Chapitre 22

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Point de vue Shuichi

- Embrasse-moi.

Le mauve a parlé tellement bas que je ne l'ai presque pas entendu.

- Je voudrais bien, je murmure, mais tu me tourne le dos.

- Tout compte fait, j'ai changé d'avis, il s'écrie presque. Appelle moi simplement Kokichi jusqu'à ce qu'on sorte d'ici.

- D'accord alors... Kokichi... Action ou vérité ?

Son nom danse sur ma langue. Ça me fait bizarre de le nommer ainsi. Mais en même temps, j'en suis heureux.

- Vérité. Je suis fatigué de tout le temps bouger.

- Est-ce que tu aimes vraiment cette tuerie ?

Je le sens se crisper légèrement. Très légèrement. Si légèrement que je croirais presque l'avoir rêvé. Ce qui est sûr, c'est que je n'aurais pas perçu cette infime réaction si je ne l'avais pas serré contre moi et été à l'affût.

- Tu sais quoi ? Ce jeu commence à m'ennuyer. Si on faisait autre chose.

Rapidement, et malheureusement pour moi, le mauve se lève d'un bond et s'éloigne. Je me mets à mon tour debout.

- D'accord... Alors quoi ?

Il prend un air de conspirateur.

- Et si on regardait ce que Iruma a laissé derrière elle ? Je suis sûr qu'il y a plein de gadgets.

Et sans m'attendre, il commence à fouiller, me tournant le dos par la même occasion.

- Je ne pense pas que...

- Il n'y a que des pièces détachées ici. C'est nul.

Le despote se met alors à chercher dans tous les endroits possibles et imaginables de la pièce tandis que je reste sur place.

- Dis Saihara, ça ne t'intéresse pas ?

- Non, pas vraiment.

Un temps passe avant que je ne reprenne la parole.

- Et si je dois t'appeler Kokichi, tu pourrais m'appeler Shuichi.

Le plus petit marque un temps d'arrêt.

- Je pourrais... Tu n'aurais pas peur de devenir trop intime avec moi, Shuichi, il ricane.

- C'est juste que, je marmonne, c'est bizarre si tu continues à utiliser mon nom de famille et pas moi...

Je me sens rougir. Génial, il ne manquait plus que ça. Je me cache tant bien que mal derrière ma main.

En vérité, je me rends compte d'une chose : oui, j'aimerais être bien plus proche de Kokichi que je ne le suis en cet instant précis.

Point de vue Kokichi

Je fais le malin mais, en réalité, je n'en mène pas large. Je sais très bien que je joue à un jeu dangereux, très dangereux. Et que cela pourrait facilement se retourner contre moi. Alors pourquoi est-ce que je continue sur cette voie ?

Oui, et pourquoi est-ce que à chaque fois que je tente de m'éloigner, il arrive à se rapprocher de moi et à faire repartir mon cur ? Je déteste cette sensation horrible de ne rien contrôler, je déteste cet endroit dans lequel nous sommes coincés tous les deux, je déteste cette manière qu'il a de toujours vouloir m'analyser... Mais lui, je n'arrive pas à le détester. Et ce, malgré tous mes efforts. Ce serait pourtant tellement plus simple. Mais non, il a fallu que je sois complètement stupide et que je tombe amoureux de ce foutu détective. Je ne peux pas juste une fois dans ma vie décider à la place de cet organe inutile ? Non ? Je suis condamné à l'écouter jusqu'à la fin de mes jours ?

- Dis Kokichi, tu le pensais vraiment ? il finit par demander.

- Quoi ?

- Que on pourrait... Être plus que de simples amis.

Je peux sentir qu'il est juste derrière mon dos. Je me retourne en affichant mon éternel sourire en coin, un doigt sur la bouche.

- Nishishi, j'ai dit ça moi ? Je ne m'en souviens pas.

Le bleu pousse un soupir. En même temps, je ne peux pas lui avouer que je ne rêve que de ça. Hors de question.

- Le mot ami ne veux rien dire de toute façon, je continue. Tu peux mettre ce que tu veux derrière.

- Alors, qu'est-ce que tu voudrais qu'on soit ?

Je fais mine de réfléchir. Pourtant, ma réponse, ma vraie réponse, est on ne peut plus claire.

- Je ne sais pas. Et toi ? On dirait que tu t'attaches à moi Shuichi.

Le bleu ne met pas longtemps avant de virer écarlate.

- Je... Heu...

- Tu as perdu ta langue ? Tu veux tester la langue des signes ? Je te préviens je n'y comprends jamais rien. Ou peut-être que si, qui sait.

- Tu crois que c'est possible de tomber amoureux dans un endroit comme celui-ci ?

Je me fige presque.

- Peut-être. Mais ce serait complètement stupide : on risque tous de mourir à un moment ou à un autre, tué par un de nos prétendus camarades.

Il me prend doucement la main.

- Selon certaines personnes, je suis quelqu'un de stupide. Et puis, je n'arrête pas de ne pas tenir compte des avertissements qu'on me donne.

J'ai le souffle court. Est-il vraiment en train de me dire ce que je pense ? Est-ce possible ?

Il se rapproche un peu plus de moi.

- Le gage que tu m'as donné tout à l'heure... Est-ce que je pourrais le faire ?

Je hoche doucement la tête quand bien même tout mon être me crie de fuir.

Alors, tout doucement, il pose ses lèvres sur les miennes.

Point de vue Kaito

- J'ai reçu ça aussi, annonce Ki-bo en me tendant un petit appareil. Il va nous permettre de rester en lien avec le centre. C'est une mesure de précaution pour éviter de se retrouver dans une situation comme celle de Gokuhara.

Je hoche la tête et me saisis de l'oreillette.

- Grâce à ça, ils pourront nous contacter à tout moment. Pour attirer leur attention, il suffira de tapoter dessus, continue le robot.

À cet instant précis, une alarme retentit dans la pièce. Je tourne aussitôt mon regard vers les écrans et manque de hurler. Shuichi et Oma sont tous les deux dans une même pièce, assis par terre, et ils s'embrassent.

Je me lève d'un bond.

- Il faut y aller, je crie presque.

Les deux autres acquiescent.

- Nous n'avons plus de temps à perdre.

Sans plus attendre, je cours à l'extérieur. Une voix retentit dans mon oreille. C'est Shirogane.

- C'est Oma qui a pris l'initiative. Pour l'instant, rien de grave n'est encore arrivé et il se porte bien, mais dépêche-toi.

Il n'en faut pas plus pour que j'accélère le pas. J'arrive devant le laboratoire et ouvre la porte à la volée mais je comprends bien vite que j'arrive trop tard : le détective et le despote sont bien trop proche. J'entends à peine la bleue tenter de me donner des instructions. Je suis trop focalisé sur le pire couple possible. Pourquoi de toutes les personnes ici a-t-il fallu que cela tombe sur ces deux là ?

Le mauve se rend compte à ce moment-là de ma présence et repousse presque gentiment le bleu.

- Momota. Ça pour une bonne surprise. Tu nous sauve la vie. On était bloqué tu imagines ?

Il semble presque... Fidèle à lui-même. Comme si rien ne venait de se produire à moins que... Qu'il ne mente encore ?

- C'est pas tout ça, mais je dois y aller moi. A plus vous deux.

Et sans plus attendre, il me dépasse et sort dans la nuit noire. Lorsqu'il arrive à ma hauteur, je peux l'entendre marmonner.

- Je ne suis qu'un idiot.

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