça qui m'a fait craquer. En fait, on n'a même pas eu besoin d'en arriver là.

Après qu'un ourson bicolore, qui m'a d'ailleurs terrifié, n'ait annoncé le règlement, je me suis vu. J'avais l'air heureux d'être au milieu de cette tuerie. Je souriais même. L'ambiance particulièrement lourde présente ne m'affectait pas.

Je suis un monstre. Voilà ce que j'ai pensé en sortant en trombe de la pièce. J'avais besoin de respirer, de ne plus être face à ces images. C'était trop.

Voilà comment je me suis retrouvé les genoux repliés contre ma poitrine et mes bras autour avec ma tête posée dessus. Dos au mur, je tente de retrouver mon calme en vain. De petites larmes coulent sur mes joues tandis que les images repassent en boucle dans ma tête.

- Pas facile pas vrai ?

Je n'ose même pas lever les yeux. Je sais très bien qui m'a adressé la parole. Il veut venir se moquer de moi ?

Je l'entends s'asseoir à côté de moi. Nous restons un instant dans un silence seulement troubler par mes pleurs. Je déteste me montrer aussi faible qu'à cet instant devant quelqu'un. Surtout devant lui.

- Tu sais, tout le monde a été choqué lorsque nous nous sommes retrouvés là-bas. On voulait tous sortir bien sûr, mais le prix à payer était horrible. Nous ne voulions pas participer à ce jeu.

- Pas moi apparemment, je chuchote. Je semblais heureux.

- Tu semblais uniquement. Tu n'as jamais aimé ce jeu contrairement à ce que tu laissais penser.

- Je sais ce que j'ai vu.

- Oui, un mensonge. Tu mentais sans arrêt. Ou presque en tout cas. Au point où il était impossible de savoir quand tu étais honnête. Parfois, je me demande si tu le savais tout-même.

Je relève doucement la tête. Le bleu est à quelques centimètres de moi. Suffisamment pour que je ne me sente pas oppressé par sa présence.

- Saihara, je peux te demander quelque chose ?

- Ce que tu veux.

- Je suis mort à quel procès ?

Il se fige. J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Pourtant je me suis réveillé avant lui si j'ai bien compris. Ce qui signifie que je n'ai pas été jusqu'au point final.

- Au cinquième sur les six qui ont eu lieu.

- Est-ce que... j'ai assisté à ce procès ?

- Non. Tu étais déjà... mort.

Alors jusqu'au bout j'aurais été une victime. Peu importe qui je suis ou où je me trouve.

- En vérité, tu as réussi à tous nous tromper. Tu étais quelqu'un d'exceptionnel. Tu es quelqu'un d'exceptionnel Ko-... Oma. Et ça, je ne veux plus que tu en doutes. Je ferai tout pour.

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