Chapitre 18

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Point de vue Shuichi

Le mauve m'ouvre, son fameux sourire aux lèvres. Après tout ce temps, j'ai fini par m'y habituer. Je dirais même que c'est sa manière de me dire bonjour.

Cependant, ce sourire, que peut-il bien cacher ? À chaque fois, je me pose la même question. Nous n'avons plus abordé le sujet de sa crise de nerf de l'autre jour, pourtant elle doit bien avoir laissé des traces. Ce n'est pas possible autrement.

- Tu comptes rester dehors Saihara ?

- Heu... Non...

Je rentre donc dans la chambre.

- Ça ne te dérange pas tout ce désordre ?

Il hausse les épaules.

- On s'y fait.

J'avise alors un grand drap blanc recouvrant un objet haut et plat.

- Qu'est-ce que c'est, je demande en le désignant.

- Mon plan pour assassiner ma prochaine cible. D'ailleurs c'est toi.

Je souffle. Pourquoi je pose encore des questions alors que je sais très bien que je n'aurai aucune réponse ?

- Bon, on s'y met ?

Point de vue Kokichi

Mes paupières sont lourdes. Vraiment lourdes. Je vais avoir un mal fou à rester celui qu'il connaît.

- Comment va ta main ?

Cette fameuse main que j'ai utilisée pour briser mon miroir.

- Très bien. Elle est comme neuve. Ce n'était qu'une égratignure.

Je la secoue en retenant une grimace. Je mens. Encore. En réalité, elle est toujours douloureuse au point où j'évite de trop m'en servir. Il faut dire qu'elle avait déjà eu droit à un premier choc lorsque je m'étais énervé contre cet arbre l'autre jour.

- Tu n'as pas trop de mal pour changer le pansement ?

- Tu t'inquiètes pour moi ? Tu es vraiment adorable.

Une toute petite partie de moi a envie qu'il réponde par l'affirmative. Cette partie que je ne peux et ne pourrai sûrement jamais contrôler. Et que je déteste par-dessus tout.

Mais je sais que c'est impossible. Qui pourrait se soucier de moi ?

Je suis fait pour être seul. Cette phrase qui me poursuit même dans mes cauchemars. Où que je sois, on me le répète. Peut-être est-ce vrai finalement. Peut-être que je suis destiné à finir ma vie, seul et haï de tous.

Je pensais m'y être préparé mais apparemment non, plus maintenant. Plus depuis qu'il me l'a dit clairement. Le prononcer à voix haute rend la chose réelle. Les mots peuvent faire bien plus de dégâts que les actes.

- Un peu oui... On ne sait jamais à quoi tu peux penser alors... Oui je m'inquiète pour toi. Tu souris sans arrêt et tourne tout à la rigolade. Je ne pense pas que cela puisse être vraiment toi.

Peut-être qu'il n'est pas si idiot ce détective. Oui, je cache des choses. Oui, je porte un masque en permanence. Oui, je ne suis pas moi.

- Qui sait ? Je suis un despote, tout ceci n'est qu'un jeu pour moi.

Un jeu auquel je compte bien mettre fin sans plus tarder.

- Est-ce que je peux te croire ? Je croyais que tu n'aimais pas les meurtres.

- Et si je mentais encore ?

Par pitié qu'on abrège. Je commence à avoir mal à la tête. La fatigue est de plus en plus présente. J'hésite presque à le mettre à la porte. Mais je sais qu'un tel comportement attirerait son attention et une nouvelle salve de question. Salve de question à laquelle je ne suis pas sûr de pouvoir résister.

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