Chapitre 48

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Point de vue Kokichi

Je n'ai pas osé finalement. Comme prévu, Saihara et moi nous sommes retrouvés un peu avant la séance pour parler. Je voyais bien que dans ses yeux une lueur d'inquiétude était présente. Je me rends compte à quel point il a changé aujourd'hui, ce n'est plus le même que celui que j'ai connu.

A plusieurs reprises et inconsciemment, il m'a tendu une perche. Mais à chaque fois, je n'ai pas eu le courage de la saisir. Pourtant, il faudra bien qu'un jour je lui dise.

Peut-être que ce n'est pas plus mal au final. Peut-être vaut-il mieux que j'attende un peu plus. Au moins jusqu'à ce que tout se stabilise dans mon esprit. Oui, je pense qu'il vaut mieux faire comme ça.

Nous retournons à présent à notre point de départ. J'ai peur. Je sais que aujourd'hui, je vais me voir mourir. Et ce, dans des circonstances tout sauf agréables.

Le bleu à mes côtés me serre la main.

- Tu n'hésites pas cette fois, il murmure. N'oublie pas que tu n'es plus seul.

Je hoche la tête sans vraiment chercher à cacher l'angoisse qui me noue les entrailles. J'ai l'impression que je vais vomir.

- Merci, je chuchote.

- Je reviens rapidement, Akamatsu m'appelle.

En effet, la blonde lui fait de grands signes pour l'inviter à la rejoindre.

- D'accord.

Il part de son côté tandis que je me dirige vers ma place, juste à côté de Harumaki.

- Alors ? Tu lui as dit ?

Nous avons discuté et j'avais laissé entendre que j'allais tout lui avouer.

- Non, je baisse la tête, je n'ai pas su trouver les bons mots.

La brune soupire.

- Et tu attends quoi ? Qu'il soit trop tard ?

- Je... ne me sens pas prêt... Tout n'est pas encore clair...

- Tu devrais quand même lui en parler. Tu n'imagines pas à quel point il serait heureux d'apprendre ça. Il ne tardera sûrement pas à quitter l'hôpital après la dernière projection. Comme nous tous. Tu n'as plus beaucoup de temps.

Je garde le silence. Elle a totalement raison je le sais bien. Pourtant je n'arrive pas? J'en suis incapable.

Ma voisine me presse l'épaule.

- Tu penseras à ça plus tard. Pour l'instant, tu vas devoir te concentrer sur un autre obstacle. Tu te sens prêt ?

- Est-ce que j'ai le choix ?

Je crois que je commence à comprendre pourquoi mon alter ego mentait sans arrêt. Dans ce jeu de la mort, nous n'avions aucun moyen de nous rebeller, nous étions pris dans cette spirale sans fin. Grace au mensonge, je pouvais prétendre que tout allait bien. Même si ce n'était pas le cas.

- Pas vraiment, tu n'as pas tort. Mais on peut choisir la manière dont on va l'affronter. Soit on se dit que de toute façon tout est écrit, soit on essaye de changer le cours des choses. Et ce n'est pas en se voilant la face que cela sera possible.

- Qu'est-ce que je pourrais y faire de toute façon ?

- Te reposer sur nous. Personne ne te jugera ou ne t'en voudra si on doit s'arrêter un moment. Saihara t'a proposé son aide pas vrai ? N'hésite pas.

- Je vais essayer...

- Dis-toi que ce serait déjà un grand pas.

Je lui adresse un petit sourire.

- Merci Harukawa.

Nous avons encore continué à discuter un peu jusqu'à ce que tous regagnent leurs places et que la vidéo du jour ne se lance.

Saihara glisse doucement sa main dans la mienne.

- Je suis là, il murmure. Ne te laisse pas emporter.

- Je vais essayer.

C'est tout ce que je peux promettre. Je ne sais pas si j'en serai capable. Mais je veux croire que ce n'est pas totalement impossible.

Je tente de me focaliser sur l'écran et inspire discrètement pour me donner du courage. Tout va bien se passer, pas vrai ?

Point de vue Shuichi

- Qu'est-ce qu'il y a ? je demande en arrivant à hauteur de la blonde.

- Est-ce que tu te sens prêt pour aujourd'hui ?

- Pas vraiment. Mais je n'ai pas le choix. Tout cette séquence risque d'être compliquée. Rapport à tout ce qui s'est passé.

- Je voulais te parler à ce propos. C'est à cette période que tu as commencé à te rapprocher de Oma. Nous avons décidé d'un commun accord d'enlever une grande partie de vos rencontres. Juste assez pour que l'on comprenne que vous vous entendez assez bien. Maintenant, nous n'arrivons pas à trancher. Alors je vais directement te poser la question : souhaites-tu voir tous ces moments ? Si tu le veux, dans ce cas seul vous deux serez présent. Ça ne concerne personne d'autre.

Revoir ces instants partagés avec lui ? Honnêtement, j'aimerais beaucoup. Peut-être qu'ainsi je comprendrais comment j'en suis venu à m'attacher à ce menteur, même si je doute qu'il y aille une raison logique derrière.

Le problème est que j'ai peur de la réaction de Kokichi. Il est loin d'être idiot et comprendra de suite que nous étions plus que de simples amis. Et si, d'une manière ou d'une autre, il interprétait mal l'un ou l'autre de mes comportements. Le risque est trop présent pour l'instant.

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, je réponds après un temps. Oma ne se souvient pas de ça et il pourrait se sentir mal. Je préfère qu'on laisse ça de côté pour l'instant.

Elle me sourit.

- Heureuse de voir à quel point tu as changé Saihara. Il y a peu, tu n'aurais pas tenu le même genre de discours. Comment ça se passe avec lui d'ailleurs ? Je n'ai que quelques vagues échos de Gokuhara.

- Il est stressé. Et il refuse toujours d'accepter de l'aide. Il n'arrive toujours pas à être honnête avec lui-même aussi. Mais ça s'améliore petit à petit.

- Tant mieux alors. Il nous a bien inquiétés, je suis contente qu'il soit capable d'évoluer en positif.

- Moi aussi.

- On va bientôt commencer maintenant. Tu devrais regagner ta place.

- D'accord.

J'allais partir lorsqu'elle m'interpelle.

- Une dernière chose, n'oublie pas que Oma est un excellent menteur lorsqu'il s'agit de cacher ce qu'il ressent ou qui il est réellement. Il a toujours été comme ça. Même avant d'entrer dans la simulation.

Je hoche la tête avant d'enfin rejoindre ma chaise. C'est vrai qu'aussi loin que je me rappelle, il n'a que très rarement été honnête. Même pour de simples détails comme cette fameuse boisson. Est-ce que j'aurais remarqué qu'il n'était pas au mieux si je ne savais ce qui était arrivé à cause de ce panta ? J'en doute.

Lorsque l'écran s'allume, annonçant le début de la séance, je prends discrètement la main de Kokichi.

- Je suis là, je murmure. Ne te laisse pas emporter.

- Je vais essayer, il me répond dans un souffle.

Je sens à quel point il est anxieux. J'espère vraiment que tout se passera bien, même si j'en doute très fortement.

Lorsque arrive le moment de son plus gros mensonge, je remarque qu'il tremble.

- Ce n'était pas vrai, je chuchote.

Le mauve hoche la tête, sans doute incapable de prononcer le moindre mot.

Mais le pire est arrivé lors de la découverte du corps. Généralement, un grand silence suit ce moment, que ce soit dans la vidéo ou ici. Le temps de digérer l'information je suppose.

Pourtant, cette fois, à la place du calme, ce sont les cris de Kokichi qui résonnent dans toute la salle.

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