Juste un mensonge✔️

Chapitre 30

Point de vue Shuichi

Je suis encore dans ce rêve. Ce rêve où je le vois s'éloigner de moi. Ce rêve où il se moque de moi. Ce rêve où tout s'achève brusquement dans un bruit de presse.

Généralement, après ça, je me réveille en sueur dans mon lit. Oui, généralement. Mais pas cette fois.

Cette fois, je me retrouve dans un couloir de l'hôpital. À force de les arpenter, je finis par les reconnaître.

Je sais que je n'ai pas le droit d'être ici seul : on me l'a assez répété. Mais j'en ai plus que marre d'être sans arrêt sous surveillance. Et puis, qu'est ce qui pourrait bien m'arriver ? Je ne risque pas de me faire attaquer non plus. Apparemment, c'est pour ne pas fausser l'expérience. Je ne vois pas en quoi le fait de me balader peut poser problème. Ils sont beaucoup trop à cheval sur le règlement ici.

Soudain, alors que j'allais tourner, des éclats de voix se font entendre. Sans réfléchir, je me plaque le plus possible contre le mur. Je perçois aussi des bruits de pas précipités ainsi que le son caractéristique d'un lit à roulettes que l'on pousse. Rarement bon signe.

Tous semblent s'arrêter proche de moi. J'identifie alors les lieux : nous sommes tout près du bureau du directeur. Je n'ai pas beaucoup vu l'homme depuis mon admission. En vérité, à part au moment où je suis rentré, je ne pense pas l'avoir aperçu une seule fois.

- Monsieur, il a besoin d'aide de toute urgence.

- Un rang S ?

- Un rang S.

- Pour quel motif ?

- Tentative de suicide.

- Mettez-le en salle de soins intensifs. Nous allons reprogrammer le traitement en fonction. Assurez-vous qu'il puisse être transféré dans les plus brefs délais.

- Bien monsieur.

Les pas reprennent. Malgré le fait que je fasse tout pour ne pas me faire repérer, je ne peux empêcher mon regard d'être attiré par une touffe de cheveux mauves. Ne me dites pas que...

Je sais que je ne devrais pas. Je sais que je devrais m'éloigner. Je sais que je devrais passer mon chemin. Je sais que j'ai déjà beaucoup de chance de ne pas avoir été aperçu, que je ne devrais pas pousser plus loin. Sauf que cela m'est impossible. Pas tant que je n'en aurai pas le cur net.

Tout en veillant à ne pas être découvert, je suis les personnes qui se rendent jusqu'à une salle isolée. Jamais encore je ne m'étais aventuré dans cette partie du bâtiment.

Un long moment ne s'écoule avant que, enfin l'infirmière ne se décide à sortir.

J'attends encore un moment avant de finalement entrer dans la pièce.

Il n'y a rien de particulier à voir, un grand lit blanc est installé au centre. Son occupant est relié à un électrocardiogramme qui émet un bip régulier.

Légèrement anxieux, je m'approche. Il ne me faut pas longtemps avant que mes craintes ne se confirment : je ne m'étais pas trompé.

En même temps, comment pourrais-je oublier ce visage ? Comment ? Avant d'atterrir ici, je le voyais presque tous les jours.

Ce nouveau patient, c'est Oma Kokichi. Ce garçon aux cheveux indomptables, ce garçon si bizarre, ce garçon fan de panta.

Il a autour du cou une marque rouge. Ils ont parlé d'une tentative de suicide.

Je ne parviens pas à aller au bout de ma pensée que je suis déjà dehors. Je cours à en perdre l'haleine jusqu'à me retrouver à l'extérieur. L'air frais me fait du bien mais ne suffit pas à me calmer.