Chapitre 13

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Point de vue Kokichi

Une semaine. Plus qu'une semaine. C'est le temps qu'il me reste à tenir. Dans une semaine, je n'aurai plus à les voir toute la journée. Dans une semaine, je n'aurai plus à raser les murs. Dans une semaine, ils ne pourront plus jouer avec moi. Dans une semaine.

Jamais encore je n'ai souhaité que les vacances arrivent si vite. Bien sûr, comme n'importe quel élève, j'ai hâte d'y être. Pouvoir se lever tard, traîner au lit, ne pas travailler, ... C'est le paradis.

Mais cette fois, plus que d'ordinaire, je les attends avec impatience. Je ne supporte plus leurs regards sur moi. Ces regards si froids.

Encore, s'ils pouvaient se contenter de me regarder de loin, ça m'arrangerait. Ce serait douloureux, mais moins que ma situation actuelle.

Justement j'aperçois du coin de l'il un groupe que je ne connais que trop bien se diriger vers moi alors que je mangeais seul sur un banc. Je baisse la tête dans l'espoir de passer inaperçu mais rien n'y fait. Les cinq personnes s'arrêtent juste en face de moi.

- Qu'est-ce que tu fous là ? C'est nos places alors dégage.

Je sais très bien que ce n'est pas le cas. Mais répondre ne servirait à rien. À rien sinon à leur donner un bon prétexte. Ils n'attendent que ça.

Je m'empresse de ranger mes affaires. Plus vite je pars, plus j'ai de chance de m'en sortir indemne.

Malheureusement, ils n'ont pas l'air de vouloir en rester là. Alors que j'allais m'éloigner, l'un d'entre eux me fait trébucher.

- On ne tient plus sur ses jambes Kokichi ? Me nargue-t-il.

Lui, plus que les autres, semble être contre moi. Il est le chef de cette petite bande, crainte et respectée de tous. Et j'ai eu le malheur, un jour, de renverser mon Panta sur lui. Depuis, il ne me lâche plus. Et toute l'école semble avoir décidé de suivre son exemple, me rendant la vie insupportable. Enfin presque, certains se contentent de regarder la scène de loin sans y prendre part mais sans intervenir non plus. Personne ne veut devenir la nouvelle cible.

Les coups se mettent à pleuvoir. J'ai à peine le temps de me rouler en boule afin de me protéger un minimum. Dans ce genre de situation, je ne peux qu'attendre. Attendre que tout se finisse.

Normalement, un professeur arriverait et les stopperait. Mais pas ici. Ils ne viennent jamais, comme s'ils étaient aveugles.

- Tu vois ça Oma ? Personne ne vient t'aider. Et tu sais pourquoi ? Parce que tu un raté. Et que tu es toujours seul. Mais n'est-ce pas ce pour quoi tu es fait ? Pour être seul ?

Je ne sais pas combien de temps je suis resté ainsi, prostré sur le sol. Tout ce que je peux affirmer, c'est qu'ils sont partis au bout d'un moment. Sans doute en avaient-ils marre.

Je me relève. Chaque mouvement me met au supplice tandis que je me rends à mon casier chercher ma trousse de soin avant de passer par les toilettes.

Je commence par vérifier les anciens bandages. Certains se sont défaits durant l'altercation et quelques plaies se sont rouvertes par la même occasion.

Au final, je peux m'estimer heureux. Parfois, je n'ai pas de simples bleus. Le plus grave que j'aye à déplorer aujourd'hui est mon nez qui saigne. Mais ça, c'est presque devenu une habitude. Je n'y fais plus attention.

Je me passe un peu d'eau sur le visage avant de me redresser. Le reflet que me renvoie le miroir n'est pas glorieux. Je vais encore devoir trouver une excuse pour justifier mes nouvelles blessures à ma mère. Je commence à être à court.

Juste un mensonge✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant