Chapitre 12

935 77 92
                                    

Point de vue Shuichi

Cela fait maintenant un petit moment que Oma et moi travaillons ensemble. Et, aussi étrange que cela puisse paraître, ce n'est pas aussi horrible que j'aurais pu le penser. Bien sûr, le mauve n'arrête pas de m'envoyer sur de fausses pistes ou de se moquer de moi, mais il n'empêche que nous avançons.

Au fur et à mesure, nous avons dégagé plusieurs grandes questions. La plus évidente concerne l'identité du potentiel maître de jeu, bien que je reste septique quant à sa présence parmi nous. Je ne veux suspecter personne, des liens fort se sont créés entre nous au fil de cette aventure. Et puis, je me demande pourquoi il resterait avec nous en sachant qu'il peut se faire tuer à tout moment. Ça n'a pas de sens. Mais alors qui ? Et surtout pourquoi ?

Une autre de nos interrogations concerne la sortie. Si nous avons pu entrer dans cette école, il doit être possible d'en sortir. Sauf qu'aucun d'entre nous n'est en mesure de se rappeler par quel moyen il est arrivé ici.

D'autres détails restent préoccupant mais nous avons décidé de nous centrer sur ces deux là afin d'éviter de trop nous éparpiller.

En ce qui concerne mes deux amis, je me borne à l'essentiel. Je ne veux pas les impliquer dans tout cela. J'ai vu à quel point mes théories pouvaient avoir des conséquences catastrophiques. Je refuse de revivre la même chose qu'avec Akamatsu.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce système ne les arrange absolument pas. Ils ont peur que je me fasse avoir pas le despote. J'ai dû les rassurer en insistant sur le fait que, pour l'instant, nous n'en sommes qu'à des recherches théoriques.

- Et si c'était lui l'instigateur, tu y as pensé ? Avait rétorqué l'astronaute.

Bien sûr que oui. Mais plus j'y réfléchis, moins ça me semble logique. Il est certes un menteur et manipulateur, mais ce n'est pas lui qui tire les ficelles. J'en ai l'intime conviction.

Évidemment, je me suis gardé de le dire tout haut. On me rirait au nez si je n'apportais aucune preuve. Ce qui serait le cas.

Aujourd'hui encore, nous discutons dans la chambre du despote. Chambre qui est la plus bordélique que je n'ai jamais vu. Je me demande vraiment comment il peut faire pour s'y retrouver.

Alors que nous débattions une nouvelle fois pour essayer de rayer une personne de la liste des suspects, le mauve se lève.

- Je vais chercher un truc.

Je fronce les sourcils. Il ne s'était jamais absenté alors que j'étais là.

- Où vas-tu ?

- Nishishi, je vais juste tuer quelqu'un.

Je soupire.

- Évite de te faire remarquer.

- Ça marche. Oh et si tu touches à quoi que ce soit ici, il devient sérieux. Je m'occuperai de toi.

Et sans rien dire de plus, il s'échappe.

Au final, j'ai appris à reconnaître lorsqu'il est sérieux ou nous. En revanche, il m'est toujours impossible de discerner la vérité du mensonge dans sa bouche.

Je décide de me lever et de faire le tour de la chambre. Je n'ai jamais vraiment pris la peine d'observer plus en détail les éléments qu'il avait récolté à chaque meurtre. Tous les éléments importants sont là. Aucun procès n'a été oublié.

Un objet coloré attire alors mon regard.

Je me fige. Il s'agit du monopad contenant les vidéos mobiles. Je me demande bien qui il avait. Ce n'est certainement pas moi, sans quoi il aurait fait allusion à un passé dont j'ignore l'existence durant nos entrevues. Alors de qui peut-il bien s'agir ?

Soudain, sans prévenir, elle s'alluma laissant entendre le rire de Monokuma.

Point de vue Kokichi

J'en ai marre. Rien n'avance. Tous les arguments qu'il avance sont fondés sur la camaraderie. Jamais on ne va s'en sortir comme ça. J'ai dû partir un instant afin de me changer les idées. J'allais laisser tomber ce masque sinon. Et il est hors de question qu'il s'aperçoive de quoique ce soit. J'ai une réputation à tenir.

La bonne nouvelle au moins, c'est que je n'ai absolument plus peur du détective comme auparavant. Je me demande vraiment ce qui m'arrivait. Peut-être un manque de sommeil lié à une trop forte pression ? Et un peu de tristesse aussi.

Tristesse ? Pourquoi est-ce que je me sentirais triste ? Triste de ne pas avancer ? Pourtant j'ai justement fait des pas de géants dernièrement. Surtout avec le dernier procès. Alors de quoi s'agit-il ?

Il m'a fallu un moment avant de retrouver mon calme. Je voulais être sûr d'avoir repris mes esprits avant de réenfiler ce masque. Ce masque qui me colle à la peau au point qu'il m'arrive presque de dormir avec.

Je me retrouve devant ma porte et, avant de faire quoi que ce soit, je m'autorise à respirer un grand coup. Il n'y en a plus pour très longtemps.

- Salut Saihara, je dis en entrant d'un pas énergique. Je ne t'ai pas trop manqué j'espère.

Celui-ci sursaute en m'entendant.

- Ah Oma... Non ne t'inquiète pas.

Eh bien, on dirait que ce cher Saihara a quelque chose à se reprocher. En temps normal, il n'aurait pas vraiment pris la peine de répondre. Ou en tout cas, pas de cette manière.

- Nishishi, qu'est-ce que tu me caches ?

- Que... Rien.

- Ah la la tu ne sais vraiment pas mentir.

- Non je t'assure.

Je fouille la pièce du regard. Qu'a-t-il bien pu faire pour avoir l'air aussi mal à l'aise ?

- Tu sais Saihara, si tu ne me réponds pas je peux utiliser d'autres méthodes. Après tout, je suis le chef d'un groupe de plus de 10 000 hommes.

- Oui c'est vrai... 10 000... Ce... Ça devait être compliqué à gérer.

- Tu n'imagines pas. Ce n'était pas toujours marrant. Parfois même, je prends un air démoniaque, on devait s'occuper de mafia entières. Et ce n'était pas beau à voir.

- Je... J'imagine...

Il n'a pas l'air de me croire. Étrange. Pourtant il n'a jamais eu aucun doute là-dessus depuis le début. A moins que...

- Tu n'as touché à rien en mon absence, pas vrai Saihara.

- Non... Rien...

Pourtant, des yeux, il m'indique clairement que si. Il me montre d'ailleurs ce qu'il a eu l'audace d'approcher.

- Dégage, je dis.

- Oma je te jure que...

- Dégage.

Ma voix est froide, dure.

- Je ne voulais pas le... La vidéo c'est mis en route toute seule.

- Je t'interdis de m'adresser la parole. Sors de ma chambre. Et ne reviens jamais tu m'entends.

Je n'ai pas besoin de tes excuses à la noix. Quand je pense que pendant un instant je me suis dit que je pouvais t'accorder une relative confiance.

Le bleu sort, la tête basse.

À peine a-t-il refermé la porte que je m'écroule sur mon lit. Jamais je n'aurais cru ça possible de sa part. En même temps, c'est un détective. Je devais me douter qu'à un moment ou à un autre, il irait fouiller.

J'aurais dû m'en tenir à mon plan de base, en solitaire. Je n'aurais pas eu tous ces problèmes. Qui sait à quel point je vais devoir retravailler mon plan ? Comme si je n'avais que ça à faire.

Mais par-dessus tout, j'ai une profonde sensation de trahison, de douleur. Parce que oui, je croyais un minimum en lui.

Mais pire encore, ce que je prenais à la rigolade auparavant, était réel. Il semblerait que j'avais vraiment des sentiments pour le détective. Et c'est bien la dernière chose dont j'ai besoin pour l'instant. Ça n'amène que des ennuis. Surtout avec ce qui va suivre.

Juste un mensonge✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant