Chapitre 10

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Point de vue Shuichi

Depuis que j'en ai discuté avec Ki-bo, j'ai fait mon possible pour éviter Oma. Pour la première fois, je préfère me fier à mes amis plutôt qu'à mon instinct.

Enfin, cela vient aussi du fait que ce même instinct semble tiraillé entre les deux. Comme si deux forces s'opposaient dans mon esprit. Bien que je n'aye aucune idée quant à la teneur du conflit.

Plusieurs jours se sont écoulés entre temps. Et, bien que j'aie aperçu plus d'une fois le mauve roder, je me suis retenu de lui courir après. Je me le suis promis.

En soit, rien de contrariant ne s'est produit depuis, j'en déduit donc que la théorie de Ki-bo était exacte. Ce qui n'empêche pas une petite partie de mon cerveau de me souffler de le rejoindre.

En vérité, j'aimerais le poursuivre afin de le comprendre, de comprendre cette étrange sensation de besoin de se racheter auprès de lui. Comme si j'avais commis quelque chose de mal auparavant.

Au début, je pensais que c'était à cause de mon attitude à la fin du dernier procès, mais maintenant... J'ai l'impression que ce n'est pas que ça. Comme si ces mots n'étaient rien par rapport à ce que j'avais pu faire par le passé.

Mais j'ai eu beau chercher, impossible de voir de quoi il s'agit. Et pour cause : nous ne nous adressions pas spécialement la parole avant l'enquête concernant Iruma. Alors qu'est-ce que j'ai pu faire ou dire qui l'aurait blessé à ce point ? Est-ce que cela a un rapport avec ces étranges réactions qu'il a eues dernièrement ?

J'étais encore dans les jardins lorsque la sonnerie indiquant que l'on rentrait dans l'horaire de nuit retentit. J'étais resté une grande partie de la journée à réfléchir à ce qui se passait dans mon esprit. À tel point que je n'ai pas vu le temps passer.

Je regagnais donc ma chambre dans l'espoir vain de dormir sereinement. En effet, depuis quelques temps mes nuits sont agitées. Mais impossible de me souvenir à mon réveil de la teneur de mes rêves.

J'allais refermer la porte lorsqu'un pied se glisse dans la fente. L'intrus ne s'arrête pas là et se permet d'entrer.

- Nishishi. Alors, tu m'évite Saihara ?

Point de vue Kokichi

Non mais qu'est-ce qu'il attend cet idiot ? J'ai bien vu qu'il m'avait aperçu plus d'une fois. Pourtant, c'est comme si je n'existais pas.

Non que ça me dérange vraiment au final. C'est bien plus simple d'organiser un plan sans avoir un détective dans les pattes. Sauf que j'ai besoin qu'il se mêle de ce qui ne le regarde pas pour une fois. Il n'y a que comme ça que je pourrais me servir de lui.

Mais, est-ce qu'il est indispensable à la bonne réalisation de mon plan ? Avant, j'avais tout prévu sans même l'impliquer. Il n'aurait dû être que témoin et non acteur. Alors pourquoi diable ai-je besoin de sa collaboration ? Peut-être que je veux un nouveau pion à la hauteur de Gokuhara ?

Ce sentiment de peur, bien qu'il se soit atténué, est toujours présent. Ça devrait me donner une raison suffisante pour ne pas l'approcher. Pourtant, quelque chose d'autre me pousse vers lui sans que je n'en saisisse la source. Est-ce que, un jour, je pourrais retrouver le calme dans ma tête et arrêter d'avoir des sensations contradictoires ? Oui, quand j'aurai mis un terme à ce jeu. Et pour cela, je vais devoir continuer sur ma lancée. Peu importe ce que je devrais faire. Peu importe les risques. Peu importe Ce que je devrais affronter.

Aussi, lorsque l'annonce de nuit a retenti, j'y ai vu ma chance. Je me doutais bien que chacun se rendrai dans sa chambre, le détective y compris. Alors je n'ai pas hésité une seule seconde.

