Chapitre 47

587 60 24
                                    

Point de vue Kokichi

Je n'ai pas fermé les yeux depuis longtemps qu'il est déjà là, cet autre moi.

- Ça, c'était une journée bien remplie, il s'exclame.

Je soupire. J'ai vraiment du mal à me faire à cette facette de moi. Quand je pense qu'à un moment où à autre j'aurais certainement quelques traits de son caractère.

Devant mon silence, il continue sur sa tirade.

- Et puis les revoir encore une fois tous en larmes, ce n'est pas rien. Quand je pense à tout ce chemin parcourut c'est incroyable tu ne trouves pas ? On fait de plus en plus attention à nous. Et tout fini dans un bouquet final.

- Tais-toi, je marmonne.

Je ne veux pas l'entendre continuer à se réjouir ainsi.

- Mais avoue que ce que nous avons accompli aujourd'hui était incroyable.

- Ce n'était pas moi, je m'écrie. Je ne suis pas comme ça.

- Mais je suis toi. Alors tout ce que je fais, tu le fais aussi. Nous ne sommes qu'une seule et même personne après tout.

- Tout ce que je gagne, c'est de me faire détester par tous puis tuer. C'est horrible.

Le mauve en face hausse les épaules.

- C'était un mal nécessaire. On ne peut pas tout avoir dans la vie.

Je fais comme si je ne l'entendais pas.

- Et si on changeait de sujet, il propose en arborant un de ces sourires qui ne m'inspirent pas confiance.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Tu n'aurais pas des sentiments envers un certain détective ?

Je rougis instantanément.

- Pas tes affaires, je marmonne.

- Mais t'es pas gentil, il pleurniche. Moi aussi je veux le détective.

Une chose est sûre, après la journée que je viens de vivre, ma tête va exploser. Et lui ne va clairement pas m'aider.

Point de vue Shuichi

Après qu'il ait fermé la porte, je suis retourné, complètement étourdis dans ma chambre. Non seulement la séance du jour avait été intense, mais la réaction du mauve m'inquiète. J'ai l'impression qu'il est en train de se perdre totalement. Aujourd'hui déjà, il était au plus mal. Mais qu'en sera-t-il de la prochaine fois qui sera pire encore ?

En fait, ce n'est pas tant sa réaction mais au contraire, son inertie qui me fait peur. Il recommence à s'éloigner de tous. Et la dernière fois, ça ne s'est pas bien fini. Absolument pas. Je ne veux pas le perdre à nouveau. Je ne le supporterais pas une seconde fois.

Je regarde fixement l'écran de mon téléphone. J'aimerais lui envoyer un message pour prendre de ses nouvelles mais je ne veux pas qu'il me trouve trop envahissant.

Finalement, ce n'est pas moi, mais lui qui me contacte en premier.

- Saihara, je peux te poser une question ?

- Je t'en prie. Tu peux tout me demander Oma.

- Est-ce que je suis mort parce que les autres me détestaient ?

- Non.

J'espère qu'il ne va pas commencer à se mettre de telles idées dans la tête. C'est vrai qu'il n'était pas apprécié, et plus encore lorsque nous avons découvert ce qu'il avait fait à Gokuhara. Mais jamais nous ne l'aurions tué juste parce que nous ne l'aimions pas.

Un détail me revient en mémoire : l'implication de Harukawa. C'est vrai qu'elle vouait une haine féroce à son égard mais, s'il n'avait pas joué le rôle de l'investigateur, aurait-elle été jusque-là ? Je voudrais pouvoir répondre oui sans hésitation mais je ne peux pas.

- Oma, ta mort était la plus compliquée de toutes. Est-ce que tu veux qu'on se retrouve un peu avant comme aujourd'hui pour que je t'explique en détail ? Ça risque d'être compliqué par message.

- Non. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Gokuhara me dira ce qu'il faut avant comme d'habitude et ça ira. Enfin j'espère.

- D'accord c'est toi qui vois. Si jamais tu changes d'avis, n'hésite pas.

Un petit temps ne passe avant qu'il ne me réponde.

- On n'est pas obligé de parler de ça mais on peut se voir quand même.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine à cette idée.

- Oui bien sûr.

- On peut faire comme aujourd'hui ? Une petite demi-heure plus tôt ?

- Parfait pour moi.

Je redépose mon téléphone sur la petite table basse. Je suis tellement heureux qu'il accepte que l'on passe un peu de temps ensemble. Évidemment, en tant qu'amis. Mais c'est déjà mieux que rien.

Est-ce qu'un jour j'arriverais à me faire pardonner pour ce que je lui ai fait ? Sans doute jamais. Cependant rien ne m'interdis de tenter de changer en bien et de lui faire comprendre. J'espère qu'un jour j'arriverais à devenir quelqu'un d'important pour lui. Peu importe la place, tant que je suis près de lui.

Ça me manque de ne plus pouvoir être aussi proche du mauve. C'est étrange que je me sente autant attaché à lui alors qu'il a complètement changé de caractère. Peut-être que je ne le détestais pas tant que ça.

Point de vue Kokichi

J'ai réussi à lui demander. Ce n'est pas énormément mais pour moi, ça représente beaucoup.

- Tu commences vraiment à m'impressionner, m'accueille mon alter ego.

- J'ai bien le droit de me balader avec un ami.

- Nishishi. Un ami bien sûr. Tu es au courant que tu es incapable de me mentir ? Car...

- Je suis toi et tu es moi c'est ça ? je soupire.

- Exactement. Tu apprends vite. Je devrais m'en féliciter.

Je me laisse tomber sur le lit. Cet autre moi est épuisant. Cette fois nous sommes dans une chambre que je suppose être la mienne durant le traitement. J'ai vraiment été aussi désordonné ?

- Je pense que je vais tout lui avouer, je chuchote.

- Tu vas quoi ? il s'écrie. Mais non, c'est pas marrant sinon.

- Harukawa est déjà au courant de toute façon.

- Ce ne serait pas arrivé si tu savais tenir ta langue, il marmonne comme un enfant.

- Tu l'as dit toi-même; je suis incapable de raconter des mensonges.

- Tant que tu ne dis pas le contraire ce n'est pas un mensonge. J'appellerais ça plutôt cacher une information pour le bien de tous.

- Comme tu t'es caché pendant le jeu ?

Il hausse les épaules dans un geste désinvolte.

- Un mal pour un bien. Mais tu ne veux vraiment pas le laisser dans le flou encore un peu ? Ce serait super drôle : le détective ultime, incapable de résoudre une nouvelle énigme.

- Je dois lui dire, tu as bien vu sa réaction. Imagine s'il ne me fait pas confiance par la suite.

- Tu n'auras qu'à lui rappeler ce qu'il t'a fait et il aura une dette envers toi, il rigole.

Je réprime un frisson. J'ai vraiment du mal avec sa mentalité.

- Je ne suis pas comme ça.

- C'est bon je rigolais. Mais plus sérieusement, il n'est pas dans ce style-là. Il ne t'en voudra pas.

Je le regarde. pour une fois, il a l'air sérieux. Il regarde au loin, perdu dans ses pensées. Est-il en train de se rappeler les moments passés avec lui ? Je me demande quel effet ça fait.

Juste un mensonge✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant