Chapitre 45

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Point de vue Kaito

- On doit couper ça au montage, il va être brisé.

- Tu sais aussi bien que moi que nous n'en avons pas le droit, me répond Akamatsu. Tout élément qui a apporté un grand changement doit être montré dans la troisième phase. Nous avons signé.

- C'est un cas exceptionnel, ils comprendront.

- J'essaye de contacter le QG depuis le début de la semaine mais ils ont trop à faire avec la nouvelle édition apparemment.

- Nous courrons à la catastrophe, je murmure. On ne pourrait pas le faire sortir à ce moment-là ?

- C'était tout ou rien pour lui.

Je pousse un soupir de découragement. Je n'en reviens pas qu'on soit obligé de la faire. Mais sans nouvelles directives, nous sommes liés par ce stupide contrat.

- On ne peut qu'espérer un miracle d'ici là, qu'il retrouve sa mémoire.

- C'est impossible, pas en si peu de temps.

- Il faut lui dire alors.

- A qui ? je demande surpris.

- A Saihara. Peut-être qu'il pourra trouver les mots justes, comme Harukawa.

- On parle de deux cas totalement différents.

- Qu'est-ce qu'on a à perdre ?

Rien, elle n'a pas tort. De toute façon, foutu pour foutu, autant tenter quelque chose.

Point de vue Shuichi

Je suis appuyé contre le mur du couloir, attendant l'arrivée de Kokichi. Aujourd'hui, nous allons voir le quatrième procès. Pour lui, ça va être très dur de voir ce qu'il a fait, je n'en doute pas. Mais c'est pour une autre raison que je lui ai donné rendez-vous une demi-heure plus tôt : Akamatsu m'a prévenu que cette scène allait être au programme et qu'il fallait à tout prix que je lui dise avant qu'il ne le découvre par lui-même.

J'ai essayé de lui en parler par message un nombre incalculable de fois. Mais peu importe à quel point je me retournais le cerveau, je n'arrivais pas à trouver les bons mots. A chaque fois, je n'arrivais pas à exprimer ce que je ressentais vraiment. Alors j'ai préféré lui dire en face, les yeux dans les yeux. Et de tout miser sur cette nouvelle spontanéité. Après tout, il va falloir que je me fasse à tous ces changements et que j'affronte ce que je suis devenu. Tout comme celui que j'étais auparavant.

Des bruits de pas se font entendre, c'est le mauve. Il avance vers moi, l'air nerveux.

- Tu voulais me parler ? il demande.

- Oui... On fait un tour ?

- Si tu veux.

Il n'est pas rassuré du tout de se retrouver avec moi. Et je le comprends totalement vu ce que j'ai pu lui faire par le passé. Cependant je suis heureux que l'on arrive à rester tous les deux sans qu'il ne se mette à trembler comme une feuille morte. Au moins, on progresse.

- Tu... tu te sens prêt pour aujourd'hui, je le questionne après un temps.

- Je ne sais pas. Est-ce qu'on peut être prêt à voir des gens mourir ? Même si c'est pour de faux ?

- Tu as raison. C'était une réalité un peu particulière... Oma il faut que je te dise à propos d'aujourd'hui ça va être un peu particulier.

- Gokuhara m'a prévenu aussi. C'est à ce point ? Je veux dire encore pire qu'avant ?

- Tu n'as pas idée.

Je marche encore un petit peu avant de m'arrêter pour le faire face. Il faut que je lui dise, maintenant.

- Oma, je pense savoir ce à quoi Gokuhara à fait allusion. Mais j'aimerais te parler d'autre chose.

- De quoi ?

Le plus petit me regarde, l'air anxieux. Du nerf Shuichi, ce n'est pas le moment de se décourager.

- A la fin du procès... J'étais énervé... Et j'ai dit des mots que je regrette maintenant. Je m'en suis encore une fois pris à la mauvaise personne. Je m'en suis encore pris à toi sans raison, alors même que tu ne voulais que nous aider au final, alors que tu étais certainement celui qui était le plus affecté par la situation. Encore une fois, je n'ai pas été capable de voir au-delà de ton masque.

- Saihara Qu'est-ce que tu m'as dit ?

- Tu es sûr de vouloir l'entendre une fois de plus ?

Il hoche courageusement la tête.

- De toute façon, je vais l'apprendre dans peu de temps alors...

- D'accord... Mais je veux que tu saches que je le regrette énormément et que je ne le pense plus du tout. Je... J'ai dit que tu étais fait pour être seul, je finis du bout des lèvres.

Le plus petit ne répond pas. Au lieu de quoi, j'entends de petits reniflements tandis qu'il se met dos à moi.

Point de vue Kokichi

L'entendre dire encore une fois est douloureux. Très douloureux. Je sens mon nez me piquer. Ce n'est vraiment pas le moment.

Sans plus attendre, je lui tourne le dos en tentant de cacher à quel point ses mots m'atteignent. Moi qui m'étais promis d'être fort, c'est raté. Je n'arrive plus à me voiler la face aussi bien qu'avant, ce qui fait que désormais mes émotions se voient bien plus facilement. Et je déteste ça.

Je sens que le bleu se rapproche de moi.

- Oma... Je suis désolé vraiment. J'ai été un parfait idiot ce jour-là. Comme beaucoup d'autres jours en fait. Mais je te jure que j'ai changé. Plus jamais je ne te dirais des horreurs pareilles. Ni à toi ni à quiconque.

J'ai envie de le croire. Du plus profond de mon cur, j'ai envie de croire qu'il a changé en bien, que je peux lui faire confiance. Mais ce sentiment de peur ne semble pas vouloir me lâcher de sitôt. Il a toujours été là, prêt à me bondir dessus à la moindre occasion.

- On doit y aller maintenant, je réponds en tentant de ne rien laisser paraitre.

- Tu es sûr d'être en état ? Akamatsu était au courant que je devais te parler, je suppose que les autres aussi. Ils ne nous en voudront pas si on arrive un peu en retard.

- Je vais très bien.

Non, c'est faux. Et je le sais très bien. Je sais très bien que rien ne va. Mais je ne veux pas embêter les autres plus que ce que je ne l'ai déjà fait.

Il m'entoure délicatement de ses bras. Il y a peu encore, j'aurais pris peur et serais resté figé. Cette fois, je me contente de ne pas bouger.

- Oma... Tu n'as pas besoin de toujours paraitre détaché de tout.

- Ne t'inquiète pas pour moi, je murmure en essayant de dissimuler les sanglots dans ma voix.

- Si, bien sûr que si, il répond doucement. Car tu es une personne importante pour moi.

Je me dégage, assez facilement d'ailleurs, de son emprise et essuie discrètement les petites larmes qui ont roulés sur mes joues avant de lui faire face.

- Qu'est-ce que je suis pour toi ?

- Je viens de te le dire : quelqu'un d'important.

- Mais est-ce que je suis ton ami ? Ou plus ? Ou moins ?

- Je ne peux pas dire ça... Pas sans savoir ce que tu ressens de ton côté...

- Mais toi qu'est-ce que tu voudrais qu'on soit ? J'ai besoin que tu sois totalement honnête avec moi. S'il te plaît...

Je sais que je dois faire pitié entre mes joues légèrement humides et mes yeux rouges, mais je m'en moque. Je veux juste l'entendre me le dire en face.

Le bleu porte sa main à ses cheveux, ayant l'air de réfléchir.

- Je voudrais qu'on soit au moins amis...

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