- Nishishi. Alors, tu m'évite Saihara ?

Le bleu me regarde, incrédule.

- Que... Non pas du tout...

Je me retiens de rire. Il est tout sauf un bon menteur. Au lieu de quoi, je laisse quelques larmes de crocodile couler sur mes joues

- Tu n'es vraiment pas sympa Saihara. Moi qui pensais qu'on pourrait s'entendre.

Je pleure maintenant à chaudes larmes.

- Heu... Pardon... Je... Je m'excuse.

Je m'arrête instantanément.

- Je mentais.

Il semble retenir un soupir. Et oui, cela ne fait que commencer pour nous. Maintenant, ça se joue entre toi et moi.

Point de vue Shuichi

Je sens que ça ne va être de tout repos. Quand je pense que j'essayais de me tenir éloigné de lui, voilà qu'il s'introduit une nouvelle fois dans ma chambre.

Je sais que je devrais me méfier de cette visite, pourtant je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de joie.

- Qu'est-ce que tu me veux, je demande.

- Nishishi, je n'ai pas le droit de te voir simplement ?

- A d'autre. Ne me fais pas croire que tu te soucie de nous après ce que tu as fait à Gokuhara.

- Gokuhara était... Un cas particulier, dit-il d'un air ennuyé. Toi, tu es différent.

- Viens en aux faits.

Le mauve esquisse un sourire.

- Voilà pourquoi je te trouve moins ennuyeux que les autres. Au moins, tu vas droit au but.

Il laisse planer un instant le silence avant d'ouvrir ses bras.

- Je te propose de rejoindre mon groupe. Un membre comme toi pourrait être très utile.

- De quel groupe parles-tu ?

- Enfin, je suis un despote tu te rappelles ?

- Tu me demande de m'allier à toi ?

- Nishishi, tu as tout compris.

- Tu n'es pas sérieux là ?

Il laisse tomber toutes ses émotions.

- Bien sûr que si. Tu crois que je me suis déplacé pour tes beaux yeux ?

- Que...

Il se rapproche de moi jusqu'à n'être plus qu'à quelques centimètres. Je recule de quelques pas avant de buter contre le lit et de tomber.

Le mauve me surplombe.

- Tu sais, tu m'intrigue Shuichi, il chuchote. Tu es quelqu'un de très étrange que j'aimerais apprendre à connaitre.

Il me fixe, attendant ma réponse. Mais je ne sais pas quoi lui dire. Et pour cause, je n'arrive pas à mettre de l'ordre dans mes idées.

Cet instant de malaise dure un bon moment, presque des heures j'ai l'impression, avant qu'il ne se décide à se relever et de courir en direction de la porte.

- Ne traine pas trop Shuichi, je pourrais changer d'avis rapidement. Et tu ne pourrais alors plus me surveiller comme tu aimes tant le faire.

Mais juste avant de partir je l'entends marmonner.

- Quand j'aime quelqu'un, je ne le laisse pas partir.

Il me faut plusieurs minutes avant que je ne réalise vraiment ce qui vient de se passer. Pour ce qui était de ne pas l'approcher, c'est plus que raté. Alors pourquoi ne pas y aller à fond et accepter sa proposition ? D'autant plus que ça me permettrait de garder un oeil sur lui et ainsi de pouvoir peut-être essayer de le comprendre.

Je sais que c'est idiot et risqué. Très risqué. Mais est-ce que ce jeu ne met pas déjà nos vies en danger à chaque instant ? Rien n'est sûr ici, alors autant tenter le tout pour le tout.

Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai à la fois un bon et un mauvais pressentiment quant à la suite des évènements. Comme si quelque chose de terrible qui nous échappe totalement était sur le point de se produire. Et quoi que nous fassions, le dénouement se rapprochera inexorablement.

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